L'Ukraine "n'aurait jamais dû commencer" la guerre, affirme Donald Trump
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Le président américain Donald Trump a rejeté mardi les objections de l'Ukraine à son exclusion des pourparlers entre les États-Unis et la Russie en Arabie saoudite visant à mettre fin à la guerre dans l'est de l'Ukraine.
Il a également semblé suggérer que l'Ukraine était responsable d'une guerre qui n'a commencé qu'après l'invasion de ce pays par la Russie, à l'est et en Crimée en 2014, et avec l'invasion à grande échelle en 2022.
S'adressant aux journalistes depuis son domaine de Mar-a-Lago, M. Trump a déclaré : "Aujourd'hui, je (les) ai entendus dire 'nous n'avions pas été invités'. Cela fait trois ans que vous êtes là. Vous auriez dû y mettre fin il y a trois ans. Vous n'auriez jamais dû commencer".
M. Trump a fait preuve de peu de patience face aux objections de l'Ukraine concernant son exclusion des pourparlers en Arabie saoudite. Il a répété à plusieurs reprises que les dirigeants ukrainiens n'auraient jamais dû permettre le déclenchement du conflit, indiquant que Kyiv aurait dû être prêt à faire des concessions à la Russie avant que celle-ci n'envoie des troupes en Ukraine il y a presque 3 ans.
D'ailleurs, lors des pourparlers entre les États-Unis et la Russie en Arabie saoudite, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a justifié l'invasion massive de la Russie en rejetant la responsabilité de la guerre sur l'Ukraine et l'Occident. Il a répété les thèses de propagande du Kremlin sur les prétendues « causes profondes » de la guerre, notamment l'expansion de l'OTAN et la « discrimination » à l'encontre de la population russophone en Ukraine.
Lavrov a également réitéré les exigences de longue date de Vladimir Poutine depuis la fin de l'année 2021, notamment la neutralité de l'Ukraine, le refus d'adhérer à l'OTAN, la limitation de la taille de l'armée ukrainienne et le retrait effectif du gouvernement ukrainien du pouvoir.
Sean Savett, qui était porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche sous la présidence de Joe Biden, a déclaré dans un message sur les réseaux sociaux : « On dirait que Trump a gobé la propagande de Poutine sans broncher. »
« Un rappel dont personne ne devrait avoir besoin : Poutine a déclenché la guerre en envahissant l'Ukraine sans provocation et ses forces ont commis des crimes de guerre contre le peuple ukrainien. La Russie est la partie responsable de la poursuite de cette guerre. »
Lien transatlantique en péril ?
Ces commentaires et l'objectif de Trump de rétablir les liens avec Moscou pourraient coûter cher à l'alliance transatlantique des États-Unis et de l'Europe et nuire considérablement à la position de Washington vis-à-vis de l'Ukraine et d'autres nations qui comptent sur le leadership des États-Unis au sein de l'OTAN et ailleurs pour assurer leur sécurité et leur protection.
"(Même) un négociateur malhabile aurait pu régler cette question il y a des années sans perdre beaucoup de terrain, très peu de terrain, sans perdre de vies", a déclaré M. Trump, faisant écho à son affirmation fréquente selon laquelle il aurait pu empêcher l'invasion russe.
M. Trump a déclaré qu'il pensait avoir une "bonne chance" de mettre fin à la guerre de la Russie en Ukraine, mais il s'est insurgé contre les suggestions selon lesquelles les États-Unis et la Russie avaient entamé des négociations pour mettre fin aux combats qui se déroulaient sans que l'Ukraine joue un rôle.
Pas d'intention d'exclure l'Europe
Ni l'Ukraine ni les pays européens n'ont été invités aux pourparlers de mardi à Riyad, mais des responsables américains ont déclaré qu'il n'était pas question de les exclure des négociations de paix si elles commençaient réellement.
"Personne n'est mis à l'écart", a déclaré le secrétaire d'État américain Marco Rubio. "Il est évident qu'il y aura un engagement et une consultation avec l'Ukraine, avec nos partenaires en Europe et avec d'autres. Mais en fin de compte, la partie russe sera indispensable à cet effort".
Le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, Mike Waltz, a indiqué que le président américain s'était entretenu avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky immédiatement après avoir parlé à Poutine la semaine dernière et que le vice-président américain JD Vance et le ched de la diplomatie américaine Rubio avaient rencontré Zelensky vendredi en Allemagne.
Néanmoins, le leader ukrainien était manifestement mécontent d'avoir été exclu de la réunion et a reporté son projet de visite en Arabie saoudite mercredi afin d'éviter tout lien entre son voyage et les pourparlers américano-russes de mardi.
Et ce, avant les commentaires de M. Trump suggérant que Kyiv était responsable du déclenchement des combats.
"Depuis le début, l'ensemble des négociations semble pencher en faveur de la Russie. On peut même se demander s'il s'agit d'une négociation ou, dans un certain sens, d'une série de capitulations américaines", a déclaré Nigel Gould-Davies, chercheur principal pour l'Eurasie et la Russie à l'Institut international d'études stratégiques de Londres et ancien ambassadeur britannique au Bélarus.
Si les parties parviennent à négocier la fin du conflit en Ukraine, a déclaré Marco Rubio, cela pourrait ouvrir des " possibilités incroyables " de partenariat avec les Russes " sur des questions qui, espérons-le, seront bénéfiques pour le monde et amélioreront nos relations à long terme ".
Il n'a pas précisé ce que cela impliquerait.
Sanctions américaines maintenues ?
Il a, toutefois, selon les rapports, a déclaré à ses alliés européens que les États-Unis ne lèveraient pas les sanctions contre la Russie, au moins jusqu'à ce qu'un accord soit conclu pour mettre fin à la guerre en Ukraine.
Selon Bloomberg, Rubio a fait cette déclaration lors d'un appel téléphonique avec un groupe de fonctionnaires européens le 18 février, après des discussions entre les délégations américaine et russe à Riyad, en Arabie saoudite.
Plus tôt dans la journée, il avait souligné que tout accord visant à mettre fin à la guerre nécessiterait des concessions de la part de toutes les parties, y compris sur la question des sanctions.
« Pour mettre fin à un conflit, toutes les parties doivent faire des concessions », a déclaré Rubio à la presse à Riyad.
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