La crise France-Algérie : Paris rappelle son ambassadeur et expulse 12 agents consulaires algériens

La France a annoncé mardi qu'elle expulsait 12 responsables diplomatiques algériens, au lendemain de l'annonce par l'Algérie de l'expulsion du même nombre de responsables français, dans le cadre de l'escalade des tensions entre les deux pays.
L'Algérie a déclaré lundi que l'expulsion de 12 fonctionnaires français était due à l'arrestation d'un fonctionnaire consulaire algérien par les autorités françaises dans une affaire d'enlèvement.
Dans un communiqué publié ce mardi, l’Élysée a dénoncé une décision « injustifiée » et « incompréhensible », alors que les douze fonctionnaires français ont quitté dans la journée le pays et sont en route pour rejoindre la France.
« Les autorités algériennes prennent la responsabilité d’une dégradation brutale de nos relations bilatérales », a prévenu la présidence française, tout en appelant Alger à « faire preuve de responsabilité » pour « reprendre le dialogue ».
Si cette spirale de tensions est tout à fait récente, les relations entre les deux parties se sont particulièrement détériorées depuis l'été dernier.
C'est à ce moment-là que la France a changé de position pour soutenir le plan d'autonomie du Maroc pour le Sahara occidental, un territoire contesté revendiqué par le Front Polisario indépendantiste, qui reçoit le soutien de l'Algérie.
Le revirement général de Paris au profit de Rabat, passant aussi bien par l'immigration que par la coopération militaire, agace également en Alger.
Les tensions ont atteint leur paroxysme en novembre lorsque l'Algérie a arrêté l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, qui critique ouvertement l'islamisme et le régime algérien. Il a depuis été condamné à cinq ans de prison, un verdict dont il a fait appel.
La crise migratoire, avec Alger refusant systématiquement d'accueillir ses ressortissants expulsés de France sous OQTF, n'arrange non plus les choses.
Sur ce dossier qui électrise les relations entre les deux pays, l’Élysée a réaffirmé que la France continuera à « exiger de l’Algérie qu’elle respecte pleinement ses obligations ». Notamment en matière de « coopération », alors que les autorités françaises reprochent à leurs homologues algériens de ne pas reprendre suffisamment leurs ressortissants sous OQTF.
Expulsion "symétrique" et "détérioration brutale" de relations
En plus de ce que les autorités françaises ont appelé l'expulsion « symétriquement » calibrée de 12 fonctionnaires algériens, l'ambassadeur de France à Alger, M. Stéphane Romatet, a également été rappelé dans son pays pour consultations, selon un communiqué du palais présidentiel français publié mardi.
Les autorités algériennes sont responsables d'une « détérioration brutale de nos relations bilatérales », lit on dans le texte.
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a jugé, mardi sur CNews, « inacceptable, vraiment inadmissible que la France soit un terrain de jeu pour les services algériens ». Le ministre a également estimé que la réponse de l’Elysée d’expulser 12 agents lui « parai[ssait] totalement appropriée ».
Les procureurs français chargés de la lutte contre le terrorisme ont déclaré que trois ressortissants algériens au total avaient été arrêtés la semaine dernière et mis en examen pour « enlèvement ou détention arbitraire ... en relation avec une entreprise terroriste ».
Le groupe serait impliqué dans l'enlèvement en avril 2024 d'un influenceur algérien, Amir Boukhors, ou Amir DZ, un critique connu du gouvernement algérien qui compte 1,1 million d'adeptes sur TikTok.
La dernière montée d'acrimonie fait suite à un bref apaisement des tensions il y a environ deux semaines, lorsque le président français Emmanuel Macron a appelé son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune. Les responsables français ont déclaré qu'ils avaient convenu de relancer les relations bilatérales.
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