Malgré l'instauration de droits de douane, des législateurs américains assurent leur soutien à Taïwan

C'est une visite qui ressemble à un message pour la Chine. Vendredi 18 avril, une délégation officielle américaine, la première depuis l'élection de Donald Trump, s'est rendu à Taïwan pour rassurer Taipei sur le fait que le soutien états-unien reste ferme.
Cette visite contraste avec les récentes annonces de Donald Trump imposant des droits de douane de 32 % sur toutes les importations taïwanaise, ainsi qu'avec les déclarations de ce dernier. Il avait assuré que le pays asiatique avait "sapé" l'industrie américaine des semi-conducteurs.
À l'instar de nombreux pays de la région Asie-Pacifique, les dirigeants taïwanais ont évité les critiques et ont plutôt assuré avoir pris en compte les plaintes de Donald Trump, affirmant agir en conséquence. Ils ont déclaré qu'ils travaillaient rapidement afin de répondre aux préoccupations soulevées par l'administration Trump, notamment en s'efforçant de finaliser des accords commerciaux et d'investissement.
Des annonces qui s'ajoutent à l'investissement, cette année, de 100 milliards de dollars (88 milliards d'euros) du géant des semi-conducteurs dans la production de puces aux États-Unis.
Taïwan va renforcer sa défense
Taïwan a également assuré qu'elle allait porter ses dépenses de défense à 3 % de son PIB, contre 2,5 % actuellement, et investir dans une stratégie militaire plus mobile et plus autonome, dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes avec la Chine.
Tirant les leçons de la résistance ukrainienne à la Russie, Taipei se concentre sur l'amélioration de sa production nationale d'armes, notamment de sous-marins, d'armes légères et de systèmes de défense aérienne, tout en développant la coopération avec les États-Unis sur les technologies émergentes, telles que la guerre des drones.
Des critiques de Donald Trump sont à l'origine de cette décision. L'année dernière, ce dernier avait assuré que Taipei "devrait [nous] payer", faisant ainsi craindre que le partenaire militaire le plus solide décide de ne plus trop s'impliquer si la Chine devait, un jour, attaquer Taïwan.
Des discussions prometteuses
La délégation, composée des sénateurs républicains Pete Ricketts et Ted Budd ainsi que du sénateur démocrate Chris Coons, a qualifié les discussions de "tournées vers l'avenir". Le sénateur Chris Coons s'est dit confiant quant à l'écriture d'un "prochain chapitre solide des relations entre les États-Unis et Taïwan".
Le président Lai Ching-te, le ministre de la Défense Wellington Koo et le conseiller à la Sécurité nationale Joseph Wu ont, en effet, adopté un ton optimiste lors des réunions.
Des fonctionnaires ont déjà contacté le secrétaire américain au commerce, Howard Lutnick, pour accélérer les négociations avant la fin des 90 jours de suspension des droits de douane, finalement annoncée par Donald Trump.
Comme avec le Japon, avec qui les discussions ont débuté, les États-Unis font de cette région du monde une priorité afin qu'elle puisse se protéger de la Chine. Donald Trump a assuré que des accords avec des pays de l'Asie du Sud-Est pourraient être conclus d'ici "trois à quatre semaines".
Cette visite intervient alors que la Chine maintient sa revendication sur Taïwan, une démocratie autonome que Pékin considère comme une province sécessionniste. La montée des tensions commerciales et des positions militaires a ravivé les craintes dans la région d'une escalade potentielle de la Chine.
"Bien sûr, il est possible que Xi Jinping décide que c'est le bon moment pour le Parti communiste chinois de prendre des mesures agressives", a averti le sénateur Chris Coons. "Je pense que c'est exactement ce qu'il ne faut pas faire et qu'ils trouveraient une réponse forte."