Colombie : l'ancien président Álvaro Uribe condamné à 12 ans d'assignation à résidence

Álvaro Uribe Vélez, l'ancien président de la Colombie, a été condamné vendredi à 12 ans d'assignation à résidence pour des délits de fraude procédurale et de corruption de témoins, a décidé la juge Sandra Liliana Heredia dans un jugement de première instance qui marque un événement sans précédent dans l'histoire du pays.
Outre la peine, la condamnation est assortie d'une amende de plus de 3,4 milliards de pesos colombiens (environ 710 000 euros) et d'une interdiction d'exercer une fonction publique pendant plus de huit ans.
Cette affaire de longue date concernant les liens de l'ex-président avec d'anciens paramilitaires d'extrême droite.
Uribe, qui a été président de 2002 à 2010 et a dirigé une offensive militaire contre la guérilla communiste des FARC, a été inculpé pour avoir ordonné à un avocat de soudoyer des paramilitaires emprisonnés afin de dissimuler ses liens avec leurs organisations.
Ces allégations provenaient du sénateur de gauche Ivan Cepeda, qui avait recueilli les témoignages d'anciens combattants affirmant qu'Uribe avait soutenu leurs groupes à Antioquia, où il avait autrefois occupé le poste de gouverneur.
Uribe a affirmé en 2012 que Cepeda avait orchestré ces témoignages dans le but de le lier aux paramilitaires, mais la Cour suprême a statué six ans plus tard que Cepeda n'avait ni payé ni fait pression sur ces participants à des opérations militaires.
Au contraire, la Cour a déclaré que c'étaient Uribe et ses alliés qui avaient fait pression sur les témoins. Cepeda a été classé comme victime dans cette affaire et a assisté en personne aux audiences de lundi et à vendredi.
La défense de l'ancien président a immédiatement annoncé qu'elle ferait appel de la décision, qui sera renvoyée devant la Haute Cour de Bogota, puis devant la Cour suprême si elle est confirmée. Cette procédure judiciaire, qui dure depuis plus de dix ans, a bouleversé le paysage politique colombien, en particulier à l'approche des élections de 2026.
Depuis le début des années 2000, Álvaro Uribe est l'une des personnalités les plus influentes du pays. Son rôle en tant que président pendant deux mandats consécutifs et sa direction ultérieure du parti Centro Democrático ont défini une grande partie du débat politique national. Le jugement actuel relance le débat sur son héritage politique.
Les réactions pleuvent
Le verdict contre Uribe a suscité des réactions internationales, notamment parmi les personnalités politiques des États-Unis. Plusieurs législateurs du Parti républicain, tels que Marco Rubio et Rick Scott, ont exprimé leur rejet du jugement, s'interrogeant sur sa motivation et avertissant qu'il pourrait affecter la coopération bilatérale entre Washington et Bogota.
Le président colombien Gustavo Petro a publié un message institutionnel réitérant le respect de l'exécutif pour la séparation des pouvoirs. "Ce gouvernement ne fait pas pression sur le pouvoir judiciaire, qui est indépendant", a-t-il souligné sur X.
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