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Flottille pour Gaza : plusieurs navires interceptés par la marine israélienne

World • Oct 1, 2025, 7:17 PM
10 min de lecture
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Les forces israéliennes ont arraisonné plusieurs bateaux de la flottille internationale qui tentait d'acheminer des médicaments et de la nourriture à Gaza alors qu'elle approchait de l'enclave ravagée par la guerre, ont déclaré les organisateurs de la mission.

La Global Sumud Flotilla a publié plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux avec des messages de personnes à bord de différents bateaux, certaines brandissant leur passeport et affirmant avoir été enlevées et emmenées en Israël contre leur gré, et réitérant que leur mission était une cause humanitaire non violente.

Selon les données de suivi des navires fournies par les activistes eux-mêmes, au moins 13 bateaux ont été arrêtés dans la nuit de jeudi. Trente bateaux "poursuivaient leur route", assurent les militants propalestiniens.

Côté israélien, le ministère israélien des Affaires étrangères a indiqué dans un message sur X que la marine avait contacté la flottille pour lui demander de changer de cap et l'avertir qu'elle s'approchait d'une "zone de combat active".

Selon la diplomatie israélienne, plusieurs navires ont été interceptés "sans incident", et leurs passagers actuellement "transférés vers un port israélien". "Greta [Thunberg] et ses amis sont sains et saufs", ajoute le message.

Le ministère des Affaires étrangères a publié une vidéo montrant une lieutenant de marine s'adressant par radio aux participants du convoi humanitaire. "Si vous souhaitez acheminer de l'aide à Gaza, vous pouvez le faire par les voies établies. Veuillez changer votre cap vers le port d'Ashdod, où l'aide sera soumise à un contrôle de sécurité avant d'être transférée dans la bande de Gaza", a-t-elle déclaré.

L'opération de la marine, qui a eu lieu alors que l'État hébreu célébrait Yom Kippour, s'est poursuivie toute la nuit.

La Global Sumud Flotilla, composée de près de 50 bateaux civils transportant environ 500 parlementaires, avocats et militants, dont l'activiste climatique Greta Thunberg et l'eurodéputée LFI Rima Hassan, tentait de briser le blocus israélien de Gaza, malgré les avertissements répétés d'Israël lui enjoignant de faire demi-tour.

Le gouvernement israélien a accusé certains des membres de la flottille d'être liés au Hamas, mais n'a fourni que peu de preuves à l'appui de cette affirmation.

Les militants ont fermement rejeté ces accusations et ont déclaré qu'Israël tentait de justifier les attaques potentielles dont ils pourraient faire l'objet.

L'activiste climatique suédoise Greta Thunberg fait des signes depuis un bateau participant à une flottille civile à destination de Gaza à Barcelone, le 31 août 2025.
L'activiste climatique suédoise Greta Thunberg salue depuis un bateau participant à une flottille civile à destination de Gaza, à Barcelone, le 31 août 2025. AP Photo

Le Quai d'Orsay a réagi à l'interception d'une partie du convoi humanitaire, demandant à Israël d'assurer la sécurité des participants.

"Les équipes du Consulat général de France à Tel Aviv sont en contact avec nos ressortissants français participant à la flottille et se tiennent prêtes à assurer la présence consulaire à laquelle ils ont droit", peut-on lire dans un communiqué partagé par le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot.

Les gouvernements européens, notamment l'Espagne et l'Italie, qui ont envoyé leurs navires de guerre pour escorter la flottille pendant une partie de son voyage, ont exhorté les militants à éviter une confrontation. Des drones turcs ont également suivi les bateaux.

Mercredi, l'Italie et la Grèce ont conjointement appelé Israël à ne pas faire de mal aux militants à bord et ont demandé à la flottille de remettre son aide à l'Église catholique afin qu'elle soit acheminée indirectement à Gaza, une requête que la flottille a déjà rejetée.

Alors que la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a déclaré mardi en fin de journée que les actions de la flottille risquaient de compromettre la récente proposition du président américain Donald Trump de mettre fin à la guerre à Gaza, le chef du gouvernement espagnol les a défendues.

"Nous devons nous rappeler qu'il s'agit d'une mission humanitaire qui n'aurait pas eu lieu si le gouvernement israélien avait autorisé l'entrée de l'aide", a déclaré Pedro Sánchez à la presse mercredi.

"Ils ne représentent aucune menace ni aucun danger pour Israël", a-t-il ajouté.

Droit maritime international

La convention des Nations unies sur le droit de la mer stipule qu'un État n'est compétent que jusqu'à 12 milles nautiques (19 kilomètres) de ses côtes.

En général, les États n'ont pas le droit de saisir des navires dans les eaux internationales, bien que les conflits armés constituent une exception à cette règle.

Yuval Shany, expert en droit international à l'Université hébraïque de Jérusalem, a déclaré que tant que le blocus israélien de Gaza est "militairement justifié" et que le navire a l'intention de briser le siège, Israël peut l'intercepter sans avertissement préalable.

La question de savoir si le blocus est justifié militairement ou juridiquement est un point de désaccord.

Israël a imposé un blocus indéfini sur Gaza depuis que le Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza en 2007, afin d'empêcher le transfert d'armes et de matériel militaire vers le territoire.

De la fumée s'élève à la suite d'une frappe militaire israélienne dans la ville de Gaza, le 1er octobre 2025.
De la fumée s'élève à la suite d'une frappe militaire israélienne dans la ville de Gaza, le 1er octobre 2025. AP Photo

Mais la flottille fait valoir qu'il s'agit d'un groupe civil et non armé et que le passage de l'aide humanitaire est garanti par le droit international.

Omer Shatz, un expert israélien en droit international qui enseigne à Sciences Po Paris et qui a plaidé une précédente affaire de flottille devant la Cour suprême israélienne, a déclaré que même si le siège contesté de Gaza était considéré comme légal, "le droit international ouvre une voie humanitaire de la haute mer à Gaza - à la fois dans les eaux internationales et nationales au large de Gaza".

"Si les besoins fondamentaux de la population ne sont pas satisfaits par la puissance occupante, il existe un droit de fournir une aide humanitaire, mais sous certaines conditions", a déclaré l'expert.

Israël, par exemple, aurait le droit d'arraisonner et de fouiller les navires transportant l'aide pour en vérifier la cargaison, de la même manière qu'il le fait avec les camions d'aide entrant à Gaza par voie terrestre.