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Mark Rutte, le nouveau chef de l'OTAN, hérite de multiples problèmes de sécurité

Europe • Sep 30, 2024, 3:43 PM
6 min de lecture
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Mark Rutte, le nouveau secrétaire général de l'OTAN, prend ses fonctions ce mercredi alors que l'Alliance atlantique est confrontée à d'innombrables défis. Mais l'ancien Premier ministre néerlandais est-il bien placé pour les relever ?

Âgé de 57 ans devra faire face à une Russie belliqueuse, à des relations européennes fracturées et à la menace existentielle (pour l'OTAN) d'un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.

Sur le papier, Mark Rutte, diplômé en histoire, n'était pas forcément le plus capé. Mais le Néerlandais a de l'expérience et a su faire preuve de résilience. N'a-t-il pas réussi à gouverner son pays pendant 14 ans au sein de quatre gouvernements de coalition successifs ?

À partir de ce mardi, il prendra le poste de secrétaire général d'une Alliance composée de 32 pays après le départ de l'ancien Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg.

Les élections américaines

Mark Rutte prend ses fonctions un mois seulement avant que les États-Unis ne se rendent aux urnes pour décider qui de Donald Trump ou de Kamala Harris dirigera le plus grand membre de l'OTAN.

L'inquiétude est d'autant plus grande pour les alliés de Kyiv que Donald Trump s'est toujours montré tiède dans son soutien à l'Ukraine et, plus généralement, au pacte de sécurité transatlantique.

"Il y a encore beaucoup d'inconnues sur ce qu'une deuxième administration Trump pourrait signifier pour le pacte de l'Atlantique Nord", a déclaré l'analyste Sophia Besch à Euronews.

Mais si Washington appelle à une OTAN "beaucoup, beaucoup plus petite, alors cela devient existentiel", a déclaré Mme Besch, qui est membre du Carnegie Endowment for International Peace. Mais la chercheuse estime qu'il y a des moyens de minimiser ce risque.

Elle évoque les récents débats de la campagne présidentielle, au cours desquels M. Trump s'est félicité d'avoir persuadé d'autres membres de l'OTAN de dépenser davantage pour leurs armées, suggérant que les Européens peuvent apaiser ses craintes.

"C'est probablement l'approche qui sera adoptée... il s'agira d'expliquer que les efforts de défense européens sont une réponse à la pression exercée par les États-Unis", a déclaré Mme Besch.

Si papillonner avec Donald Trump demeurera une exigence pour le nouveau secrétaire général de l'OTAN, la mission de Mark Rutte s'annoncerait moins compliquée qu'il n'y paraît car le Néerlandais "a pu établir une bonne relation de travail avec lui lorsqu'il était premier ministre", a déclaré l'ancienne porte-parole de l'OTAN, Oana Lungescu, à Euronews.

M. Rutte est considéré comme un dirigeant terre-à-terre, souvent photographié à vélo dans sa ville natale de La Haye, ou croquant une pomme lorsqu'il se rendait à une réunion depuis son bureau de Premier ministre.

Son approche amicale, mais ferme, avec Donald Trump pourrait lui être bénéfique, ainsi qu'à l'OTAN, si le républicain gagne en novembre, souligne Oana Lungescu, qui est à présent membre distinguée du groupe de réflexion Royal United Services Institute.

Des relations glaciales avec l'UE

Quel que soit le candidat à la Maison-Blanche, M. Besch et Mme Lungescu s'accordent à dire que l'Europe doit augmenter ses dépenses en matière de défense face à l'agression russe.

M. Rutte lui-même a été un "soutien très fort" de l'Ukraine, rappelle n'ex-porte-parole de l'Alliance, citant les avions de chasse, les munitions et les garanties de sécurité fournis par les Pays-Bas sous son mandat.

Cependant, la relation la plus délicate que M. Rutte devra gérer n'est peut-être pas celle avec Washington ou Kyiv mais avec celle d'une autre organisation internationale basée à Bruxelles : l'Union européenne.

L'annonce récente par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, de la nomination d'un commissaire à la défense, le Lituanien Andrius Kubilius, a suscité une réaction furieuse de M. Stoltenberg, qui craignait qu'elle n'empiète sur son pré carré.

"Ce que l'UE ne doit pas faire, c'est commencer à construire des structures de défense alternatives", a déclaré le chef de l'OTAN sortant aux journalistes, ajoutant que les pays ne peuvent avoir qu'un seul ensemble de structures de défense : "Les pays ne peuvent avoir qu'une seule série d'objectifs de capacité, ils ne peuvent pas en avoir deux, et c'est la responsabilité de l'OTAN."

Le défi de M. Rutte sera de reconstruire une relation avec l'UE qui, selon M. Besch, "ne peut pas être pire... il a du pain sur la planche".

"L'idée que ce [commissaire européen à la défense] est en quelque sorte un affront à l'OTAN montre simplement que l'UE n'a pas réussi à faire valoir ses propres arguments", a déclaré M. Besch.

Mme Lungescu, qui a travaillé avec M. Stoltenberg pendant près de dix ans, est plus optimiste, affirmant que la coopération a atteint "des niveaux sans précédent" et que M. Stoltenberg et Mme von der Leyen avaient "une très bonne alchimie" - bien qu'elle admette qu'il y aura de la "confusion" si l'UE reproduit les structures ou les normes de l'OTAN.

Mais, ajoute Mme Lungescu, "certains ont peut-être fait un peu moins confiance à M. Stoltenberg parce que son pays ne fait pas partie de l'UE" - un problème que M. Rutte, vétéran du Conseil européen, est bien placé pour résoudre.

Nos deux experts évoquent tous deux les nouvelles menaces de la Chine, dont la musculature militaire irrite de plus en plus les États-Unis.

Mais le plus grand défi de M. Rutte devrait rester la Russie.

"La dissuasion et la défense sont au cœur de l'OTAN aujourd'hui et le resteront dans un avenir prévisible", a déclaré Mme Lungescu, avant d'ajouter : "Nous vivons dans un monde dangereux qui ne le sera pas moins."