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La Turquie pourrait jouer un rôle majeur dans la politique syrienne à l'avenir

Europe • Dec 17, 2024, 2:41 PM
7 min de lecture
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Tous les chemins menant à la Syrie passent désormais par Ankara.

La Turquie pourrait en effet jouer un rôle majeur dans l’avenir de la Syrie après la chute de Bachar al-Assad, le pays étant l’un des principaux soutiens des forces rebelles qui ont récemment pris le pouvoir à Damas.  

Du secrétaire d'État américain Antony Blinken à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, les dirigeants occidentaux rendent visite l'un après l'autre au président turc Recep Tayyip Erdogan pour discuter des derniers développements en Syrie.

Mais pourquoi ce soudain intérêt de la communauté internationale pour la Turquie ?

"Il ne fait aucun doute que le président turc est un personnage politique important qui entretient des relations avec tous les acteurs régionaux, y compris Vladimir Poutine", déclare Jacob Funk Kirkegaard, Senior fellow du centre de réflexion Bruegel. "Il peut donc être très difficile de déchiffrer ses véritables motivations".

"Mais la réalité est qu'aujourd'hui, la Turquie est le principal intermédiaire international à l'intérieur de la Syrie. Et pour avoir une quelconque influence sur les événements là-bas, il faut passer par la Turquie", ajoute-t-il.

Éviter une guerre civile dans le nord de la Syrie

Lundi, l'UE a chargé un diplomate de haut rang d'engager un dialogue direct avec le gouvernement provisoire mis en place en Syrie par HTC.

Mais pour Bruxelles, il est également important d'utiliser l'influence d'Ankara pour faciliter une transition en douceur qui garantisse l'unité du pays et le respect de toutes les minorités.

"La Turquie joue un rôle important au milieu de la crise syrienne. La situation y est totalement nouvelle. Le régime de Bachar al-Assad est parti pour de bon", explique à Euronews Marc Pierini, Senior Fellow à Carnegie Europe.

"Ankara est en faveur de la tolérance et de l'intégrité territoriale, comme nous le sommes en tant qu'Européens. Mais il ne faut pas oublier que la Turquie a beaucoup de troupes dans la partie nord de la Syrie".

"Nous ne savons donc pas encore comment la situation évoluera. Et l'État islamique a toujours une présence limitée en Syrie. La sécurité y est donc très importante", conclut Marc Pierini.

Les discussions entre la présidente de la Commission européenne et le président turc s'annoncent donc longues et complexes.

Ursula von der Leyen s'adresse aux journalistes lors d'une conférence de presse conjointe avec le président turc Recep Tayyip Erdogan à Ankara, le mardi 17 décembre 2024.
Ursula von der Leyen s'adresse aux journalistes lors d'une conférence de presse conjointe avec le président turc Recep Tayyip Erdogan à Ankara, le mardi 17 décembre 2024. Yavuz Ozden/AP

"Je m'attends à ce qu'Ursula von der Leyen insiste davantage sur au moins deux questions principales", déclare Jacob Funk Kirkegaard. "La première, bien sûr, est d'essayer d'établir un véritable gouvernement d'unité à Damas".

"Mais elle voudra aussi éviter que la Turquie n'engage une confrontation militaire avec les milices kurdes - à la fois en Turquie, en Irak et aujourd'hui, occasionnellement aussi en Syrie -, ce qui revient à dire qu'elle veut que la Turquie aide à la création d'un pays syrien unifié", ajoute-t-il.

Assurer un retour en sécurité des millions de réfugiés syriens

Les relations de l'UE avec Ankara ont toujours été très prudentes. De nombreux diplomates décrivent le président Erdogan comme imprévisible et, bien que la Turquie soit candidate à l'UE, les négociations d'adhésion sont actuellement au point mort.

Dans le même temps, la Turquie a reçu une aide financière de l'UE pour accueillir 3,5 millions de réfugiés syriens durant le régime de Bachar al-Assad, qu'Ankara souhaite désormais expulser.

"La Turquie souhaite que la plupart des quelque 3,5 millions de Syriens qui séjournent depuis longtemps sur son sol rentrent chez eux. Mais nous devons nous assurer que ce retour puisse se faire en toute sécurité", déclare Marc Pierini.

"Je m'attends à ce que les dirigeants turcs essaient de prolonger l'énorme aide de l'UE qu'ils ont reçue pour les réfugiés syriens en exigeant une forme d'assistance pour les aider à rentrer. C'est une question très complexe, mais je pense qu'elle fera partie de la discussion", précise-t-il.

Un milliard d'euros supplémentaires pour 2025 a été annoncé mardi par Ursula von der Leyen pour couvrir l'hébergement et l'éducation des réfugiés syriens en Turquie, mais cette aide "pourrait être adaptée" si de nouveaux besoins apparaissent, tels que les retours de Syriens dans leur pays.