L'UE approuve une nouvelle série de sanctions contre la Russie
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L'Union européenne a accepté mercredi d'imposer une nouvelle série de sanctions contre la Russie, alors que Donald Trump prône des négociations sur le sort de l'Ukraine - qui snobent Bruxelles aussi bien que Kyiv, - ce qui a jeté le doute sur la viabilité à long terme de ces restrictions sévères.
Le secrétaire d'État de M. Trump, Marco Rubio, a laissé entendre que l'Europe serait finalement appelée à la table des négociations pour discuter de l'allègement des sanctions contre le Kremlin.
"Il y a d'autres parties qui ont des sanctions, l'Union européenne devra être à la table à un moment donné parce qu'elle a aussi des sanctions qui ont été imposées", a déclaré Rubio mardi après avoir rencontré son homologue russe en Arabie saoudite.
Selon le chef de la diplomatie allemande, des concessions devraient être faites par "toutes les parties". Interrogé sur l'exclusion de l'Europe du processus, il a répondu : "Personne n'est mis à l'écart".
Toutefois, l'Union européenne tient à maintenir sa politique punitive, du moins pour l'instant.
L'accord conclu mercredi entre les ambassadeurs a été délibérément programmé pour arriver à la veille du troisième anniversaire de l'invasion, que le collège des commissaires s'apprête à marquer par une visite conjointe à Kyiv. Il s'agit du 16ᵉ paquet de restrictions depuis février 2022.
Les nouvelles sanctions introduisent une interdiction des importations d'aluminium primaire russe, une idée qui a été discutée dans le passé, mais qui n'a jamais été approuvée en raison de la réticence de certains États membres qui s'inquiétaient de son impact économique.
L'aluminium brut russe représente environ 6 % des importations d'aluminium de l'UE, une part qui a diminué au cours des dernières années, les fabricants européens s'étant détournés des fournisseurs russes.
L'UE avait déjà interdit certains produits en aluminium en provenance de Russie, tels que les fils, les tubes et les tuyaux, même si ceux-ci ne représentaient qu'une fraction des achats. Désormais, l'interdiction est étendue à l'aluminium primaire, vendu sous forme de lingots, de plaques et de billettes, qui représente la majeure partie de la valeur importée.
Outre le métal brut, le dernier train de sanctions élargit la liste noire aux pétroliers appartenant à la "flotte fantôme" de la Russie, que le Kremlin a déployée pour contourner les restrictions occidentales sur le commerce du pétrole et maintenir une source de revenus cruciale pour financer la guerre contre l'Ukraine.
Cette flotte se compose de navires anciens, non assurés, soupçonnés de pratiques trompeuses, notamment de transmettre des données falsifiées, d'éteindre leurs transporteurs pour devenir invisibles et de procéder à de multiples transferts de navire à navire pour dissimuler l'origine de leurs barils de pétrole.
L'état de ces navires est si mauvais que Bruxelles craint qu'ils ne déversent du pétrole et ne provoquent une catastrophe écologique à proximité du territoire de l'Union européenne.
La pression politique est à son comble après plusieurs incidents en mer Baltique où la "flotte fantôme" a été accusée de saboter des câbles sous-marins.
La "flotte de l'ombre" est estimée à environ 600 navires, mais aucun chiffre officiel n'existe en raison du secret de l'information entretenu par le Kremlin.
La Chine et l'Inde sont aujourd'hui les principaux acheteurs de pétrole russe, qui est souvent raffiné sur leur territoire et revendu sur le marché européen sous une autre étiquette.
Selon des diplomates, le nouveau train de sanctions de l'UE met à l'index 73 navires soupçonnés de faire partie de la "flotte fantôme". Cela porte le nombre total de navires à 153.
Tous se voient refuser l'accès aux ports et aux services de l'UE.
Le texte juridique de l'Union a été révisé pour permettre l'inscription sur liste noire des propriétaires et des exploitants de navires de la "flotte fantôme", y compris les capitaines.
En outre, les nouvelles sanctions excluent 13 banques russes du système électronique SWIFT et suspendent les licences de diffusion de huit médias russes.
L'adoption formelle est attendue lundi lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères à Bruxelles.
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