Viols de Mazan : l'ultime accusé ayant maintenu son appel condamné à dix ans de prison

Le tentaculaire procès des viols de Mazan est arrivé à son terme, ce jeudi 9 octobre. La cour d'assises d'appel du Gard a condamné le seul accusé à avoir maintenu son appel à dix ans de prison, soit un an de plus qu'en première instance.
Husamettin Dogan, ex-ouvrier du bâtiment de 44 ans, a également été condamné à un suivi socio-judiciaire avec injonction de soins pendant cinq ans, a annoncé le président Christian Pasta, au terme d'une audience qui a duré quatre jours.
Le ministère avait requis douze ans de prison contre celui qui a été reconnu coupable de viols sur Gisèle Pelicot.
Husamettin Dogan affirme avoir été piégé
Comme lors de son procès en première instance, Husamettin Dogan a continué de nier avoir voulu violer la septuagénaire qu'il dit "respecter". Il affirme avoir été "piégé" par le "manipulateur" Dominique Pelicot. Ce dernier a drogué sa femme avant de l'offrir à des inconnus trouvés en ligne et de filmer les agressions.
L'accusé a assuré avoir cru participer au jeu consenti d’un couple liberté et affirmé n’avoir "jamais su qu’elle était droguée".
Un argumentaire contesté par le chef d’enquête, qui a déclaré qu'il avait "pleinement conscience de l'état de la victime". "Toute personne qui voit les vidéos le comprend immédiatement", a-t-il ajouté, au deuxième jour du procès en appel, précisant que si Dominique Pelicot a pu être "un peu directif", "il n’y a aucune contrainte physique, aucune menace", comme l’affirme l’accusé.
En prenant exemple sur les photos et vidéos retrouvées sur un disque dur, le commissaire divisionnaire Jérémie Bosse-Platière a affirmé qu'Husamettin Dogan "s'inquiétait de l'éventuel réveil" de Gisèle Pelicot."Au bout de 30 secondes, voyant que c'était un réflexe dû à la douleur ou à la gêne, il va réintroduire son sexe dans son vagin", a-t-il ajouté.
"J'ai honte pour vous"
"À quel moment je vous ai donné le consentement ? Jamais", a lancé Gisèle Pelicot à Husamettin Dogan. Lors de la confrontation, mercredi, la victime lui a demandé "d'assumer" avant d'affirmer avoir "honte" pour lui. "Vous n'avez pas compris, ce qu'est un viol. À quel moment vous allez reconnaître que c'est un crime", a-t-elle interrogé.
Toujours la tête haute, Gisèle Pelicot a assuré qu'elle était la seule victime dans cette affaire. "Bien évidemment, Dominique Pelicot est responsable de ma souffrance, mais Husamettin Dogan et les 50 autres aussi", a-t-elle déclaré.
Lors du procès de décembre dernier, Dominique Pelicot a été condamné à vingt ans de prison, tandis que les autres accusés ont été condamnés à des peines allant de trois à quinze ans d'emprisonnement.
Le procès a attiré l'attention de la communauté internationale après que Gisèle Pelicot a renoncé à son droit à l'anonymat. "Je n'ai pas à avoir honte. La honte doit changer de camp", a-t-elle assuré le jour de l'ouverture du procès. Depuis, Gisèle Pelicot est devenue un symbole de la lutte contre les violences sexuelles et cette affaire a déclenché une prise de conscience nationale sur la culture du viol et le problème de la soumission chimique en France. En juillet, elle a été faite chevalier de la Légion d'honneur, la plus haute distinction française.
Désormais, Gisèle Pelicot pourra se concentrer sur sa reconstruction. "C'est en bonne voie", a-t-elle assuré. "J'ai le sentiment d'être allé au bout de cette épreuve. Je souhaite ne jamais retourner dans un tribunal de ma vie. Moi, le mal est fait", a-t-elle également assuré.
Today