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Oligui Nguema : révolution ou continuité pour le Gabon ? [Business Africa]

Business • Apr 17, 2025, 3:19 PM
10 min de lecture
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Cette semaine dans Business Africa : Le Gabon entame une nouvelle ère politique avec des priorités axées sur la diversification économique : avec M. Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, porte-parole du président Oligui. En Ouganda, l'invasion des produits importés menace l'agriculture locale. Enfin, la chute des prix du pétrole secoue les économies africaines dépendantes de l'or noir.

Gabon : défis et ambitions sous la présidence de Brice Oligui Nguema

Le Gabon entame une transition politique majeure avec l’élection du général Brice Oligui Nguema, marquant la fin de plus de 50 ans de règne de la famille Bongo. Cette nouvelle ère suscite des attentes fortes, particulièrement en matière de gouvernance, de création d’emplois et de diversification économique.

Actuellement, le Gabon reste largement dépendant du pétrole, un secteur qui représente environ 38 % du PIB et plus de 70 % des exportations. M. Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, porte-parole du président Oligui, explique les priorités du gouvernement pour les années à venir.

Les priorités de la transition : établir des bases solides pour l’avenir

Selon M. Ntoutoume Ayi, les premières années de la transition seront cruciales pour établir les bases du développement économique et garantir la stabilité du pays. "Les deux premières années doivent être consacrées à installer un cadre juridique solide et une infrastructure étatique fiable. Cela rassurera les investisseurs et créera un environnement propice aux affaires", déclare-t-il. Il ajoute que cinq ans seront nécessaires pour voir des résultats tangibles dans la mise en œuvre de ces réformes. "Dans les 24 mois, nous devons éliminer les problèmes récurrents comme la crise énergétique et le stress hydrique. Un climat des affaires transparent et sécurisé doit être mis en place", précise-t-il.

Diversification économique : l’agriculture, un secteur clé pour l’avenir

La dépendance du Gabon au pétrole constitue un défi majeur. M. Ntoutoume Ayi indique que le gouvernement met l’accent sur plusieurs secteurs pour amorcer la diversification. "Un projet phare du gouvernement est celui de la mine de fer de Bilinga. Pour l’exploitation de cette mine, il faudra construire plus de 600 kilomètres de voies ferrées, un port en eau profonde et des barrages hydroélectriques. Ce projet pourrait générer plus de 20 000 emplois", explique le porte-parole. L’agriculture, avec son potentiel inexploité, figure également parmi les priorités du président. "Le Gabon a une faible densité de population avec seulement cinq habitants au kilomètre carré. Il y a une grande opportunité pour développer l’agriculture et encourager les jeunes à s’établir dans ce secteur", ajoute M. Ntoutoume Ayi. Le développement de la transformation locale des matières premières, comme le bois, le fer et le manganèse, est également perçu comme un levier clé pour diversifier l’économie.

Rôle du Gabon dans la coopération régionale

Le Gabon joue également un rôle stratégique dans la coopération régionale, notamment au sein de la CEEAC (Communauté économique des États de l'Afrique centrale). M. Ntoutoume Ayi rappelle que "la CEMAC, au sein de la CEEAC, est une zone économique qui fonctionne déjà très bien. Il faut maintenant étendre cette dynamique, en favorisant la libre circulation des personnes avant celle des biens".

Il estime que le Gabon, avec ses ressources naturelles et sa position géographique, peut tirer profit de la ZLECAF (Zone de libre-échange continentale africaine), une initiative qui inclut des pays à fort potentiel économique comme l’Angola et la République Démocratique du Congo.

L’emploi des jeunes : un défi majeur pour la transition

Le chômage des jeunes est une problématique majeure au Gabon, avec un taux de chômage estimé à 30 %. M. Ntoutoume Ayi insiste sur le fait que l’État seul ne pourra pas résoudre ce problème. "L’appareil d’État ne pourra pas absorber tous les jeunes qui cherchent un emploi. C’est le secteur privé qui devra jouer un rôle central dans la création d’emplois", explique-t-il.

"Il ne s’agit pas uniquement d’adresser l’inadéquation entre les formations et les besoins du marché, mais de former les jeunes à des métiers spécifiques. Par exemple, lors de la transition, il a été nécessaire de former des conducteurs d’engins en quelques mois pour répondre aux besoins du secteur du BTP", précise-t-il.

Des actions concrètes attendues

Pour M. Ntoutoume Ayi, la transition politique ouverte par l’élection de Brice Oligui Nguema ne doit pas se contenter de promesses, mais doit se traduire par des actions concrètes. "Le Gabon dispose de nombreux atouts : une stabilité relative, des ressources naturelles abondantes et une position géographique stratégique. Le temps est maintenant venu de concrétiser ces promesses et de mettre en place des réformes profondes pour moderniser l’économie et créer des opportunités d’emploi", conclut-il.

Le Gabon se trouve à un tournant crucial. La gestion de sa dépendance au pétrole, la diversification de son économie et la lutte contre le chômage seront des défis majeurs pour la présidence Oligui Nguema. Avec des projets ambitieux dans les secteurs miniers et agricoles et des réformes en matière de gouvernance, le pays pourrait amorcer une véritable transformation économique. Mais selon M. Ntoutoume Ayi, il est essentiel que ces réformes soient accompagnées d’actions concrètes, rapides et efficaces.

Ouganda : les agriculteurs asphyxiés par les produits importés

À Kampala, les étals du marché de Nakasero racontent un bouleversement silencieux : les produits ougandais cèdent la place aux importations kenyanes et tanzaniennes, moins chères et plus régulières.

Pour Benon Kisomose, agriculteur, la concurrence est déloyale : « Au Kenya, les paysans bénéficient d’aides et peuvent acheter engrais et matériel à crédit. »

Les importations alimentaires ont grimpé de 18 % en un an, franchissant le cap du milliard de dollars. Mais pour les agriculteurs locaux, le plus dur survient après la récolte : sans routes, ni stockage frigorifique, une part importante des denrées est perdue.

« Le problème, c’est l’absence de soutien local, pas les importations », souligne Agnes Kirabo, de l’Uganda Food Rights Alliance.

Malgré les appels à limiter les importations, le président Yoweri Museveni lui défend le statu quo : « Forcer les Ougandais à acheter du riz local plus cher reviendrait à les punir. »

Un reportage de Michael Baleke

Crise pétrolière : des pays pétroliers subissent leur modèle énergétique

Une nouvelle tempête secoue les marchés mondiaux : en avril 2025, le prix du pétrole brut chute de plus de 20 %, atteignant son plus bas niveau depuis quatre ans. En cause : les tensions commerciales persistantes, exacerbées par les politiques tarifaires de l’administration Trump, ainsi qu’une série de chocs économiques successifs.

Le Brent passe sous la barre critique des 70 dollars, menaçant l’équilibre budgétaire de plusieurs pays africains producteurs.

Prix du pétrole brut Brent 2025
Prix du pétrole brut Brent 2025 ///2025

Au Nigeria, premier producteur du continent, le choc est immédiat : le déficit budgétaire se creuse, ralentissant les projets d’infrastructure et les programmes sociaux. En Angola, le gouvernement révise en urgence son budget, gelant certains chantiers de développement. Le Gabon, de son côté, voit ses recettes pétrolières fondre, freinant les investissements publics et forçant une réévaluation des priorités économiques.

Face à cette crise, les appels à la diversification s’intensifient. Agriculture, technologies, énergies renouvelables : plusieurs gouvernements cherchent à bâtir des économies plus résilientes. Mais sortir de la dépendance au pétrole reste un défi colossal, tant cette ressource demeure centrale dans les budgets nationaux.

À court terme, l’enjeu est d’amortir le choc social et politique. À plus long terme, cette crise pourrait être l’électrochoc nécessaire pour accélérer les transitions économiques.