En Corée du Sud, la Cour constitutionnelle lance l'examen de la destitution du président Yoon
L'avenir politique de Yoon Suk-yeol est désormais entre les mains de la Cour constitutionnelle sud-coréenne. Celle-ci tient ce lundi une première réunion pour discuter du calendrier de la procédure de destitution qui vise le président déchu par le parlement pour sa tentative ratée d'imposer la loi martiale.
La Cour constitutionnelle a environ six mois pour se prononcer sur la validité de la motion de destitution adoptée samedi soir par les députés, qui ont ainsi suspendu l'impopulaire dirigeant et sanctionné la brève loi martiale de la nuit du 3 au 4 décembre.
"La première audience préparatoire au procès aura lieu le 27 décembre, vendredi, à 14 heures. Lors de cette audience, la cour obtiendra un rapport d'enquête du bureau du procureur et de la police" explique Lee Jin, responsable des affaires publiques de la Cour constitutionnelle sud-coréenne.
Si la Cour constitutionnelle confirme la motion de destitution, Yoon Suk-yeol sera déposé et une élection présidentielle devra être tenue dans les deux mois. Le vainqueur serait investi dès le lendemain du résultat, sans l'habituelle période de transition.
Pendant ce laps de temps de huit mois maximum, le Premier ministre Han Duck-soo assurera l'intérim. Il s'est engagé à faire tout son possible pour garantir une "gouvernance stable".
La validation nécessite le soutien d'au moins six des neuf juges, mais la Cour n'en compte actuellement que six, ceux-ci devront donc voter à l'unanimité en faveur de cette mesure.
Une Cour sous pression de la rue
Néanmoins, l'issue ne fait guère de doute selon la plupart des experts, tant les violations de la Constitution et de la loi reprochées à l'ex-procureur star sont flagrantes.
D'importantes manifestations anti-Yoon se sont multipliées depuis son coup de force, comme de plus petits rassemblements en son soutien, et des protestataires des deux camps ont affirmé qu'ils continueraient à battre le pavé jusqu'au rendu de la Cour.
Le chef de l'opposition, Lee Jae-myung, a estimé dimanche qu'une décision rapide était "la seule façon de limiter le trouble national et d'alléger les souffrances de la population".
Vedette de la politique empêtrée dans des affaires qui pourraient toutefois lui coûter son éligibilité, Lee Jae-myung fait figure de favori auprès des analystes, en cas de nouveau scrutin. En 2022, il avait perdu contre Yoon Suk-yeol avec l'écart le plus mince de toute l'histoire de la Corée du Sud.
Refus de se présenter devant la justice
*Yoon Suk-yeol est par ailleurs sous le coup d'une enquête pénale pour "rébellion", un crime théoriquement passible de la peine de mort, et n'a plus le droit de quitter le pays*. Il a "refusé" de se présenter dimanche à la justice, les procureurs ayant annoncé qu'ils le convoqueraient une deuxième fois.
Dans une procédure distincte, une équipe d'enquêteurs de la police, de l'agence anticorruption et du ministère de la Défense cherche aussi à interroger Yoon Suk-yeol, d'après l'agence Yonhap.
Si la destitution de Yoon Suk-yeol était confirmée, il deviendrait le deuxième président sud-coréen officiellement démis de ses fonctions. Pour Park Geun-hye, tombée en premier pour corruption en 2017, la Cour avait entériné la décision du Parlement quatre-vingt douze jours après son vote.
Il existe cependant un précédent inverse. En mars 2004, les députés avaient également adopté une motion de destitution contre Roh Moo-hyun, mais elle a été invalidée deux mois plus tard par la Cour constitutionnelle.
La Corée du Nord, qui distille ses réactions au compte-gouttes depuis le début des troubles chez son voisin, a qualifié lundi Yoon Suk-yeol de "chef de la rébellion", selon l'agence officielle KCNA. Comme à l'accoutumée, Yoon Suk-yeol a aussi été traité de "marionnette" par les médias d'État nord-coréens, qui le considèrent à la botte des États-Unis.
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