Fact checking : y a-t-il du vrai dans les affirmations de Trump sur l'Ukraine ?
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Le président américain Donald Trump a provoqué un tollé cette semaine après avoir fait une série d'allégations sur la guerre de la Russie en Ukraine et sur le gouvernement de Kiyv.
Il a notamment qualifié son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky de "dictateur" sur sa plateforme Truth Social, ainsi que lors d'une conférence de presse tenue dans sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride, mercredi.
Les dirigeants européens ont réagi avec indignation aux affirmations du président américain, tandis que Zelensky lui-même a accusé le locataire de la Maison-Blanche de vivre "dans un espace de désinformation" créé par la Russie, ce qui représente un changement radical dans les relations par rapport à l'ancien président américain Joe Biden et à son administration.
Euroverify a examiné les faits qui se cachent derrière les principales déclarations de Trump, qui ont jeté des doutes sur le soutien continu de Washington à l'Ukraine.
Non, Zelensky n'est pas un "dictateur" avec un "taux de soutien de 4 %"
Lors de la conférence de presse de mercredi, M. Trump a affirmé qu'il y avait "essentiellement la loi martiale en Ukraine", ajoutant que Zelensky avait "un taux d'approbation de 4 %".
Ce chiffre - qui n'apparaît dans aucun sondage - est complètement farfelu, car les recherches montrent que le taux d'approbation de Volodymyr Zelensky a toujours été supérieur à 50 %, en dépit de toutes les privations et souffrances de la population en temps de guerre.
Zelensky a été élu lors d'élections démocratiques tenues en mai 2019, recueillant 73 % des voix au second tour. Quatre ans plus tard, lorsque la Russie a lancé son invasion à grande échelle de l'Ukraine en février 2022, la loi martiale a empêché la tenue d'élections conformément à la constitution du pays.
Le leader ukrainien a déclaré à plusieurs reprises que les élections se tiendraient après la guerre, ses principaux rivaux rejetant également les appels à un vote en temps de guerre comme intempestifs.
Selon un sondage national de KIIS publié en février 2022, 57 % des Ukrainiens font confiance à Zelensky, contre 52 % en décembre. Dans un autre sondage, sa cote d'approbation en Ukraine a été estimée à 63 %.
Par ailleurs, 74 % des Ukrainiens qualifient Zelensky comme un patriote, 73 % comme un dirigeant intelligent et compétent et 65 % comme une figure forte qui a guidé le pays à travers la guerre.
"La diffusion d'informations erronées sur la légitimité de Volodymyr Zelensky contribue directement à la propagande du Kremlin et sape le droit du peuple ukrainien à déterminer son propre avenir", a déclaré Olga Onuch, professeur de politique comparée et ukrainienne à l'université de Manchester.
Non, les États-Unis ne soutiennent pas davantage l'Ukraine que l'UE
Dans un message partagé sur sa plateforme Truth Social mercredi, M. Trump a affirmé que les États-Unis avaient donné "350 milliards de dollars"** (334 milliards d'euros) à l'Ukraine. Il a également affirmé que les États-Unis avaient dépensé "200 milliards de dollars (191,1 milliards d'euros) de plus que l'Europe" pour soutenir l'Ukraine.
Bien qu'il existe différentes statistiques et différentes manières de mesurer le soutien apporté à l'Ukraine, les États-Unis ont donné moins que ce qu'affirme M. Trump et n'ont pas dépassé l'Europe.
Selon l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, le soutien de l'UE et des États individuels s'élève à environ 132,3 milliards d'euros, contre 114,2 milliards d'euros pour les États-Unis.
Les contributions les plus importantes en pourcentage du PIB ont été faites par l'Estonie et le Danemark, qui ont engagé plus de 2 % de leur PIB d'avant-guerre pour soutenir directement l'Ukraine.
Dans le même post sur Truth Social, Trump a également accusé le président ukrainien de corruption, en écrivant : "Zelensky admet que la moitié de l'argent que nous lui avons envoyé est "manquante".
Dans une interview accordée à l'Associated Press au début du mois, le président ukrainien a déclaré que, bien que l'on parle d'un soutien américain de plus de 191 milliards d'euros, l'Ukraine n'avait reçu qu'environ 72,5 milliards d'euros de la part des États-Unis, principalement sous la forme d'armes.
Selon Zelensky, il ne savait pas où était passé tout cet argent supplémentaire, tout en ajoutant que le chiffre total pouvait être correct "sur le papier".
Zelensky aurait souligné qu'une grande partie de l'aide américaine allouée à l'Ukraine n'est pas remise sous forme d'argent au gouvernement.
En effet, une grande partie de l'aide militaire américaine envoyée à l'Ukraine est consacrée à l'achat d'armes produites dans des usines américaines, ainsi qu'au paiement des membres des forces armées américaines.
Et oui, la Russie déploie d'importantes ressources militaires en Ukraine
Lors de la conférence de presse de mercredi, M. Trump a affirmé que "la Russie n'a pas l'intention de détruire Kyiv, si elle l'avait voulu, elle l'aurait fait. La Russie est capable d'anéantir les villes ukrainiennes à 100 %, y compris Kyiv, mais pour l'instant, elle n'attaque qu'à 20 %."
La plupart des données suggèrent que la Russie a investi une part importante de sa puissance militaire dans son invasion de l'Ukraine.
Selon les estimations de l'agence de renseignement ukrainienne HUR MOU, environ 580 000 soldats russes sont sur le terrain, et Moscou aurait dépensé environ 200 milliards d'euros pour ses efforts de guerre.
Les sanctions occidentales ont également eu un impact sur la capacité de la Russie à fabriquer des armes, et des rapports indiquent que ses stocks d'armes ont diminué.
Le Kremlin a utilisé des drones et des missiles en provenance d'Iran, ainsi que des troupes et des missiles nord-coréens pour reconstituer ses forces militaires.
Selon certaines estimations, l'énergie et le temps investis par la Russie dans sa guerre en Ukraine lui ont fait perdre de l'influence dans d'autres régions du monde, comme en Syrie, où Bachar al-Assad, allié du Kremlin, a été renversé en décembre.
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