Le Parlement européen alerte sur la hausse de cas de répression transnationale
Le Parlement européen a soutenu un appel invitant l’Union européenne à s’attaquer à la hausse des cas de répression transnationale sur son territoire - une tactique utilisée par les régimes autoritaires pour réduire au silence les dissidents de leur diaspora ou les exilés.
Cette répression prend des formes multiples telles que des campagnes de diffamation, des menaces numériques, des rapatriements forcés ou des assassinats. En 2021, le journaliste bélarusse Roman Protasevich a ainsi été arrêté par le régime de Minsk, en détournant l'avion dans lequel il se trouvait. Il ne s'agit pas d'un cas isolé.
"Depuis la fin de la guerre froide, davantage de personnes ont pu quitter des États répressifs et s'installer ailleurs. Nous disposons également de technologies de télécommunication qui nous permettent de rester en contact, mais qui permettent également aux gouvernements autoritaires de suivre les personnes lorsqu'elles se déplacent à l'étranger. Nous avons donc assisté à une augmentation du nombre d'États autoritaires qui tentent de suivre, de réduire au silence, de surveiller et de harceler les dissidents à l'étranger, y compris aux États-Unis, au Canada et dans toute l'Europe" explique Yana Gorokhovskaia, directrice de recherche pour la stratégie et la conception à l'ONG Freedom House.
Les députés européens appellent Bruxelles à codifier la répression transnationale dans sa législation afin de mieux protéger les personnes visées. Ils demandent également à tous les Etats membres d'interdire l'exportation de logiciels espions vers des régimes autoritaires.
"Nous proposons également de mieux lutter contre les logiciels espions. Aujourd'hui, ces logiciels espions participent au harcèlement dans le cadre de la répression transnationale. C'est quelque chose que l'on peut avoir sur son téléphone, sur son ordinateur, sans même le savoir. Et aujourd'hui, vous avez par exemple de nombreux dissidents russes qui sont espionnés via ces logiciels" affirme Chloé Ridel, eurodéputée française du groupe S&D et rapporteure.
Une cinquantaine de pays se sont livrés à des actes de répression transnationale au cours de la dernière décennie, avec plus de 1 200 incidents physiques dans 100 pays cibles, selon le dernier rapport de l'ONG Freedom House. 10 régimes représentent près de 80 % de tous les cas d'abus, avec en tête la Chine, la Turquie, le Tadjikistan et la Russie.