Allemagne : feu vert final au Parlement pour le « bazooka » de Friedrich Merz

La chambre haute allemande a voté en faveur d'un projet de loi historique qui prévoit de débloquer des centaines de milliards d'euros pour des projets de défense et d'infrastructure.
Le Bundesrat a soutenu la mesure avec une majorité de plus de deux tiers vendredi, ouvrant ainsi la voie à une réforme significative des règles d'emprunt du pays.
La législation modifiera les règles budgétaires inscrites dans la Constitution du pays, ce qui permettra au gouvernement d'augmenter massivement les dépenses militaires. Elle créera également un fonds spécial de 500 milliards d'euros destiné à financer des projets d'infrastructure au cours des douze prochaines années.
Le chancelier en attente Friedrich Merz, qui dirige l'Union chrétienne-démocrate (CDU), voulait faire approuver le paquet avant le début de la prochaine législature, le 25 mars, craignant qu'il ne soit bloqué par les partis de gauche (Die Linke) et l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui auront une présence importante au sein du prochain Bundestag.
Le projet d'augmentation des dépenses a obtenu le soutien du Bundestag mardi, avant d'être soumis au Bundesrat, le dernier obstacle parlementaire à sa transformation en loi.
Le Bundesrat, qui représente les 16 gouvernements des Länder allemands, n'était pas assuré de soutenir le projet de loi, certains petits partis ayant fait part de leurs objections.
Toutefois, le projet de loi a été adopté par 53 voix sur 69, soit bien plus que le seuil de 46 voix requis.
En Bavière, on craignait que les Électeurs libres - un partenaire de coalition junior de l'Union chrétienne-sociale (CSU) conservatrice - ne bloquent la mesure.
Hubert Aiwanger, chef de file des électeurs libres, a émis des réserves sur le paquet, mais a finalement déclaré que son parti serait d'accord.
"Exiger une utilisation raisonnable de ces fonds est toujours mieux que de dire que j'ai échoué", a déclaré M. Aiwanger à RTL Direkt.
Les Länder de Brême et de Mecklembourg-Poméranie occidentale ont également accepté la mesure, bien que le parti de gauche fasse partie des coalitions au pouvoir dans ces deux régions. La gauche a exprimé de sérieuses objections à l'augmentation des dépenses de défense.
Cet accord historique permettra de dépenser des milliards d'euros supplémentaires dans le secteur de la défense en Allemagne.
En vertu de la législation, les dépenses de défense supérieures à 1 % du produit intérieur brut de l'Allemagne seront effectivement exemptées du "frein à l'endettement" du pays, qui a été inscrit dans la constitution en 2009.
Outre le fonds spécial de 500 milliards d'euros pour les projets d'infrastructure, les 16 États allemands disposeront d'une plus grande marge de manœuvre pour emprunter l'équivalent d'environ 15 milliards d'euros.
Après que M. Merz a fait des concessions aux Verts pour obtenir leur soutien à l'accord, 100 milliards d'euros d'investissements climatiques seront inclus dans le fonds d'infrastructure au cours des douze prochaines années.
Les dépenses massives de M. Merz constituent un revirement radical par rapport à l'ancien conservatisme financier du pays et une volte-face de son parti, qui s'opposait auparavant à toute réforme du "frein à l'endettement".
Vendredi, M. Merz a déclaré à propos du projet de loi : "nous jetons les bases d'investissements ciblés dans la liberté et le progrès. Nous prenons nos responsabilités pour l'Allemagne".
Le vote du Bundesrat permet par ailleurs le déblocage de trois milliards d’euros d’aide militaire à l’Ukraine. L’Allemagne est le plus gros fournisseur d’aide à l’Ukraine des pays de l’UE.
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