Côte d'Ivoire : Tidjane Thiam candidat du PDCI pour la présidentielle de 2025

Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), principale formation d’opposition du pays, a officiellement investi Tidjane Thiam comme son candidat à l’élection présidentielle prévue le 25 octobre 2025.
L’ancien patron du Crédit Suisse, rentré récemment dans l’arène politique nationale, a remporté l’investiture sans opposition, avec un score quasi plébiscitaire de 99,5 % des voix, lors d’un vote auquel ont participé plus de 5 300 délégués du parti.
Élu président du PDCI en décembre dernier, M. Thiam, 62 ans, s’affirme comme une figure de renouveau pour une opposition ivoirienne en quête de leadership. Mais si cette désignation marque une étape décisive, le chemin vers la magistrature suprême s’annonce semé d'embûches pour l’ex-banquier international.
Tidjane Thiam, longtemps tenu à distance de la scène politique ivoirienne, revient fort d’un parcours prestigieux à la tête de multinationales comme Aviva, Prudential ou encore le Crédit Suisse. Son image, encore peu connue d’une partie des Ivoiriens, séduit pourtant une base militante qui voit en lui une alternative aux figures historiques du pays.
Un retour controversé sur fond de polémique juridique
Malgré cette dynamique, la candidature de Tidjane Thiam est loin d’être assurée. Depuis plusieurs semaines, une polémique agite le débat : sa nationalité ivoirienne est contestée par ses détracteurs. Titulaire de la nationalité française depuis 1987, il y aurait renoncé officiellement en mars dernier, une démarche indispensable puisque la Constitution ivoirienne interdit aux binationaux de briguer la présidence.
Cependant, des voix s’élèvent pour affirmer que cette naturalisation française l’aurait automatiquement privé de sa nationalité ivoirienne, en vertu d’un article du Code de la nationalité datant des années 1960. Le PDCI dénonce une manœuvre politique destinée à écarter un candidat qui inquiéterait le pouvoir en place. Si la commission électorale a rejeté jeudi les premières requêtes contestant son inscription sur les listes électorales, une procédure judiciaire reste en cours. Le camp Thiam, lui, se veut serein : « Je sais que je ne serai pas épargné », a-t-il reconnu dans une interview diffusée sur les réseaux sociaux. « Mais je suis honoré par cette investiture, malgré tout le venin distillé sur ma personne. »
Un climat politique crispé à six mois du scrutin
La candidature de Thiam intervient dans un contexte tendu. Le président sortant Alassane Ouattara, 83 ans, entretient le flou sur une possible quatrième candidature. En janvier, il avait déclaré être « désireux de continuer à servir son pays », laissant planer l’éventualité d’un nouveau mandat, malgré les critiques sur la concentration du pouvoir.
Par ailleurs, plusieurs poids lourds de l’opposition, Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro, déclarent leur intention de se présenter, bien que tous trois soient actuellement inéligibles en raison de condamnations judiciaires. Leurs noms ne figurent pas sur la liste électorale provisoire, dont la version définitive est attendue en juin.
Face à ce climat, le PDCI et le PPA-CI de Gbagbo ont suspendu leur participation à la Commission électorale indépendante (CEI), dénonçant un manque d’impartialité. Le parti au pouvoir, le RHDP, a répliqué en accusant l’opposition de vouloir « saboter » le processus démocratique.
À six mois de la présidentielle, la désignation de Tidjane Thiam offre au PDCI une occasion de rebattre les cartes. Mais ce pari sur un homme de l'extérieur, dont la notoriété nationale reste à construire, nécessitera une stratégie de communication robuste, selon les analystes.
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