Sébastien Lecornu reste Premier ministre, annonce l'Élysée

Un Premier ministre contre vents et marées.
Le président français a reconduit dans ses fonctions l'éphémère chef du gouvernement sortant Sébastien Lecornu, dans une décision surprenante qui a mis fin à plusieurs jours de spéculations et de négociations intenses visant à sortir de l'impasse politique et à doter le pays d'un budget pour 2026.
"J'accepte - par devoir - la mission qui m’est confiée par le Président de la République de tout faire pour donner un budget à la France pour la fin de l’année et de répondre aux problèmes de la vie quotidienne de nos compatriotes", a déclaré, sur X, le Premier ministre qui vient d'être renommé.
Le "moine-soldat" du président, comme il s'était lui-même défini, a promis, entre autres, que "tous les dossiers évoqués pendant les consultations menées ces derniers jours seraient ouverts au débat parlementaire", ce qui confirmerait un non-recours à l'article 49.3.
"La nouvelle équipe gouvernementale devra incarner le renouvellement et la diversité des compétences", a déclaré celui dont le premier cabinet était tombé en moins de 15 heures, faute de consensus sur le casting.
"Incroyable"
La réaction la plus lapidaire est venue de la part de Marine Tondelier.
"Incroyable", s'est contentée de tweeter la patronne des Écologistes.
Plus tôt dans la journée, la gauche non-LFI a déjà dû accuser le coup : la nomination de l'un de ses représentants, rue de Varenne, ayant rapidement été écartée.
"Tout cela va très mal se terminer", a déclaré la patronne des Écologistes au sortir d'une ultime rencontre à l'Élysée avec Emmanuel Macron qui avait promis de nommer un chef du gouvernement d'ici à "vendredi soir".
"On a compris que nommer un Premier ministre de gauche ou écologiste n'était pas une option", a regretté Marine Tondelier, tandis que Cyrielle Chatelain, cheffe de file des députés Écologistes à l'Assemblée, a affirmé que le chef de l'État souhaitait toujours travailler avec le "socle commun", réunissant la droite et le centre, sans toutefois donner de noms.
Dans le même temps, l'entourage de Bruno Retailleau a confié à plusieurs médias que, selon le ministre de l'Intérieur démissionnaire et patron de LR, également présent à l'Élysée, l'expression "socle commun" était "morte".
Quant au parti d'Édouard Philippe, "une éventuelle participation gouvernementale sera formulée lorsque le Premier ministre sera connu", peut-on lire dans un message publié sur le compte X d'Horizons.
"Censure immédiate"
La présidente du groupe LFI à l'Assemblée, Mathilde Panot, a fustigé le pari d'Emmanuel Macron.
"Jamais un Président n’aura autant gouverné par le dégoût et la colère. Lecornu, démissionné lundi, est de nouveau nommé par Macron vendredi", a-t-elle écrit sur X, avant de proposer aux parlementaires de la gauche de l’hémicycle "de signer une motion de censure immédiate et une nouvelle motion de destitution du Président de la République", et ceci "dès ce soir".
Vendredi matin, le fondateur de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a dénoncé des "tractations folkloriques", quant à la cheffe de file des députés RN, Marine Le Pen, elle a préféré se tenir à l'écart de la capitale et critiquer, depuis Le Mans où elle est en déplacement, un "spectacle déplorable".
Après l'annonce surprise du président, la cheffe de file des députés RN a accusé l'exécutif de vouloir saboter l'adoption d'un budget dans le délai de 70 jours, prévu par la Constitution, pour, ensuite, le "passer par ordonnances".
"Les manœuvres continuent, la censure, par conséquent, s'impose et la dissolution est plus que jamais incontournable", a-t-elle martelé.
"Un moment de responsabilité collective"
En début d'après-midi, le chef de l'État a réuni les dirigeants des partis à l'Élysée, à l'exception de ceux de la France insoumise (LFI), de gauche radicale, et du Rassemblement national (RN), à l'extrême droite.
L'entrevue, a déclaré l'Élysée, devait être "un moment de responsabilité collective".
Selon les informations d'Euronews, Emmanuel Macron a averti ses interlocuteurs que s'ils ne coopéraient pas, il convoquerait des élections anticipées.
Les partis "traditionnels" sont soucieux d'éviter la dissolution, car les sondages d'opinion suggèrent que l'extrême droite pourrait en être la grande gagnante.
Le temps presse
La préparation du budget 2026 est la priorité, il doit être soumis au Conseil des ministres au plus tard le lundi 13 octobre afin d'être examiné par l'Assemblée nationale.
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, et le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, ont appelé tous les deux vendredi matin les partis à la responsabilité et à faire des compromis pour affronter le mur budgétaire.
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