RDC : plus d’un million de déplacés livrés à eux-mêmes dans l’Est

L’est de la République démocratique du Congo est à nouveau le théâtre d’une crise humanitaire majeure.
L’escalade de la violence dans cette région instable pousse chaque jour des milliers de personnes à fuir leur foyer, aggravant une situation déjà critique. Selon les organisations humanitaires, plus d’un million de déplacés internes ont été contraints de quitter les camps qui les hébergeaient, souvent sans préavis et sans garantie d’assistance.
"Il s'agit de familles qui étaient déjà déplacées avant la crise qui a secoué la ville de Goma et plus largement le Nord-Kivu," explique Hercules Kipa, responsable des programmes d'urgence pour l’organisation Concern Worldwide à Kibumba. "Elles sont rentrées chez elles, mais leurs besoins humanitaires persistent. Sans terres, sans revenus, elles sont aujourd’hui livrées à elles-mêmes."
Des retours forcés dans des conditions précaires
Face à des ordres d’évacuation et au démantèlement des camps, de nombreuses familles ont tenté de regagner leurs villages d’origine. Mais le retour est souvent un choc. Les habitations sont détruites, les infrastructures absentes, et la sécurité reste instable dans plusieurs zones.
"Quand nous sommes revenus, nous avons trouvé beaucoup de maisons délabrées," témoigne Médiatrice Busogi, bénéficiaire d’une distribution humanitaire à Kibumba. "Les plus chanceux ont retrouvé leurs maisons sans portes ni toits. Nous avons utilisé des bâches pour couvrir les maisons et nous nous y sommes entassés avec d'autres familles."
Ces familles vivent aujourd’hui dans des conditions extrêmement précaires. Accès limité à l’eau potable, pénurie de nourriture, absence de soins médicaux : les besoins sont immenses. Si les organisations humanitaires restent actives sur le terrain, elles alertent sur une chute drastique des financements, qui limite leur capacité d’intervention.
"Si nous avons la chance de retourner dans notre village, nous devrons réhabiliter ou reconstruire nos maisons, avoir de la nourriture, des articles ménagers jusqu'à ce que nous puissions récolter les produits de nos champs," explique Byamungu Rukera, représentant des personnes déplacées à Sake, dans le Nord-Kivu.
Dans un contexte de violence persistante et de sous-financement chronique, la réponse humanitaire est en danger. Et ce sont des millions de vies qui se retrouvent en suspens.
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