Roumanie : après la percée de l'extrême droite, l'incertitude plane dans le pays

Des négociations sont en cours pour former une coalition gouvernementale en Roumanie après la victoire des partis centristes pro-occidentaux et la progression des partis d'extrême droite lors des élections législatives de dimanche.

Les sociaux-démocrates (PSD) au pouvoir sont en tête avec 21 % des voix, suivis par l'Alliance pour l'Union des Roumains (AUR), un parti nationaliste d'extrême droite, avec 18 % des voix.

Le Parti national libéral (PNL) a obtenu 14,6 % des voix et l'Union pour la sauvegarde de la Roumanie (USR), de centre-droit, 11,1 %.

Marcel Ciolacu, président du PSD, s'est félicité de sa victoire, mais a fait un clin d'œil à la montée du sentiment d'extrême droite en déclarant : "Les Roumains, à ce stade, ont donné un avertissement à l'ensemble de la classe politique".

"Nous assumons à nouveau d'être une force contraignante dans la société, d'être à nouveau un facteur d'équilibre et, comme je l'ai dit pendant la campagne électorale, d'être les seuls adultes en ce moment", a déclaré M. Ciolacu.

Les deux autres principales forces centristes et le parti politique de la minorité hongroise confirment que les forces pro-européennes sont majoritaires, mais deux autres partis d'extrême droite ont également progressé, entrant au Parlement avec moins de 7 % des voix chacun.

Elena Lasconi, cheffe du parti Union Save Romania, qui a obtenu 11,1 % des voix, a déclaré : "Je tiens à vous remercier de ne pas avoir joué à la roulette russe avec la démocratie en Roumanie et avec ce droit sacré qu'est le droit de voter librement".

"Je suis une fervente défenseure de la loi et de la Constitution. Dieu nous aidera cette fois encore à rester unis, à lutter pour la démocratie et à empêcher la Russie d'entrer dans notre pays", a déclaré Elena Lasconi, ajoutant qu'elle s'efforcerait d'unir les Roumains.

Montée de l'extrême droite

Les électeurs ont réaffirmé la position pro-UE, pro-OTAN et pro-Ukraine de la Roumanie, mais la montée des partis nationalistes d'extrême droite montre que le pays est confronté à une polarisation sans précédent.

Les résultats du parlement interviennent juste après une course inattendue pour les élections présidentielles de dimanche prochain entre deux outsiders, la pro-européenne Elena Lasconi face à l'ultra-nationaliste Calin Georgescu, dont l'ascension fracassante a provoqué une participation record aux élections parlementaires de dimanche, dans ce que les forces pro-UE ont appelé un vote "d'urgence nationale".

La Roumanie, qui est le plus grand pays du flanc oriental de l'OTAN et un allié traditionnellement fidèle de l'Alliance, a été inondée de récits anti-UE et anti-Otan sur les réseaux sociaux, depuis la pandémie de Covid-19 jusqu'à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Les analystes estiment que la montée de Georgescu et des partis d'extrême droite pourrait également être le signe d'un vote de protestation contre l'establishment roumain.

Le pays souffre du taux d'inflation le plus élevé de l'Union européenne, ainsi que du déficit budgétaire le plus important.

"Je pense qu'à travers le vote d'hier, les Roumains ont voulu envoyer un message clair à leurs propres politiciens plutôt qu'à l'Europe. L'augmentation significative du soutien aux extrémistes par rapport à 2020 montre que les Roumains se sentent découragés", a déclaré l'analyste politique Adi Zabava.