Le catalan, une "mesure linguistique juste" pour le président catalan Salvador Illa
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Lors de sa récente visite à Bruxelles, le président de la Catalogne Salvador Illa a fait de la reconnaissance du catalan comme langue officielle de l'Union européenne l'un de ses principaux objectifs.
Le catalan, parlé par environ 10 millions de personnes en Catalogne, dans la Communauté valencienne, les îles Baléares, en Andorre et dans certaines régions de France et d'Italie, cherche, aux côtés du basque et du galicien, à rejoindre les 24 langues officielles de l'UE.
Salvador Illa considère cette démarche comme un impératif pour ses citoyens. "Accorder le statut officiel à ces langues, c'est dire aux habitants de Catalogne, de Galice et du Pays basque : 'vous faites pleinement partie de l'Europe'", a-t-il déclaré.
L'Union européenne dispose actuellement de 24 langues officielles. Tous ses actes juridiques et traités sont traduits dans ces langues, et les sessions plénières du Parlement européen ainsi que les réunions du Conseil européen et du Conseil de l'Union européenne sont interprétées dans chacune d’elles. Pour Salvador Illa, "ce n'est pas une simple question de traduire plus ou moins de documents, mais de respecter l'identité des citoyens européens."
L'Espagne prête à financer l'ajout du catalan aux langues officielles de l'UE
Bruxelles estime que l'inclusion d'une nouvelle langue coûterait près de 44 millions d'euros par an, en tenant compte de l'adaptation des documents et du recrutement d'interprètes et de traducteurs. Si la proposition est adoptée, l'Espagne s'engage à en couvrir les frais.
Actuellement, le catalan peut être utilisé au Conseil de l'Union européenne si les ministres en font la demande plusieurs semaines à l'avance, comme cela a été le cas en septembre 2024, lorsque le ministre espagnol de l'Industrie, Jordi Hereu, a parlé catalan lors d'une réunion pour la première fois en 20 ans. Parallèlement, le Parlement européen examine la possibilité d'inclure ces trois langues dans les sessions plénières.
Une demande partagée par le Pays Basque et la Galice
Obtenir le soutien unanime des 27 États membres pour faire des trois langues officielles de l'UE pourrait s'avérer difficile. Cette proposition a été formulée par le gouvernement de Pedro Sánchez dans le cadre d'un accord pour obtenir le soutien des partis indépendantistes, en particulier de Junts per Catalunya, dirigé par l'ex-président catalan Carles Puigdemont.
Cependant, cette démarche suscite des interrogations dans plusieurs pays de l'UE, qui y voient une manœuvre politique de la part de Sánchez.
"C'était une demande de ce parti politique, mais c'est aussi une demande partagée par de nombreuses personnes, pas seulement en Catalogne, mais aussi au Pays basque et en Galice...", a déclaré Salvador Illa. "Ce n'est pas, disons, une question politique, ni une revendication politique. Je le vois sous un autre angle : c'est une mesure juste d'un point de vue linguistique. Il y a 20 millions de citoyens qui parlent ces langues officielles."
Ancrer la Catalogne dans le projet européen
Pour Salvador Illa, cette visite à Bruxelles marque son deuxième déplacement depuis son investiture en tant que président de la Catalogne il y a six mois. Le responsable socialiste a fait de Bruxelles l'une de ses priorités, en nommant Jaume Duch, ancien porte-parole du Parlement européen, au poste de ministre des Affaires européennes et étrangères.
L'un de ses objectifs est de relancer totalement les relations entre la Catalogne et l'Union européenne. "C'est notre aspiration et je pense que nous allons y parvenir. Nous voulons être pleinement impliqués dans la construction européenne, dans le projet européen, dans un monde en constante évolution qui ne laisse d'autre choix que de renforcer ce projet européen", a déclaré Salvador Illa.
Lors de son déplacement la semaine dernière, il a rencontré le président du Conseil européen, António Costa, et la vice-présidente de la Commission européenne, Teresa Ribera. Mais il n'est pas le premier à tenter de briser le blocage auquel la Catalogne a été confrontée pendant la décennie marquée par le référendum pour l'indépendance, le fameux Procés.
L'ex-président catalan et leader indépendantiste, Pere Aragonès, avait déjà rencontré certains membres de la Commission européenne en 2022, une première pour un dirigeant catalan depuis plusieurs années.
Aujourd'hui, pour la première fois depuis plus de 10 ans, la Catalogne a un président opposé à l'indépendance. "Je respecte tous les projets politiques, mais mon point de vue est qu'en ce monde en rapide mutation, nous devons renforcer ce qui nous unit et non souligner ce qui nous divise", a ajouté Salvador Illa.
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