L'Afrique, freinée par l'absence de données fiables ? [Business Africa]

Cette semaine dans Business Africa :

Le manque de données fiables, un obstacle majeur pour les investissements et la croissance du continent, les efforts du Congo-Brazzaville pour renforcer sa souveraineté alimentaire avec les Zones Agricoles Protégées, et la crise économique en RDC, exacerbée par la fermeture d'entreprises et les violences persistantes.

Sans données fiables, l'Afrique passe-t-elle à côté de son potentiel ?

L'Afrique, malgré son dynamisme économique et la croissance rapide de sa classe moyenne, fait face à un défi de taille : le manque de données fiables. Un frein considérable pour les investisseurs et les entreprises locales qui peinent à prendre des décisions éclairées.

Bernard Laurendeau, fondateur d’Enkopa Lab, souligne l'importance de ces données pour la prise de décision dans des secteurs comme la banque, la technologie, ou encore le commerce de détail. Selon lui:

"Pour les secteurs liés aux consommateurs, vous avez besoin de données plus détaillées. Les indicateurs macroéconomiques de la Banque mondiale ou du FMI peuvent aider, mais ce n'est pas suffisant."

Le manque de données adéquates nuit à la prise de décisions stratégiques, notamment en matière d'investissements. Cette situation empêche les entreprises de saisir les opportunités qui se présentent, limitant ainsi leur potentiel de croissance et d'innovation.

Pour Laurendeau, l'Afrique est à un tournant. L'absence de données fiables limite les opportunités économiques, notamment celles liées à l'essor de la classe moyenne. Il estime que l'accès à des données en temps réel pourrait transformer le continent :

"Le continent africain manque une grande opportunité de croissance, de transfert de connaissances et de technologies à cause de ce manque de données détaillées. Le mot-clé ici, c'est l'accès aux données en temps utile."

Il est évident qu'une gestion efficace des données pourrait changer la donne. Cependant, il rappelle que l'IA, bien qu'utile, n'est qu'une solution partielle. Elle doit être alimentée par des données précises et actualisées. En partenariat avec Cassie Inside, Enkopa Lab travaille à la création de pipelines de données permettant d'extraire des informations en temps réel, afin d'aider les entreprises à prendre des décisions éclairées, au moment opportun.

"L'IA n'est définitivement pas une solution miracle. Elle doit être alimentée par des données. Nos partenaires fournissent des pipelines de données qui permettent d'extraire des informations en temps réel, ce qui est crucial pour une prise de décision rapide."

Dans ce contexte, les investisseurs sont de plus en plus exigeants. Laurendeau est clair : pour capter ces investissements, il ne suffit pas de fournir des données superficielles :

"Les investisseurs veulent de la profondeur. Ils recherchent des informations exploitables, pas seulement des données générales. Vous ne pouvez plus leur demander de patienter."

L'Afrique est à un tournant décisif, et la collecte de données précises devient un levier stratégique pour son avenir économique.

Congo-Brazzaville : Les Zones Agricoles Protégées, une réponse aux défis agricoles ?

Au Congo-Brazzaville, l'agriculture est essentielle pour diversifier l'économie et réduire la dépendance aux importations, coûtant jusqu'à 1,17 milliard de dollars annuellement. Pour y remédier, le gouvernement a lancé les Zones Agricoles Protégées (ZAP). Le chef de l'État, Denis Sassou Nguesso, a affirmé que ces zones sont cruciales pour renforcer la production locale.

À Mouindi, la ZAP regroupe 500 producteurs sur 200 hectares, tandis qu'à Bouanza, 200 tonnes de maïs ont été récoltées sur 59 hectares. Malgré la richesse en terres cultivables, seule une faible portion est exploitée. Les ZAP, si bien appliquées, pourraient inverser cette tendance et réduire la facture des importations alimentaires.

RDC : l’Est dévasté par l’insécurité, les entreprises locales dans l’impasse

L’Est de la RDC, notamment dans les provinces du Nord et Sud Kivu, traverse une grave crise économique exacerbée par la violence du groupe armé M23, soutenu par le Rwanda. La montée de ces violences a entraîné la fermeture de nombreuses entreprises, dont la brasserie Bralima, un acteur majeur de l'économie locale, menaçant ainsi des milliers d'emplois et aggravant la pénurie de biens de première nécessité. Les prix des denrées comme le riz, le sucre et l’huile ont doublé, plongeant les populations dans une situation encore plus précaire.

Les économistes appellent à des solutions d’urgence, notamment la réouverture des banques, pour relancer l’économie. Mais face à la persistance des attaques et à l'impasse des négociations de paix, l’attente de mesures concrètes s’intensifie.