Des milliers d'agriculteurs britanniques protestent contre la hausse des droits de succession
Des milliers d'agriculteurs britanniques se sont rassemblés mardi devant le Parlement pour protester contre la récente décision du gouvernement d'augmenter les droits de succession.
Cette décision, annoncée dans le budget du gouvernement le mois dernier, mettrait fin à un avantage fiscal datant des années 1990 qui exonère les biens agricoles de l'impôt.
À partir d'avril 2026, les exploitations agricoles d'une valeur supérieure à 1 million de livres sterling (1 197 millions d'euros) seront ainsi soumises à un impôt de succession de 20 %.
Les agriculteurs britanniques affirment qu'une telle hausse pourrait être fatale aux exploitations familiales qui luttent déjà contre l'impact du changement climatique, l'instabilité mondiale et les bouleversements causés par le Brexit.
Une décennie difficile pour les agriculteurs britanniques
Les manifestants ont fait le tour de la place du Parlement après un rassemblement au cours duquel des orateurs se sont exprimés, notamment l'animateur de télévision et célèbre agriculteur Jeremy Clarkson.
Près de 1 800 agriculteurs ont par ailleurs été invités au Parlement pour un "lobby de masse" organisé par l'Union nationale des agriculteurs (NFU).
"L'impact humain de cette politique est tout simplement inacceptable, c'est une erreur", affirme Tom Bradshaw, président de la NFU. "Elle met à mal la sécurité alimentaire britannique".
La dernière décennie a été mouvementée pour les agriculteurs britanniques. Nombre d'entre eux ont soutenu le Brexit afin de pouvoir sortir de la politique agricole commune de l'UE, complexe et très critiquée.
Depuis lors, le Royaume-Uni a introduit des changements tels que la rémunération des agriculteurs pour la restauration de la nature et la promotion de la biodiversité, ainsi que pour la production de denrées alimentaires.
Mais beaucoup affirment avoir été déçus par les gouvernements conservateurs précédents ainsi que par l'administration travailliste de Keir Starmer, à laquelle ils reprochent des retards bureaucratiques, un manque de subventions pour suivre l'inflation et de nouveaux accords commerciaux avec des pays comme l'Australie et la Nouvelle-Zélande, qui ont ouvert la porte à des importations bon marché.
Une décision "difficile" pour le gouvernement britannique
Pour de nombreux agriculteurs britanniques, cette mesure est "la goutte d'eau qui fait déborder le vase".
"Quatre des cinq dernières années, nous avons perdu de l'argent", explique M. Harrison, un agriculteur qui cultive des céréales près de Liverpool, dans le nord-ouest de l'Angleterre. "Si je continue, c'est pour mes enfants".
Le gouvernement de centre-gauche de Keir Starmer affirme que la "grande majorité" des exploitations agricoles - environ 75 % - n'auront pas à payer de droits de succession et que divers mécanismes permettront à des agriculteurs de transmettre à leurs enfants un patrimoine d'une valeur maximale de 3 millions de livres sterling (3,591 millions d'euros) sans impôt, sous certaines conditions.
Cette taxe de 20 % représente la moitié de l'impôt sur les successions de 40 % appliqué sur les autres terres et biens immobiliers au Royaume-Uni.
Camilla Marshall, porte-parole du Premier ministre britannique, affirme que la décision relative à la taxe a été "difficile" mais que le gouvernement n'envisageait pas de la supprimer.
Les partisans de cette taxe affirment qu'elle permettra de récupérer l'argent des personnes fortunées qui ont acheté des terres agricoles à titre d'investissement et entraîné une hausse du prix des terrains.
Today