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En Bretagne, des centaines de manifestants en soutien à la journaliste Morgan Large

• Apr 6, 2021, 3:36 PM
4 min de lecture
"Pressions et intimidations = fabrique du silence". Pancartes et drapeaux militants en main, plusieurs centaines de manifestants ont défendu la liberté d'informer, mardi à Rostrenen (Côtes-d'Armor), après un "acte de malveillance grave" visant la journaliste Morgan Large, qui enquête sur l'agro-industrie en Bretagne. Mercredi 31 mars, la journaliste de Radio Kreiz Breizh (RKB), une radio associative bilingue français-breton installée à Rostrenen, s'est rendu compte que plusieurs boulons fixant sa roue arrière avaient disparu. Une "mise en danger volontaire" selon ses collègues, qui ont appelé à la grève et au rassemblement.Emue jusqu'aux larmes devant plus de 500 personnes, la journaliste de 49 ans a énuméré la liste des pressions subies, entre pertes de subventions pour son média et coups de téléphone la nuit, depuis qu'elle enquête sur l'agriculture bretonne. Un nouveau cran a été franchi depuis qu'elle a témoigné dans le documentaire "Bretagne: une terre sacrifiée" diffusé mi-novembre sur France 5. "Je suis devenue une cible parce qu'on m'a désignée comme cible. Mon visage est apparu sur le compte Twitter de la FRSEA Bretagne, j'étais clairement la personne à attaquer", a expliqué la journaliste. En décembre déjà, les portes de la radio avaient été forcées. Avant de s'apercevoir qu'il manquait des boulons à sa roue, elle raconte avoir conduit avec ses enfants, "peut-être 250 km". "La prochaine fois, je vais vérifier quoi? Qu'il n'y a pas le feu à ma maison? On ne peut pas vivre dans un bunker", confie Morgan Large. "Je n'ai pas l'impression de dire des choses si graves que ça, mais j'écorche le roman agricole national qui est de dire qu'on nourrit la planète et que les produits français sont les meilleurs au monde", ajoute-t-elle.- "Bouclier citoyen" -Heureux de voir autant de personnes rassemblées dans cette bourgade éloignée des grandes agglomérations, Sylvain Ernault, représentant du SNJ (Syndicat national des journalistes) y voit "un bon message envoyé à tous ceux qui voudraient nuire à Morgan". "Cela montre un vrai attachement à la liberté de la presse. Il y a un bouclier citoyen qui se forme autour d'elle et de tous les journalistes qui se sentiraient menacés", estime-t-il.Des candidats aux régionales ont tenu à être présents comme Claire Desmares-Poirrier, tête de liste EELV ou Daniel Cueff, l'ancien maire de Langouët (Ille-et-Vilaine) connu pour son combat contre les pesticides."Il y a un soulèvement citoyen pour dire +Stop, on est dans un état de droit et on ne peut pas laisser passer des pratiques mafieuses se dérouler+", juge pour sa part Serge Le Quéau, membre de Solidaires. "Ces pratiques se sont renforcées ces deux dernières années, depuis que des journalistes courageux ont dit tout haut ce que tout le monde disait tout bas, comme c'est le cas d'Inès Léraud avec sa BD sur les algues vertes", analyse-t-il.Adrien, agriculteur bio de 36 ans, est venu de Redon (Ille-et-Vilaine) avec sa compagne et son fils. "On est partout en Bretagne aux prises avec un système mafieux. Je suis entouré de gens qui ont mille difficultés à s'installer parce qu'il y a un modèle agricole dominant en Bretagne qui ne laisse aucune place à des alternatives", lance-t-il."Certains collègues retrouvent leurs parcelles traitées avec des produits chimiques et se font déclasser de la production bio", dénonce le trentenaire, qui se dit "en colère qu'on puisse mettre la vie d'une personne et de sa famille en danger pour défendre un modèle agricole qui est à bout de souffle".