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Kenya : les agriculteurs défendent les semences indigènes

• Jan 29, 2025, 3:39 PM
3 min de lecture
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Le Kenya est confronté à une double menace pesant sur sa sécurité alimentaire : le changement climatique et la contrefaçon de semences. Face à ces défis, de nombreux agriculteurs misent sur les semences indigènes, jugées plus résistantes et mieux adaptées aux conditions locales.

Cependant, une loi de 2012 criminalise l’usage, la vente ou le troc de semences indigènes non certifiées, imposant ainsi aux cultivateurs l’achat de semences hybrides coûteuses.

Des semences traditionnelles mieux adaptées

Desterio Nyamongo, directeur de l'Institut de recherche sur les ressources génétiques, souligne l’intérêt des variétés traditionnelles dans un contexte de changement climatique :

« Nous nous sommes rendu compte que certaines des variétés traditionnelles que nous avions délaissées sont en fait plus résistantes au changement climatique. Lorsque vous les introduisez, en particulier dans les zones de faible rendement, ces variétés sont plus performantes que les variétés améliorées et les agriculteurs les trouvent bien plus avantageuses. »

Des agriculteurs sous pression

Malgré une législation stricte prévoyant jusqu’à deux ans de prison et 6 800 dollars d’amende pour l’utilisation de semences non certifiées, certains agriculteurs, comme Francis Ngiri, continuent à défendre les semences indigènes en gérant leurs propres banques de semences.

« Je pratique l'agroécologie, une forme d'agriculture biologique sans produits chimiques. C'est ce que nous pratiquons. Je conserve aussi mes propres semences, des semences indigènes. » explique Francis Ngiri.

Pour se conformer à la loi, les agriculteurs kenyans ont deux options : faire certifier leurs semences ou en acheter qui le sont déjà. Or, ces démarches s’avèrent trop coûteuses, rendant ces solutions inaccessibles à la majorité des cultivateurs.

Un combat judiciaire en cours

L’opposition à cette loi s’intensifie. Desterio Nyamongo rappelle que les semences indigènes sont une ressource précieuse et non une pratique rétrograde :

« Il ne faudrait pas que les agriculteurs, en particulier ceux des zones peu développées, commencent à penser que l'utilisation des semences indigènes est une pratique rétrograde. Loin de là, car certaines des variétés indigènes se sont adaptées au fil du temps aux conditions locales et sont donc plus résistantes. »

Aujourd’hui, une douzaine d’agriculteurs ont porté l’affaire devant les tribunaux, dénonçant une législation qui met en péril des millions de cultivateurs. Le verdict de ce bras de fer judiciaire est attendu en mars 2025.