L'UE votre en faveur de la rétrogradation du statut de protection des loups
Les pays de l'Union européenne ont unanimement voté en faveur de la la rétrogradation du statut de protection des loups de "strictement protégé" à "protégé", ce qui a suscité une vague d'indignation de la part des défenseurs de l'environnement,
Les 27, unanimement en faveur de la modification de la convention de Berne
En décembre dernier, la Commission européenne a proposé de modifier la convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe, estimant qu'il s'agissait d'un préalable nécessaire à la modification de la législation communautaire en matière de protection de la nature.
L'UE a voté en bloc, apportant 27 voix à sa propre proposition. Pour qu'elle soit adoptée, il faut qu'au moins sept autres parties à la convention votent en sa faveur, afin d'atteindre les deux tiers requis.
Seuls cinq pays - la Bosnie-Herzégovine, Monaco, le Monténégro et le Royaume-Uni - ont voté contre, tandis que la Tunisie et la Turquie se sont abstenues.
La décision finale sera publiée le vendredi 6 décembre prochain.
Une proposition portée par la Commission européenne
Selon l'exécutif européen, cette mesure apporterait "une plus grande flexibilité dans la gestion des populations de loups". Jessika Roswall, commissaire à l'environnement nouvellement nommée soutient que "l'augmentation constante des populations de loups et le risque que cela représente justifient l'adaptation du statut de protection juridique du loup".
Ursula von der Leyen, qui a personnellement perdu un poney à la suite d'une attaque de loup en 2022 a qualifié le vote de "nouvelle importante pour nos communautés rurales et nos agriculteurs".
Les écologiques pointent une mesure irresponsable
Des voix se sont élevées du coté gauche de l'hémicycle européen et parmi les associations de défense animale pour dénoncer une mesure irresponsable.
Selon l'accord international ratifié par 50 pays dont l'Islande, l'Azerbaïdjan et la Tunisie, une espèce strictement protégée ne peut être être délibérément tuée, capturée, gardée ou perturbée.
Pour l'eurodéputé vert Thomas Waitz, l'exécutif de l'UE a cédé à la pression du Parti populaire européen (PPE) de centre-droit dont les membres "alimentent de manière irresponsable la colère et les peurs".
"La décision de l'UE d'abaisser les protections juridiques des loups crée un dangereux précédent pour d'autres espèces européennes, telles que les ours et les lynx", a quant à elle déploré Joanna Swabe, responsable des affaires publiques à Humane Society International/Europe.
"Au lieu de cela, les décisions concernant les loups ont clairement été motivées par l'opportunisme politique et n'ont réussi qu'à apaiser des groupes d'intérêt bruyants, tels que les chasseurs, qui préfèrent avoir recours aux fusils plutôt que de rechercher la coexistence avec les grands carnivores", a t-elle poursuivi.
Pour Léa Badoz, de l'Eurogroup for Animals, le loup est devenu un "pion politique" à Bruxelles, où l'équilibre des pouvoirs politiques s'est déplacé vers la droite. "Le déclassement de la protection ne résoudra pas les problèmes de coexistence et n'aidera pas les agriculteurs", a-t-elle déclaré.
Le vote d'aujourd'hui marque un revirement de la position de l'UE qui, en 2022, avait rejeté une proposition de la Suisse visant à rétrograder le même statut de protection - une proposition qui n'avait alors recueilli le soutien que de l'Azerbaïdjan, du Belarus, de la Géorgie, du Liechtenstein et de la Turquie.
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