L’Europe est "prête" à assumer des garanties de sécurité pour Kyiv, affirme le chef de l'OTAN
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L’Europe est "prête" à "prendre l’initiative" de fournir des garanties de sécurité à l’Ukraine, a affirmé le secrétaire-général de l’OTAN, Mark Rutte, à l’issue de la réunion d’urgence sur l’Ukraine qui s’est tenue lundi à Paris.
"L’Europe est prête et a la volonté de se renforcer, de prendre l’initiative de fournir des garanties de sécurité à l’Ukraine", a déclaré Mark Rutte, soulignant que tel était ce qu’il "retenait" de cette réunion d’urgence à Paris à l’invitation du président français Emmanuel Macron.
La réunion d’urgence de dirigeants européens "a réaffirmé" que l’Ukraine "mérite la paix par la force", ont déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen António Costa dans un message commun.
"L’Ukraine mérite la paix par la force, une paix respectueuse de son indépendance, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale", ont indiqué les deux dirigeants de l’Union européenne, à l’issue de cette rencontre d’urgence de plusieurs dirigeants européens à laquelle ils ont tous deux participé. "L’Europe assume pleinement sa part de l’assistance militaire à l’Ukraine. Dans le même temps, nous avons besoin d’un renforcement de la défense en Europe", ont-ils ajouté dans ce message.
Emmanuel Macron et Donald Trump se sont parlé au téléphone juste avant le début de la réunion sur l'Ukraine organisée à l'Elysée et réunissant une dizaine de dirigeants européens. Alors que le président américain tient l'Europe à l'écart de ses projets de discussions avec la Russie, les participants se sont retrouvé pour réfléchir à la manière de "faire plus, mieux et de manière cohérente pour notre sécurité collective", selon un conseiller du président français.
Le président français a pu compter sur la présence des chefs de gouvernement de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Italie, de la Pologne, de l’Espagne, des Pays-Bas et du Danemark, ce dernier représentant les pays baltes et scandinaves, en première ligne face à la Russie.
Ces échanges ne se limiteront a priori pas à ce sommet. "Leurs travaux pourront ensuite se prolonger dans d’autres formats, dans l’objectif de rassembler l’ensemble des partenaires intéressés à la paix et la sécurité en Europe", a précisé la présidence française.
Les dirigeants européens partagés sur l'envoi de troupes en Ukraine
Si le sujet n'est plus tabou, l’Allemagne et l’Espagne ont estimé qu’il était "trop tôt" pour discuter de l’envoi de ses troupes en Ukraine, alors que le Royaume-Uni s’est dit prêt à envoyer si nécessaire des soldats comme force de maintien de la paix dans le pays. "Il est trop tôt pour le moment pour parler de déploiement de troupes en Ukraine. Il n’y a pas de paix actuellement" et l’objectif de la diplomatie "doit être d’y parvenir dès que possible", a déclaré lors d’une conférence de presse le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares.
"Quand nous aurons la paix, alors il faudra voir quelles conditions elle exige. Quand on parle de déploiement de forces armées, il faut voir quelle est leur mission, qui peut la constituer, sous quel drapeau, avec quel mandat", a-t-il ajouté à l’issue d’une rencontre avec son homologue brésilien, Mauro Vieira.
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, s’est dit prêt dimanche à envoyer des soldats en Ukraine si cela s’avérait nécessaire, afin de "contribuer aux garanties de sécurité" pour ce pays. Il a aussi appelé les Européens à jouer un rôle plus important dans l’OTAN. L’Allemagne a, elle, jugé "prématurées" les discussions sur l’envoi d’éventuelles troupes en Ukraine, estimant qu’il fallait attendre "de voir si et comment la paix, comme nous l’espérons, s’instaure en Ukraine."
Donald Trump ne compte pas sur l’Europe
Cette rencontre intervient à un moment particulièrement délicat dans la relation transatlantique alors que les initiatives de Donald Trump, qui a repris langue avec le président russe Vladimir Poutine, inquiètent les Européens. Le président américain a annoncé cette semaine qu’il rencontrerait son homologue russe en Arabie saoudite pour engager des négociations sur l’Ukraine, où la guerre déclenchée par l’invasion russe entrera le 24 février dans sa quatrième année.
La Conférence sur la sécurité de Munich, qui s’est tenue de vendredi à dimanche, a été marquée par un discours hostile du vice-président américain J.D. Vance à l’encontre de l’Union européenne. Interrogé à Munich sur l’éventuelle participation des Européens, l’envoyé spécial de Donald Trump sur l’Ukraine, Keith Kellogg, a répondu : "Je fais partie de l’école réaliste, je pense que ça ne va pas se produire". Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de son côté exhorté ses alliés à se renforcer pour éviter un accord forgé par les Américains "dans le dos" de l’Ukraine et de l’Europe.
Budapest fustige des dirigeants "frustrés" qui veulent "empêcher un accord de paix" en Ukraine
Le gouvernement hongrois a critiqué la réunion de Paris. Viktor Orbán, l'un des rares dirigeants de l'UE à afficher sa proximité avec Donald Trump et Vladimir Poutine, n'a pas été convié à cette rencontre informelle.
"Aujourd'hui, à Paris, des dirigeants européens frustrés, pro-guerre et anti-Trump se réunissent pour empêcher un accord de paix en Ukraine", a déclaré le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, en marge d'une conférence de presse au Kazakhstan, retransmise sur son compte Facebook. "Contrairement à eux, nous soutenons les ambitions de Donald Trump. Contrairement à eux, nous soutenons des négociations entre la Russie et les États-Unis", a-t-il ajouté.
Viktor Orbán ne cesse de plaider pour un cessez-le-feu et la mise en place de discussions de paix, tout en refusant d'envoyer de l'aide militaire à Kiev. Depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, il s'estime conforté dans ses positions et déplore "l'impuissance" de l'UE, tenue à l'écart des pourparlers organisés par Washington.
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