La Commission européenne met de côté le Pacte vert dans sa nouvelle vision de l'agroalimentaire
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La nouvelle approche de la politique agroalimentaire de l'UE présentée mercredi (19 février) par la Commission européenne se concentre sur la simplification des réglementations et sur le rétablissement de l'attrait de la profession d'agriculteur, plutôt que sur le renforcement des normes environnementales.
Avec ce changement, la Commission s'éloigne de la stratégie controversée "De la ferme à la fourchette", qui constituait le volet agroalimentaire de la politique phare du mandat précédent, le Pacte vert européen.
Bien qu'ambitieuse, la stratégie "De la ferme à la fourchette" fixait des objectifs de réduction difficiles à mettre en œuvre, tels que la réduction de moitié de l'utilisation des pesticides d'ici à 2030. "La méthode de travail a clairement changé pour atteindre les réductions nécessaires d'une manière différente", a expliqué le commissaire européen en charge de l'Agriculture, Christophe Hansen, lors d'une conférence de presse présentant la nouvelle vision de l'institution.
La décision de s'éloigner de la politique précédente fait suite aux critiques des agriculteurs, qui estimaient que la stratégie renforçait la polarisation au sein du secteur.
La nouvelle stratégie vise plutôt à revitaliser l'agriculture, en veillant à ce qu'elle reste compétitive et capable de fournir des moyens de subsistance équitables aux agriculteurs. "Nous avons besoin d'une approche qui récompense les agriculteurs plutôt que de leur mettre trop de pression", a insisté Christophe Hansen.
Le dernier mot à la mode de la Commission est au cœur de cette nouvelle approche : la simplification. Les efforts commenceront par la rationalisation de la mise en œuvre de la Politique agricole commune (PAC), le programme de subventions agricoles de l'UE qui représente actuellement près d'un tiers du budget total de l'UE.
Au revoir le Pacte vert
Si les considérations environnementales restent présentes dans la feuille de route de la Commission, elles ne sont plus au centre des préoccupations comme c'était le cas dans le plan "De la ferme à la fourchette". En particulier, les éléments les plus ambitieux de la stratégie précédente, à savoir la révision du cadre européen sur les pesticides, ont été officiellement abandonnés.
"Il n'y a aucune intention de faire quoi que ce soit de spécifique sur l'utilisation durable [de la directive sur les pesticides] ici", a expliqué un fonctionnaire de l'UE.
De même, d'autres projets controversés d'étiquetage nutritionnel obligatoire sur les emballages, tels que le système NutriScore à code couleur, ont été abandonnés au profit d'étiquettes indiquant l'origine du produit et les normes de bien-être animal.
Peu de choses sur la nouvelle PAC
Malgré le changement de politique, la nouvelle vision ne propose pas grand-chose sur la réforme de la PAC, si ce n'est la réitération de propositions plus anciennes et non réalisées, telles que la dégressivité et le plafonnement.
Ces mesures visent à rendre la distribution des subventions plus équitable en allouant davantage de fonds aux petits agriculteurs et en réduisant les paiements aux grandes entreprises agricoles.
Le système des paiements directs, qui représente environ 75 % du financement de la PAC, est depuis longtemps critiqué parce qu'il profite de manière disproportionnée aux grandes exploitations. Toutefois, aucun changement concret n'est prévu dans la stratégie de la Commission.
L'autonomie stratégique de l'Europe fait l'objet d'une position plus ferme, l'accent étant mis sur la priorité à donner à la production de biens agricoles essentiels pour renforcer la souveraineté alimentaire.
La nouvelle PAC soutiendra davantage les agriculteurs qui contribuent activement à la sécurité alimentaire, une position défendue par le Parti populaire européen (PPE), auquel appartiennent le commissaire à l'Agriculture et la présidente de la Commission.
Le revenu des agriculteurs : une priorité
La garantie d'un niveau de vie équitable pour les agriculteurs est un autre élément clé de la stratégie. De nombreux membres du secteur agricole européen sont confrontés à l'incertitude financière et à un risque élevé de pauvreté, souligne la Commission dans le document.
Pour y remédier, l'exécutif européen prévoit d'introduire une stratégie de renouvellement des générations dans le courant de l'année, afin d'améliorer l'accès des jeunes agriculteurs à la terre, au capital et aux compétences.
En outre, les efforts se poursuivront pour renforcer la position des agriculteurs dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire, où ils luttent souvent contre des détaillants puissants. La réforme des pratiques commerciales déloyales comprendra des mesures ambitieuses visant à empêcher les agriculteurs d'être contraints de vendre à perte.
Commerce
En matière de commerce, la vision maintient une approche équilibrée, soulignant la nécessité de diversifier les marchés, d'élargir les possibilités d'exportation et de réduire la dépendance à l'égard de certains fournisseurs.
La Commission fera pression pour un alignement plus strict des normes de production sur les biens importés, notamment en ce qui concerne l'utilisation des pesticides et le bien-être des animaux.
Le principe directeur est que les pesticides dangereux interdits dans l'UE pour des raisons de santé et d'environnement ne doivent pas être réintroduits sur le marché par le biais de produits importés.
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