Le maire d'Istanbul İmamoğlu comparaît devant un tribunal pour menaces à l'encontre du procureur général

C'était la première apparition publique d'Ekrem Imamoğlu, depuis son placement en détention pour "corruption", le 23 mars dernier. Ce vendredi, le maire d’Istanbul était attendu à 10h à la barre, mais dans le cadre de trois autres affaires, dont l’une liée à des accusations de menaces proférées contre un procureur général.
Selon le journal progouvernemental Sabah, Ekrem Imamoğlu est accusé d’avoir tenu des propos menaçant à l’égard de ce dernier, lors d’un panel remontant au mois de janvier. Les deux autres affaires concernent des offres publiques d’achat et des donations présumées illégales lors de la campagne pour le dernier scrutin municipal.
S'adressant au juge, M. İmamoğlu a déclaré qu'il était au tribunal parce qu'il avait remporté trois élections contre la personne "qui pense posséder Istanbul", une référence au président Recep Tayyip Erdoğan, qui a lancé sa carrière politique en tant que maire de la ville dans les années 1990.
La femme et le fils d'İmamoğlu, ainsi que des législateurs du Parti républicain du peuple (CHP), Halk TV et d'autres médias ont assisté à l'audience. L'affaire a été ajournée jusqu'au 16 juin.
Le maire, qui est également le principal opposant à Erdoğan, au pouvoir depuis 22 ans, lors de la prochaine élection présidentielle, risque plus de sept ans de prison et une interdiction d'exercer une activité politique pour avoir prétendument "ciblé, menacé et insulté des personnes travaillant dans le domaine de la lutte contre le terrorisme".
L'accusation découle des commentaires qu'il a faits le 20 janvier, dans lesquels il a critiqué le procureur général d'Istanbul, Akın Gürlek, au sujet des poursuites pénales engagées contre d'autres personnalités de l'opposition.
Le parti d’opposition CHP dénonce une opération délibérée de sabotage de l’édile d’Istanbul, principal rival politique d’Erdogan, pour lui barrer la route lors du prochain scrutin présidentiel de 2028. L’arrestation, il y a trois semaines, du maire d’Istanbul, a déclenché une vague de protestation – manifestations, rassemblements, sit-in et boycotts de cafés et marques progouvernementaux – inédite depuis les manifestations de Gezi en 2013.
Le CHP veut notamment poursuivre les manifestations, chaque mercredi à Istanbul et chaque week-end ailleurs en Turquie. Celle de ce dimanche 13 avril aura lieu à Samsun, dans le nord de l'Anatolie.
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