Espagne : un faux tweet d'accident d'hélicoptère à Madrid pour détourner l'attention des inondations à Valence ?
Les inondations meurtrières en Espagne sont un terrain fertile pour les fausses informations et, cette fois, la principale agence de presse du pays, EFE, est au centre de l'affaire.
L'agence s'est retrouvée en eaux troubles lorsqu'elle a publié une alerte info sur X, affirmant qu'un hélicoptère s'était écrasé sur l'emblématique Torre de Cristal, ou Tour de verre, située dans le quartier d'affaires de Cuatro Torres à Madrid.
EFE a supprimé le message trois minutes plus tard, mais un peu trop tard, car il avait été vu par des milliers de personnes et largement partagé sur les réseaux sociaux.
EFE a rapidement admis son erreur, expliquant qu'un problème technique avait provoqué la diffusion accidentelle du message dans le cadre d'un exercice de formation pour des étudiants de l'agence.
"Nous présentons nos excuses pour cette erreur à tous les citoyens, et en particulier à tous nos clients", a déclaré l'agence. "L'agence EFE a pris les mesures techniques nécessaires pour éviter qu'une telle erreur ne se reproduise.
Son président, Miguel Ángel Oliver, a déclaré la même chose, ajoutant qu'il n'y avait aucune excuse pour cette erreur et qu'il en assumait l'entière responsabilité.
"Je le répète, sans ambiguïté, sans euphémisme : nous avons commis une erreur et je m'en excuse car j'en assume la responsabilité", a-t-il déclaré.
Du pain béni pour les conspirationnistes
Néanmoins, des théories conspirationnistes ont rapidement fait leur apparition en ligne, affirmant que le gouvernement avait encouragé EFE à publier ce tweet pour détourner l'attention de sa gestion des inondations à Valence et ailleurs, qui sont devenues l'une des catastrophes naturelles les plus meurtrières de l'histoire de l'Espagne.
Certains utilisateurs de médias sociaux ont souligné les liens de M. Oliver avec le Premier ministre Pedro Sánchez, dont il a été le secrétaire d'État à la Communication entre 2018 et 2021.
Néanmoins, rien ne prouve que les théories du complot soient fondées.
EuroVerify a contacté l'EFE, qui a réitéré son explication précédente concernant le message sur l'hélicoptère. Le gouvernement n'a pas répondu à nos demandes d'information au moment de la rédaction de ce rapport.
L'explication la plus probable est que les théories du complot sont apparues dans le cadre de la colère contre le gouvernement central et les gouvernements régionaux pour leur inaction perçue face aux inondations, qui ont fait au moins 222 morts.
Carlos Mazón, le président conservateur de la communauté de Valence, a été critiqué pour avoir déjeuné avec un journaliste au moment des inondations, au lieu de se concentrer sur la réponse à apporter à la crise.
Il a admis que des erreurs avaient été commises, mais a ignoré les appels à la démission.
Quant à M. Sánchez, il a été sévèrement critiqué pour ne pas avoir invoqué l'état d'urgence national afin d'arracher le contrôle de la situation aux autorités locales.
M. Sánchez et M. Mazón, ainsi que le roi Felipe et la reine Letizia, ont été accueillis par des foules en furie le 4 novembre lorsqu'ils se sont rendus dans la région de Valence pour manifester leur soutien aux personnes touchées. Les gens leur ont jeté de la boue et se sont moqués d'eux, les traitant d'"assassins".
La colère était surtout dirigée contre le premier ministre et le président de Valence, qui ont quitté les lieux plus tôt que prévu pour des raisons de sécurité. Les membres de la famille royale sont restés sur place pour dialoguer avec les habitants.
Les politiciens de tous bords ont pointé du doigt les responsables du manque de préparation, alimentant ainsi la colère.
Une autre gaffe d'EFE
En début de semaine, EFE a publié un nouveau faux message sur X, affirmant cette fois que l'écrivain espagnol Fernando Aramburu était mort d'une crise cardiaque.
Selon certaines informations, l'agence a été piégée par le journaliste italien Tommaso Debenedetti, célèbre pour la désinformation qu'il diffuse en ligne.
Tommaso aurait créé un compte X ressemblant à celui de Tusquets Editores, la maison d'édition avec laquelle Aramburu travaille, et aurait tweeté la fausse nouvelle de la mort de l'écrivain.
EFE s'est rapidement emparée de l'information et a publié sa propre alerte, avant de se rendre compte de son erreur, de supprimer le message quelques secondes plus tard et de publier un rectificatif.
Entre-temps, de nombreux autres organes de presse avaient vu l'alerte et l'avaient suivie en publiant la leur.
M. Oliver s'est à nouveau excusé pour cette erreur, déclarant que la rigueur d'EFE avait été "sérieusement endommagée par [ses] propres erreurs".
"Je tiens à m'excuser auprès des médias, des institutions, des organisations et des entreprises qui comptent sur nos services et leur font confiance", a-t-il déclaré.
M. Oliver a indiqué qu'il avait convoqué une réunion avec le conseil d'administration d'EFE afin d'introduire des mesures visant à empêcher que des incidents similaires ne se reproduisent à l'avenir.
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