Jean Pormanove : ouverture d'une enquête judiciaire après la mort du streameur français de 46 ans

Les autorités françaises ont ouvert une enquête après la mort d'un homme de 46 ans qui diffusait en direct des vidéos où il était victime d'humiliations physiques et psychologiques.
Raphaël Graven - connu sous le nom de Jean Pormanove ou JP - avait acquis une audience de plus d'un million de personnes sur diverses plates-formes en ligne, notamment le service de diffusion en direct Kick.
Cette plateforme australienne de livestreaming dispose de règles de modération plus souples que son principal concurrent, le géant américain Twitch. Le site Mediapart avait déjà alerté en décembre 2024 sur "des humiliations et des violences" diffusées en direct sur Kick.
La ministre du Numérique déplore "une horreur absolue"
Les procureurs français ont annoncé que Jean Pormanove était décédé lundi dans une propriété du village de Contes, près de Nice, après avoir été soumis à des violences et à des privations de sommeil pendant dix jours.
Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent plusieurs hommes en train de l'étouffer et de le battre en direct. Dans une séquence, ils remarquent que Jean Pormanove est inanimé alors qu'il est allongé sur un matelas et interrompent alors rapidement la diffusion.
Les participants au livestream ont tous été bannis par la plateforme Kick en attente des conclusions de l'enquête.
Le parquet a ordonné une autopsie, qui doit avoir lieu jeudi, tandis que la police judiciaire de Nice, chargée des investigations, a déjà effectué "de nombreuses saisies de matériels et vidéos".
"Le décès de Jean Pormanove et les violences qu’il a subies sont une horreur absolue", déclare Clara Chappaz, ministre française du Numérique et de l'Intelligence artificielle. "Jean Pormanove a été humilié et maltraité pendant des mois en direct sur la plateforme Kick. Une enquête judiciaire est en cours".
Sarah El Haïry, haut commissaire à l'enfance de la France, a également qualifié la mort du streameur d'"horrifiante".
"Les plateformes ont une responsabilité immense dans la régulation des contenus en ligne afin que nos enfants ne soient pas exposés à des contenus violents. J’appelle les parents à la plus grande vigilance", écrit-elle sur X.
"On était vraiment à des années-lumière de penser qu'il pouvait arriver quelque chose comme ça"
La plateforme Kick a assuré qu'elle "examinait d'urgence" les circonstances entourant la mort du streameur et qu'elle collaborerait pleinement avec l'enquête des autorités.
"Nous sommes profondément attristés par la perte de Jean Pormanove et présentons nos condoléances à sa famille, ses amis et sa communauté", a déclaré un porte-parole.
"Les directives communautaires de Kick sont conçues pour protéger les créateurs, et nous restons déterminés à faire respecter ces normes sur l'ensemble de notre plateforme".
Le frère de Naruto, un utilisateur de Kick qui prenait régulièrement part aux humiliations envers Jean Pormanove, a déclaré mercredi que le contenu était "scénarisé" à des fins de divertissement.
"C'était du contenu très trash, comme les gens disent, mais on assumait totalement. C'était quand même assez contrôlé, scénarisé, mais on faisait en sorte que ça paraisse spectaculaire. Ça restait dans le cadre du divertissement et du streaming. On était vraiment à des années-lumière de penser qu'il pouvait arriver quelque chose comme ça".
À une époque où la réalité rattrape de plus en plus la science-fiction, plusieurs utilisateurs de réseaux sociaux ont établi un parallèle entre la mort de Raphaël Graven et la série dystopique britannique Black Mirror.
Dans un épisode récent, un homme se fait du mal sur une plateforme de livestreaming en échange d'une rémunération de la part des téléspectateurs afin de financer un traitement de survie pour sa femme malade.
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