L'Ukraine n'est pas prête à rejoindre l'OTAN ou l'UE, déclare Juncker

Dans une interview accordée à Euronews pour The Europe Conversation, il a également déclaré que l'Ukraine devrait bénéficier d'une adhésion limitée à l'UE.

Juncker a averti que l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN pourrait déclencher l'Article 5 — la clause de l'OTAN affirmant la défense collective, ce qui pourrait conduire à une confrontation directe entre l'alliance et la Russie. Il a souligné que tant que l'Ukraine est en guerre et sous attaque, elle ne peut pas devenir membre de l'OTAN.

"Tant que l'Ukraine est sous attaque et en guerre, l'Ukraine ne peut pas devenir membre de l'OTAN", a déclaré Juncker à The Europe Conversation.

Ayant été président de 2014 à 2019, Juncker a également réfléchi à l'admiration de longue date du président américain Donald Trump pour la Russie et son président, Vladimir Poutine. Il n'a pas été surpris par la position des États-Unis, qui semblait s'aligner davantage avec le Kremlin qu'avec les alliés européens traditionnels.

"Je sais, ayant rencontré le président Trump tant de fois, qu'il a des sentiments amicaux envers la Russie et le président Poutine", a déclaré Juncker. "Par exemple, lors des réunions du G7, Trump a plaidé pour l'adhésion de la Russie, suggérant que nous transformions le G7 en G8."

Juncker a également critiqué la rhétorique de Trump sur la guerre en Ukraine, en particulier ses affirmations répétées selon lesquelles l'adhésion à l'OTAN était un facteur central dans l'invasion. La semaine dernière, Trump a réitéré sa position selon laquelle l'Ukraine ne devrait pas rejoindre l'OTAN, disant : "L'OTAN, vous pouvez l'oublier - c'est probablement la raison principale pour laquelle cela a commencé", faisant référence à l'adhésion potentielle de l'Ukraine comme garantie de sécurité.

Juncker a réfuté l'affirmation de Trump, déclarant qu'il n'y avait jamais eu d'accord avec la Russie pour arrêter l'expansion de l'OTAN. Tout en reconnaissant que l'Occident avait commis des erreurs dans ses relations avec la Russie, il a fermement déclaré que cela ne justifiait pas l'invasion d'une nation souveraine.

"Non, je ne pense pas que ce soit le cas. Tout d'abord, nous n'avons jamais promis à la Russie que nous nous abstiendrions d'élargir l'OTAN en Europe de l'Est et en Europe centrale", a déclaré Juncker. "Ce n'était jamais une promesse, jamais énoncée, jamais écrite. Deuxièmement, bien que l'Occident ait commis certaines erreurs dans ses relations avec la Russie, il n'y a jamais eu de raison valable de recourir à la guerre. Il est facile de commencer une guerre, mais il est incroyablement difficile d'en arrêter une."

Juncker a également noté que si l'Occident devait se concentrer sur ce qui aurait pu être fait différemment, Poutine et l'opinion publique russe pourraient interpréter cela comme une justification des actions de la Russie en Ukraine.

"Je ne pense pas que l'Ukraine puisse accepter un accord sans garanties de sécurité", a déclaré Juncker. "Ils ont un fort besoin de telles garanties, et il n'y aura pas de règlement sans l'accord de l'Ukraine."

Il a poursuivi en disant que, bien qu'il ait eu de bonnes relations avec Poutine et qu'il n'ait pas prévu l'invasion à grande échelle de l'Ukraine, l'UE doit maintenir une certaine forme de relations avec la Russie à long terme.

"J'ai perdu confiance en Poutine et en la Russie, malgré le fait d'avoir eu des relations amicales avec lui", a admis Juncker. "J'ai été très surpris lorsque la Russie a attaqué l'Ukraine. Je n'ai jamais cru que cela pourrait ou se produirait. Mais nous avons besoin, je ne dirais pas de relations 'normales', mais d'une certaine forme de relations avec la Russie. La Russie fait partie de l'Europe, et nous ne pouvons pas changer la géographie. La Russie restera là où elle est."

L'Ukraine a obtenu le statut de candidate en juin 2022, quelques mois seulement après que la Russie a lancé son invasion à grande échelle, qui est maintenant dans sa quatrième année. L'Ukraine espère devenir membre d'ici 2030. Cependant, Juncker estime que l'Ukraine n'est pas encore prête pour une adhésion complète à l'UE. Il préconise cependant une adhésion limitée qui permettrait d'accéder au marché unique sans droit de vote.

"L'Union européenne doit être prudente lorsqu'elle admet de nouveaux membres", a déclaré Juncker. "L'Ukraine n'est pas prête pour l'adhésion. Son économie n'est pas encore préparée à participer pleinement au marché intérieur européen. La structure de l'État Ukrainien ne reflète pas encore pleinement les valeurs européennes fondamentales. Il y a encore de la corruption en Ukraine."