Togo : le parti au pouvoir remporte les élections sénatoriales
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La Commission électorale nationale indépendante (CENI) du Togo a annoncé, dimanche 16 février, les résultats des premières élections sénatoriales organisées le 15 février. Ces résultats provisoires confirment la suprématie du parti au pouvoir, Union pour la République (Unir), qui rafle 34 des 41 sièges en jeu.
Selon Yago Dabré, président de la CENI, sept sièges ont été attribués à l’opposition et à un indépendant. Parmi les formations d’opposition représentées, l'Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI), l'Union des Forces de Changement (UFC) et le Cercle des Leaders Émergeants (CLE) ont chacun obtenu un siège. Le parti Bâtir s’en sort avec deux sièges, tandis que deux indépendants intègrent également la chambre haute.
Cependant, plusieurs grands partis d’opposition – notamment l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et les Forces démocratiques pour la République (FDR) – ont boycotté le scrutin, dénonçant une élection jouée d’avance.
Une réforme constitutionnelle controversée
Cette élection s’inscrit dans le cadre de la réforme constitutionnelle de mai 2024, qui a instauré un régime parlementaire et supprimé l’élection du président au suffrage universel. Désormais, le chef de l’État sera élu par les députés et sénateurs réunis en congrès, tandis que le pouvoir exécutif reviendra au Premier ministre, qui doit être le leader du parti majoritaire à l’Assemblée nationale.
Avec 108 sièges sur 113 à l’Assemblée, Unir détient une majorité écrasante, garantissant à Faure Gnassingbé de prendre la tête du gouvernement une fois le Sénat installé. Président depuis 2005, après avoir succédé à son père Gnassingbé Eyadéma, il pourrait ainsi rester aux commandes du pays sous une autre fonction.
L'opposition dénonce une manœuvre pour perpétuer le pouvoir de Gnassingbé
Les partis d’opposition et plusieurs organisations de la société civile dénoncent une réforme taillée sur mesure pour permettre à Faure Gnassingbé de se maintenir au pouvoir au-delà de 2025, alors que l’ancienne Constitution lui imposait un dernier mandat.
De son côté, le camp présidentiel justifie cette transition par un renforcement de la représentation politique et une modernisation des institutions.
Prochaines étapes : l’installation complète du Sénat
Les résultats définitifs doivent encore être validés par la Cour constitutionnelle, avant que le président ne nomme 20 autres sénateurs, complétant ainsi la composition des 61 sièges de la chambre haute. Une fois le Sénat en place, députés et sénateurs éliront le président de la République et le chef du gouvernement, selon les nouvelles dispositions constitutionnelles.
Un climat politique sous tension
Le climat politique reste tendu, d’autant plus que les médias étrangers n’ont pas été accrédités pour couvrir ces élections, une restriction déjà observée lors des législatives et régionales d’avril 2024.
Alors que le Togo entame sa transition vers la Cinquième République, l’opposition et une partie de la population redoutent une nouvelle consolidation du pouvoir par Faure Gnassingbé, malgré les changements institutionnels annoncés.
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