Nord Stream : un tribunal italien revalide l'extradition d'un suspect ukrainien vers l'Allemagne

Retournement de situation dans la saga juridique autour du sabotage du gazoduc Nordstream. Ce lundi 27 octobre, la cour d'appel de Bologne, en Italie, a tranché en faveur de l'extradition, vers l'Allemagne, d'une personne de nationalité ukrainienne suspectée d'être à l'origine du dynamitage du gazoduc, en 2022, a annoncé son avocat, Nicola Canestrini.

Ce dernier a d'ores et déjà indiqué se pourvoir en cassation contre cette décision. L'extradition avait déjà été bloquée, le 15 octobre dernier, par la plus haute cour judiciaire italienne, qui avait jugé contraire à la loi la requalification en "acte de terrorisme" les faits qui lui sont reprochés, l'infraction ayant été qualifié de "sabotage" par les autorités allemandes.

Le parquet fédéral allemand accuse Serhii Kuznietsov, 49 ans, d'avoir provoqué l'explosion d'un engin explosif et d'avoir commis un sabotage.

Dans l'attente de la décision de la Cour de cassation, l'Ukrainien restera en détention en Italie.

Un mandat d'arrêt européen avait conduit à l'arrestation de Serhii Kuznietsov en Italie, le 21 août dernier. Il était alors en vacances avec sa famille sur la côte adriatique. Depuis, il est derrière les barreaux dans une prison de haute sécurité en Italie et risque, en Allemagne, jusqu'à quinze ans de prison.

L'immunité demandée

Le principal suspect continue de nier les faits et assure qu'il était présent en Ukraine au moment des faits.

Son avocat met en avant son statut de militaire de son client, faisant du gazoduc "une cible militaire légitime" en raison de la guerre que mène la Russie en Ukraine. Il met également en avant l'immunité reconnue par un tribunal polonais pour un autre suspect ukrainien dans la même affaire et demande que le tribunal italien fasse de même.

Les explosions du 26 septembre 2022 ont endommagé les gazoducs, qui ont été construits pour transporter le gaz naturel russe vers l'Allemagne sous la mer Baltique.

Les explosions ont eu lieu alors que l'Europe tentait de se couper des sources d'énergie russes à la suite de l'invasion totale de l'Ukraine par le Kremlin en février 2022. Elles ont provoqué la rupture du gazoduc Nord Stream 1, qui était la principale voie d'approvisionnement en gaz naturel de la Russie vers l'Allemagne jusqu'à ce que la Russie interrompe ses livraisons à la fin du mois d'août de la même année.

Elles ont également endommagé le gazoduc Nord Stream 2, qui n'est jamais entré en service, car l'Allemagne a suspendu son processus de certification peu avant que la Russie n'envahisse l'Ukraine en février de la même année.