L'explosion d'un canal vital : le Kosovo accuse la Serbie
Le Premier ministre Albin Kurti a déclaré que l'explosion survenue vendredi à Vrage, à 60 kilomètres au nord de la capitale Pristina, avait perturbé l'approvisionnement en eau de certaines villes et des principales centrales électriques.
Elle fait suite à deux autres explosions survenues les jours précédents contre des bâtiments de la police et des autorités locales dans la même région du nord du pays, principalement peuplée par la minorité ethnique serbe.
Kurti a blâmé "la Belgrade officielle et ses structures criminelles dirigées par Milan Radoičić, soutenues par les institutions serbes et le président de la Serbie, Aleksandar Vučić".
Radoičić, homme politique et riche homme d'affaires lié au parti populiste au pouvoir en Serbie et à M. Vučić, fait partie des 45 personnes inculpées au Kosovo dans le cadre d'une fusillade survenue l'année dernière, au cours de laquelle un policier kosovar a été tué à la suite d'une incursion d'hommes armés serbes lourdement armés.
Seuls trois Serbes ont été arrêtés et les autres sont en fuite, y compris Radoičić, qui, selon Pristina, est protégé par Belgrade.
Le ministre serbe des Affaires étrangères, Marko Đurić, a condamné l'explosion de vendredi, mais a également critiqué le "régime ethnonationaliste" de Kurti, qui s'empresse de "pointer du doigt Belgrade sans preuve".
"Nous pensons que ces accusations prématurées sont une diversion délibérée", a déclaré M. Đurić. "Ces allégations sans fondement sapent les efforts en faveur d'un dialogue constructif et ne font qu'exacerber les tensions dans une situation déjà délicate.
La Serbie « nie sans équivoque toute implication» et dénonce des «accusations sans fondement », « irresponsables » et « inquiétantes », a déclaré un peu plus tard le président serbe Aleksandar Vučić dans un communiqué transmis à l’AFP et une vidéo postée sur Instagram. Ces « allégations infondées visent à ternir la réputation de la Serbie et à saper les efforts visant à promouvoir la paix et la stabilité dans la région », a-t-il dit.
L'Union européenne et les États-Unis ont vivement dénoncé l'explosion et exigé que les auteurs soient traduits en justice.
« Ceux qui ont saboté les infrastructures essentielles au Kosovo doivent être tenus pour responsables », a insisté sur X Miroslav Lajcak, le représentant de l’UE pour le dialogue entre le Kosovo et la Serbie.
"Ces actions violentes n'ont pas leur place dans une société démocratique, et les responsables de ces attaques criminelles contre les autorités légitimes de la République du Kosovo doivent répondre de leurs actes", a déclaré l'ambassade des États-Unis à Pristina.
Les relations entre le Kosovo et la Serbie restent tendues malgré les efforts de la communauté internationale pour les normaliser.
Le Kosovo était une province serbe jusqu'à ce que la campagne de bombardement de 78 jours menée par l'OTAN en 1999 mette fin à une guerre entre les forces gouvernementales serbes et les séparatistes albanais du Kosovo, qui a fait environ 13 000 morts, principalement des Albanais de souche, et a poussé les forces serbes à se retirer. Le Kosovo a proclamé son indépendance en 2008, qui n'est pas reconnue par Belgrade.
Bruxelles et Washington exhortent les deux parties à mettre en œuvre les accords conclus entre M. Vučić et M. Kurti en février et mars de l'année dernière. Le Kosovo s'est notamment engagé à créer une association des municipalités à majorité serbe. La Serbie devrait également respecter la reconnaissance de facto du Kosovo, que Belgrade considère toujours comme sa province.
Les forces internationales de maintien de la paix dirigées par l'OTAN, connues sous le nom de KFOR, ont renforcé leur présence au Kosovo après les tensions de l'année dernière.