Nicolas Sarkozy est arrivé à la prison de la Santé pour y être incarcéré

Nicolas Sarkozy devient ce mardi le premier ancien président français à être incarcéré. Il doit purger à la prison de la Santé à Paris une peine de cinq ans après sa condamnation pour association de malfaiteurs dans l'affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.

Avant son départ pour la prison, un rassemblement de soutien s'est tenu devant son domicile dans le XVIe arrondissement de la capitale. Parmi la centaine de personnes réunies, figurait Henri Guaino un de ses anciens conseillers, mais aussi la famille de l'ancien président au grand complet.

Nicolas Sarkozy a redescendu l'impasse au bout de laquelle se situe son domicile avant de saluer la foule présente, aux cris de "Nicolas, Nicolas !", ou "Sarkozy, président !". Il a ensuite pris place dans une voiture avant d'être conduit en prison, escorté par une escouade de motards de la police, et de la presse.

Alors qu’il était en route vers la prison de la Santé, Nicolas Sarkozy a publié un message sur X, juste avant son incarcération, prenant les français à temoin, et dénonçant une fois encore ce qu'il a qualifié de "scandale judiciaire"

Que va-t-il se passer à partir 'aujourd'hui ?

Après un jugement sans précédent rendu le mois dernier, le tribunal de Paris a décidé que Nicolas Sarkozy commencerait à purger sa peine de prison sans attendre l'examen de son appel, en raison de "la gravité du trouble à l'ordre public causé par l'infraction".

En vertu de cette décision, l'ancien président français ne pourra déposer une demande de mise en liberté auprès de la cour d'appel qu'une fois qu'il sera derrière les barreaux, et les juges auront alors jusqu'à deux mois pour traiter la demande.

"Une demande de remise en liberté sera faite rapidement" par ses avocats. "Une seule nuit en prison est une nuit de trop", a déclaré sur la chaîne BFM TV son avocat, maître Christophe Ingrain.

Le parquet national financier a informé Nicolas Sarkozy des modalités de sa détention lundi dernier, mais les détails n'ont pas été rendus publics.

Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a confirmé qu'il lui rendrait personnellement visite pour s'assurer que les conditions de sécurité sont remplies.

La prison de La Santé

Avant son incarcération, Nicolas Sarkozy a déclaré au journal Le Figaro qu'il s'attendait à être placé à l'isolement, c'est-à-dire à l'écart des autres détenus pour des raisons de sécurité. Une autre possibilité est qu'il soit détenu dans la section de la prison réservée aux détenus "vulnérables", connue familièrement sous le nom de section VIP.

Dans ce quartier, il pourrait avoir sa propre chambre dans l'une des 18 cellules identiques de 9 mètres carrés situées dans une aile séparée des autres détenus de la prison générale.

D'anciens détenus de La Santé ont décrit leur expérience et ce à quoi l'ancien président peut s'attendre. La prison, inaugurée en 1867, a été entièrement rénovée ces dernières années.

"Ce n'est pas Nicolas Sarkozy, président de la République, qui arrive... C'est un homme qui vivra comme tout le monde", a écrit Pierre Botton, ancien homme d'affaires devenu auteur, incarcéré dans le quartier sensible de La Santé entre 2020 et 2022 pour détournement de fonds d'une association caritative.

Ce dernier, qui dit connaître Nicolas Sarkozy depuis des décennies, doute que l'ancien président bénéficie de nombreux privilèges en prison. "Même si vous êtes président de la République, même si vous êtes un homme très riche, vous ne décidez de rien."

Sarkozy garde la "tête haute"

L'ancien président a nié tout acte répréhensible et a protesté contre la décision selon laquelle il doit être emprisonné en attendant l'appel.

"Je n'ai pas peur de la prison. Je garderai la tête haute, y compris devant les portes de La Santé", a déclaré Nicolas Sarkozy au journal La Tribune Dimanche. "Je me battrai jusqu'au bout."

La Tribune Dimanche rapporte que Nicolas Sarkozy a préparé son sac de prison avec des vêtements et dix photos de famille qu'il est autorisé à apporter.

Il a également déclaré au Figaro qu'il apporterait trois livres - le maximum autorisé - dont "Le Comte de Monte-Cristo" en deux volumes et une biographie de Jésus-Christ. Le héros du "Comte de Monte-Cristo", de l'auteur français Alexandre Dumas, s'échappe d'une île-prison où il a passé 14 ans avant de se venger.