L'UE continue de revendiquer sa place à la table des négociations pour la paix en Ukraine
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Après une série de rencontres diplomatiques, la place de l'Europe à la table des négociations pour mettre fin à la guerre en l'Ukraine reste entourée d'une profonde incertitude.
Lors de leur entretien respectif avec Keith Kellogg, envoyé spécial des États-Unis pour l'Ukraine et la Russie, Ursula von der Leyen et António Costa ont exprimé leur volonté de participer activement aux négociations menées par Washington sous l'impulsion de Donald Trump. Toutefois, aucun engagement ferme ne leur a été donné.
L'UE réitère sa volonté de travailler "aux cotés des États-Unis"
Ursula von der Leyen a insisté sur le fait que l'UE était disposée à "travailler aux côtés des États-Unis pour mettre fin à l'effusion de sang et contribuer à l'instauration d'une paix juste et durable que l'Ukraine et son peuple méritent à juste titre".
La présidente de la Commission européenne a rappelé que toute résolution devait respecter l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
En outre, Ursula von der Leyen a déclaré que l'Union européenne était "prête" à renforcer son soutien financier et militaire à l'Ukraine, répondant à une demande récurrente de l'administration Trump. Les derniers chiffres de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale confirment que le soutien collectif de l'Europe (132 milliards d'euros) a dépassé celui de l'Amérique (114 milliards d'euros).
Le Conseil européen partage cette position. Son président, António Costa a rappelé que "la paix ne peut pas être un simple cessez-le-feu", à l'image de plusieurs dirigeants européens qui redoutent qu'un accord précipité ne permette à la Russie de se réarmer en vue d'un nouveau conflit.
"L'Ukraine peut compter sur l'Europe. Nous sommes prêts à continuer à travailler de manière constructive avec les États-Unis pour garantir la paix et la sécurité", a déclaré António Costa sur les médias sociaux.
Le bureau de Keith Kellogg a de son coté qualifié sa rencontre avec le dirigeant européen de "grandes discussions".
Les dirigeants européens réunis en urgence à Paris
L'appel téléphonique récent entre Donald Trump et Vladimir Poutine, mené sans consultation des alliés, a pris de court les capitales européennes et mis en lumière leur marginalisation croissante dans le processus diplomatique.
À la veille de la rencontre entre les dirigeants européens et Keith Kellogg, un sommet informel pour la sécurité organisé a été organisé en urgence à Paris, réunissant une dizaine de pays de l'UE.
Les dirigeants européens ont convenu d'accroître leur soutien financier et militaire à l'Ukraine, mais n'ont pas réussi à trouver un terrain d'entente sur de nouvelles garanties de sécurité, notamment sur une éventuelle mission de maintien de la paix.
Emmanuel Macron s'est entretenu avec Donald Trump avant et après le sommet.
Le dirigeant français a également eu un échange avec Volodymyr Zelensky, qui a averti à plusieurs reprises que son pays n'accepterait pas un accord conclu dans son dos.
"Les garanties de sécurité doivent être solides et fiables", a déclaré le président ukrainien."Toute autre décision sans de telles garanties - comme un cessez-le-feu fragile - ne servirait que de nouvelle tromperie de la part de la Russie et de prélude à une nouvelle guerre russe contre l'Ukraine ou d'autres nations européennes."
Keith Kellogg a aggravé le sentiment de panique en déclarant que l'Europe serait consultée tout au long du processus, mais qu'elle serait finalement exclue de la table des négociations.
"Ce que nous ne voulons pas faire, c'est entrer dans une discussion de grand groupe", a déclaré le général à la retraite la semaine dernière lors de la conférence de Munich sur la sécurité.
Keith Kellogg a expliqué que le processus de paix suivrait une approche "à double voie" : d'une part, les États-Unis discuteront avec la Russie et, d'autre part, avec l'Ukraine et les alliés démocratiques qui soutiennent ce pays déchiré par la guerre.
Un rapprochement américano-russe en Arabie saoudite
Le premier cycle de discussions américano-russes s'est tenu mardi en Arabie saoudite entre Marco Rubio et son homologue russe, Sergueï Lavrov. Les deux parties ont convenu de nommer des équipes spécialisées pour poursuivre les négociations.
Le Kremlin a déclaré que la rencontre avait été une "conversation sérieuse sur toutes les questions", mais qu'il était "difficile" d'évaluer si les positions étaient "convergentes".
Le secrétaire d'État Rubio a déclaré qu'il s'agissait de la "première étape d'un voyage long et difficile" et que d'autres réunions suivraient. "L'objectif est de mettre fin à ce conflit d'une manière équitable, durable et acceptable pour toutes les parties concernées", a déclaré le responsable politique américain.
Le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a en outre déclaré que l'UE serait invitée aux négociations, mais pour discuter de la levée des sanctions imposées à Moscou. Une perspective en contradiction avec la politique européenne, qui s'attache à maintenir une pression économique sur la Russie en réaction à son agression contre l'Ukraine.
Bruxelles a récemment instauré un prêt innovant à Kyiv, garanti par les avoirs russes gelés. Une levée de ces sanctions ferait tomber ce mécanisme et transférerait la charge financière aux capitales européennes.
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