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"Nous ne voulons pas que notre musique tue les gens" : les artistes se révoltent contre Spotify pour ses liens avec le producteur des drones

Culture • Jul 31, 2025, 5:25 AM
9 min de lecture
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Le prolifique groupe de psych-rock australien King Gizzard & the Lizard Wizard est le dernier artiste en date à avoir coupé les ponts avec Spotify pour protester contre les liens de plus en plus étroits qu'entretient son PDG Daniel Ek avec l'industrie de l'armement, et plus particulièrement son investissement dans une entreprise controversée de technologie militaire basée sur l'IA.

Daniel Ek a cofondé la société d'investissement Prima Materia, qui a investi massivement dans Helsing, une entreprise allemande qui développe l'IA à des fins militaires, notamment dans la technologie des drones.

Le fonds Prima Materia de Daniel Ek investit dans la société allemande de défense Helsing depuis 2021, à l'époque le PDG de Spotify a investi environ 100 millions d'euros dans cette start-up. Le Financial Times a récemment rapporté que Prima Materia avait mené un cycle de financement de 600 millions d'euros pour Helsing et avait déjà soutenu l'entreprise avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022.

Stu Mackenzie, du groupe King Gizzard & The Lizard Wizard, se produit au Fox Theatre, le 19 novembre 2024, à Atlanta.
Stu Mackenzie, du groupe King Gizzard & The Lizard Wizard, se produit au Fox Theatre, le 19 novembre 2024, à Atlanta. Credit: AP Photo

La nouvelle a suscité de vives réactions de la part des musiciens, qui affirment ne plus vouloir être associés à une plateforme dont les bénéfices sont consacrés au développement d'armes.

King Gizzard & the Lizard Wizard, connus pour des tubes comme "Work This Time" et "Robot Stop", ont retiré la quasi-totalité de leur musique de Spotify, ne laissant que quelques titres en raison d'accords de licence existants. Ils ont annoncé leur décision sur Instagram, précisant que leurs nouvelles démos étaient disponibles "partout sauf sur Spotify", ajoutant "f*** Spotify".

D'autres artistes ont pris des mesures similaires. Le groupe indépendant américain Deerhoof a publié un communiqué disant qu'il ne voulait pas que sa "musique tue les gens" et a décrit Spotify comme une "escroquerie à l'extraction de données". Le groupe de rock expérimental Xiu Xiu a également critiqué la plateforme, la qualifiant de "portail d'armageddon de trous d'ordures" et a exhorté ses fans à résilier leur abonnement à Spotify.

Comment Spotify est-elle liée à la production des drones ?

À l'origine, Helsing était spécialisé dans la vente de logiciels d'intelligence artificielle capables d'analyser de grandes quantités de données collectées sur le champ de bataille. En 2024,la start-up a également commencé à produire ses propres drones d'attaque HX-2. La société affirme poursuivre l'objectif de créer une « souveraineté technologique » européenne, c'est-à-dire de mettre en place une production européenne indépendante de technologies militaires de pointe.

En février 2025, Helsing a annoncé la production de six mille drones d'attaque HX-2 destinés à l'Ukraine. Auparavant, l'entreprise avait déjà fourni au pays quatre mille drones kamikazes HF-1. « Cette nouvelle commande de drones fait de Helsing l'un des plus grands fabricants de drones d'attaque au monde », soulignait le communiqué officiel.

Spotify, familière des controverses

Les protestations contre les liens militaires du géant suédois de streaming s'ajoutent à une liste croissante de controverses et d'inquiétudes concernant la plateforme. Spotify a récemment fait l'objet de critiques après avoir autorisé un groupe généré par l'IA, Velvet Sundown (article en anglais), qui a réussi à accumuler des millions de streams, à apparaître sur sa plateforme avec un badge "artiste vérifié".

Alors que Spotify a annoncé dans son rapport Loud & Clear 2024 (article en anglais)avoir versé plus de 10 milliards de dollars (9,2 milliards d'euros) à l'industrie musicale rien qu'en 2024, les critiques affirment que la plupart de ces versements ne vont qu'à un petit pourcentage d'artistes et de labels de premier plan, et que la plateforme continue de sous-payer et d'exploiter la grande majorité des musiciens.

La musicienne islandaise Björk (article en anglais) l'a dit sans détour : "Spotify est probablement la pire chose qui soit arrivée aux musiciens".