...

Logo Pasino du Havre - Casino-Hôtel - Spa
in partnership with
Logo Nextory

Les enfants ukrainiens enlevés par la Russie destinés à servir son armée ?

Europe • Nov 13, 2024, 11:51 AM
6 min de lecture
1

Plus de 19 500 enfants ukrainiens ont été enlevés par les forces russes depuis le début de la guerre d’agression de Moscou contre Kiev. À ce jour, seuls un millier d'entre eux ont été ramenés en Ukraine, selon le commissaire ukrainien aux droits de l'Homme, Dmytro Lubinets.

Moscou a commencé sa campagne de déportation lors de la première invasion de l'Ukraine en 2014. Le premier cas d'un enfant ukrainien emmené de force en Russie a été enregistré en Crimée annexée. Dix ans plus tard, les déportations se poursuivent dans les territoires ukrainiens occupés par la Russie.

La principale difficulté à laquelle sont confrontées les autorités ukrainiennes pour retrouver les enfants déportés est de retracer leur parcours, une fois sur le sol russe.

"La Fédération de Russie ne nous a jamais donné d'informations sur les enfants ukrainiens. J'ai essayé de faire appel à des organisations internationales. J'ai envoyé un grand nombre de demandes et de lettres à toutes les organisations des Nations unies, au Comité international de la Croix-Rouge pour essayer de trouver des informations sur les enfants ukrainiens, mais sans succès", explique Dmytro Lubinets.

Jusqu'à présent, l'Ukraine a réussi à trouver des informations solides 19 546 enfants confirmant qu'ils ont bien été déportés de force en Russie.

"La liste comprend des orphelins, des enfants sans parents, des enfants avec des parents et des parents ukrainiens", précise Dmytro Lubinets.

Qu'advient-il des enfants ukrainiens une fois qu'ils sont emmenés en Russie ?

Une fois les enfants ukrainiens déportés en Russie, les autorités locales tentent d'effacer tout lien avec leur pays d'origine. Les enfants subissent un "lavage de cerveau" et leurs documents officiels sont modifiés afin que leurs proches ne puissent pas les retrouver et les ramener chez eux.

"Les passeports, les certificats de naissance, toutes les informations sont également modifiées en Russie" explique Dmytro Lubinets.

Les enfants sont ensuite forcés de suivre une formation militaire. 

"Tous les enfants ukrainiens doivent être membres d'organisations militaires de jeunesse de la Fédération de Russie, même les filles, vous savez", ajoute le commissaire ukrainien aux droits de l'Homme.

"Nous voyons là tous les détails de la politique coloniale de la Fédération de Russie à l'encontre de l'Ukraine. Et je crois vraiment que l'objectif principal des Russes pour la déportation des enfants ukrainiens est de former une nouvelle génération de l'armée russe".

Poutine risque un procès devant la CPI

En mars 2023, la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye a délivré un mandat d'arrêt à l'encontre du président russe Vladimir Poutine et de la commissaire russe à l'enfance Maria Lvova-Belova pour la déportation illégale d'enfants et le transfert illégal d'enfants des zones occupées de l'Ukraine vers la Russie.

Les États-Unis, l'Union européenne et le Royaume-Uni ont tous sanctionné Maria Lvova-Belova pour son rôle présumé dans cette affaire.

La campagne de déportation menée par Moscou peut même être qualifiée de génocide selon Dmytro Lubinets. "Le génocide est un crime de guerre qui comporte cinq éléments. L'un d'entre eux est le transfert forcé d'enfants d'un groupe ethnique à un autre. C'est cela le véritable génocide".

Le président russe Vladimir Poutine avec la commissaire présidentielle aux droits de l'enfant Maria Lvova-Belova au Kremlin, à Moscou, le 31 mai 2024
Le président russe Vladimir Poutine avec la commissaire présidentielle aux droits de l'enfant Maria Lvova-Belova au Kremlin, à Moscou, le 31 mai 2024 Alexander Kazakov/Sputnik via AP

Moscou nie toutes les accusations selon lesquelles les enfants ont été déplacés de force.

Maria Lvova-Belova a même déclaré avoir "adopté" un adolescent de Marioupol, ville ukrainienne détruite et prise par la Russie au printemps 2022.

Selon Dmytro Lubinets, Kyiv dispose d'informations indiquant que ce n'est pas le seul cas, et que "d'autres chefs d'État de la Fédération de Russie y ont participé".

Alors que les autorités de Kyiv affirment ne disposer d'informations que sur des milliers d'enfants ukrainiens déportés en Russie, Maria Lvova-Belova a révélé en juillet dernier qu'environ 700 000 mineurs ukrainiens avaient été "transférés" en Russie depuis le début de l'invasion à grande échelle.

Dmytro Lubinets prévient qu'il pourrait y avoir encore plus d'enfants en danger : "Maintenant que plus de 20 % du territoire ukrainien est sous occupation russe, 1,5 million d'enfants ukrainiens vivent sur ce territoire. Et la Fédération de Russie peut déporter tous ces enfants du côté russe".

Lorsqu'on lui demande ce que Kyiv peut faire pour empêcher cela, il répond qu'il n'y a qu'un seul moyen. "Nous devons libérer l'ensemble du territoire ukrainien", a déclaré Dmytro Lubinets. "Ce n'est qu'à ce moment-là que l'Ukraine pourra mettre en place un nouveau mécanisme de réception des informations sur les enfants déportés, et c'est alors que le nombre réel sera révélé, et il sera nettement plus élevé."