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Déficit et dette : le Sénégal face à la réalité [Business Africa]

Business • Feb 20, 2025, 3:13 PM
5 min de lecture
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Cette semaine dans Business Africa : le Sénégal face à une crise budgétaire après un rapport accablant, Ibrahim Traoré mise sur l’industrialisation pour l’autonomie du Burkina Faso, et le Nigéria cherche à exploiter son potentiel minier pour réduire ses importations.

Sénégal : finances publiques sous tension après les révélations de la Cour des comptes

Le Sénégal traverse une crise de transparence financière, suite au dernier rapport de la Cour des Comptes qui révèle des irrégularités majeures : une dette publique de 99,67 % du PIB, bien au-delà des 74,41 % initialement annoncés, et un déficit budgétaire réévalué à 12,3 % du PIB pour 2023. Ces erreurs comptables fragilisent la confiance des investisseurs et menacent l’économie du pays.

Les causes de la crise : anomalies comptables et pratiques opaques

Le rapport de la Cour des Comptes met en évidence des dettes non comptabilisées, des dépenses opaques et des transferts budgétaires irréguliers. Ces pratiques ont alourdi la dette et creusé le déficit. L’économiste sénégalais Ousmane Dieng explique que la comptabilité de caisse utilisée est obsolète et qu’un passage à la comptabilité d’engagement aurait pu éviter ces ajustements comptables. “Si cette transition avait été faite, beaucoup de ces erreurs n’auraient pas eu lieu”, dit-il.

Réactions du gouvernement : promesses de réformes et suspension des demandes de décaissement

En réponse à cette crise, le gouvernement a suspendu ses demandes de décaissement au FMI et s’engage dans des réformes, notamment la recentralisation de la gestion de la dette et des contrôles renforcés sur les projets externes. Ousmane Dieng appelle à relativiser la situation pour les investisseurs et critique la communication de crise. “Le gouvernement doit éviter le sensationnalisme et rassurer les bailleurs de fonds”, souligne-t-il.

La crise pourrait ralentir ou suspendre plusieurs projets d’infrastructure financés par emprunts. Ousmane Dieng plaide pour des financements alternatifs et la valorisation des ressources naturelles dans le calcul du PIB. Selon lui, comme l’Algérie, le Sénégal doit prendre en compte ses ressources naturelles pour alléger la pression sur les finances publiques.

Sensibilisation à la Culture Financière et Revalorisation de l'Épargne

Dieng insiste également sur l’importance de sensibiliser la population à la culture financière. Les offres publiques d’épargne peuvent aider à capter l’épargne dormante pour financer le développement. “Il faut impliquer les Sénégalais dans le financement de leur propre développement”, conclut-il.

Le Sénégal doit entreprendre des réformes structurelles pour restaurer la transparence et la confiance des investisseurs. L’adoption d’une comptabilité d’engagement et une gestion rigoureuse des finances publiques sont essentielles pour assurer la stabilité économique du pays et maintenir la confiance dans son avenir.

Burkina Faso sous Ibrahim Traoré : l'industrialisation comme levier de la souveraineté économique

Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, le capitaine Ibrahim Traoré, dirigeant du Burkina Faso, mise sur l'autonomie économique pour réduire la dépendance aux aides extérieures et exploiter les ressources internes. Cette stratégie, partagée avec le Mali et le Niger au sein de l'Alliance des États du Sahel, vise à renforcer la souveraineté économique, comme l'explique le professeur Hamidou Sawadogo.

L'accent est mis sur l'agriculture, avec des investissements importants et une augmentation des outils de production. La campagne agricole 2024 a permis la récolte de près de 6 millions de tonnes de céréales.

Cependant, la sécurisation du territoire reste un enjeu majeur pour garantir la pérennité de cette stratégie. Le gouvernement continue d'améliorer l'efficacité économique, avec une prévision de croissance de 3,7 % en 2024. Toutefois, face à des défis sécuritaires et structurels, le Burkina Faso doit ajuster son modèle pour répondre aux réalités du développement.

Nigéria : un potentiel minier sous-exploité qui coûte cher

Dans un sujet de Tesem Akende, le Nigéria, malgré ses dépenses annuelles de 10 milliards de dollars pour importer des matières premières, possède d'importants gisements minéraux inexploités. Le géologue Eric Biame souligne que l'exploitation de ces ressources pourrait transformer l'économie en réduisant la dépendance aux importations. Pourtant, le secteur minier contribue à moins de 1 % du PIB, avec des pertes de 9 milliards de dollars chaque année dues à l'exploitation illégale.

Face à ce défi, le gouvernement cherche à éradiquer l'exploitation illégale et à attirer les investisseurs. L'ingénieur minier Plankat Dashwet appelle à la délivrance de permis pour favoriser les investissements. Le gouvernement a déjà arrêté plus de 300 mineurs illégaux et met en place des réformes pour réguler le secteur, réduire les importations et créer des emplois, comme l'explique ce reportage de Tesem Akende.