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Pas de téléphone, pas de sieste, pas d'eau : "raw dogging" en avion, quésaco ?

• Aug 18, 2024, 1:11 PM
7 min de lecture
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Pour la plupart d'entre nous, un vol long-courrier est quelque chose qu'il faut essayer de raccourcir en prenant soin de soi.

Avec le temps de vol comme barre de progression - qui, espérons-nous, diminue, - et une vie réduite à manger, boire, dormir, aller aux toilettes et se divertir, tout ce que la plupart d'entre nous veulent faire, c'est répondre à leurs besoins du mieux qu'ils peuvent.

Mais une nouvelle race de voyageurs courageux nous montre qu'il existe une autre façon de faire : le "raw-dogging".

Au cas où vous ne seriez pas encore tombé sur les images de jeunes hommes regardant fixement devant eux dans les avions, laissez-nous vous expliquer... En fait, c'est à peu près tout ce qu'il y a à faire.

"Raw-dogging" signifie passer son voyage à fixer le siège devant soi ou, si l'on a de la chance, un plan de vol.

Pas de musique, pas de films, pas de snacks ni de boissons. Et dans sa forme la plus dure, pas de pauses toilettes.

Qui pratique le "raw-dogging" ?

Erling Haaland, un Norvégien de 24 ans plus connu pour ses prouesses footballistiques, fait partie de ceux qui ont fait du "raw-dogging"" une sorte de sport de compétition.

L'attaquant de Manchester City a récemment sauté sur l'occasion en postant qu'il avait enduré un vol de sept heures "sans téléphone, sans sommeil, sans eau, sans nourriture" - et qu'il avait trouvé cela "facile". (Un collègue plus réaliste est allongé sur le siège d'à côté, les écouteurs bien en place).

Au début du mois, un homme a publié sur Instagram qu'il venait de réaliser son "record personnel" : un vol de 13 heures et demie entre Shanghai et Dallas.

Ce sont surtout les hommes et les célébrités masculines qui s'impliquent dans la tendance du "raw-dogging", qui désigne désormais tout ce qui est fait sans protection ni soutien.

Pour les fans de la sitcom légendaire Seinfeld, cela rappelle de manière tordante l'ineffable Puddy qui, en avion, également aimait bien fixer le vide devant lui :

Pourquoi les hommes pratiquent-ils le "raw-dogging" sur les longs vols ?

"Cela véhicule un message sur la force mentale et l'autodiscipline, qui sont historiquement considérées comme des traits masculins", explique à Euronews Travel le Dr Gurpreet Kaur, psychologue clinicienne en ligne.

"Alors que les frontières de la masculinité dans la société deviennent de plus en plus floues et menacent l'identité masculine, cette tendance peut être plus attrayante pour les hommes qui veulent affirmer leur masculinité en montrant le défi et l'endurance qu'ils doivent relever".

Résister à ses pulsions naturelles est une démonstration de force et de volonté pour ces hommes, suppose le Dr Kaur. "Cela peut à son tour valider leur sentiment d'identité et leur position dans la société en tant que mâle alpha".

D'un point de vue plus général, le "raw-dogging" pourrait également être considéré comme une stratégie d'adaptation en période de chaos, ajoute-t-elle.

En cas de turbulences, certains d'entre nous se concentreront davantage sur leur livre, leur film ou leur chanson, tandis que d'autres préfèreront serrer les poings et se concentrer sur l'avenir jusqu'à ce que les choses s'arrangent.

Le "raw-dogging" est-il bon ou mauvais pour la santé ?

Certains ont suggéré que le "raw-dogging" est une bonne technique pour la pleine conscience - une sorte de désintoxication à la dopamine. Mais les experts n'en sont pas si sûrs.

"Essayer d'atteindre la pleine conscience dans des environnements distrayants, comme dans les avions sans casque antibruit, n'est peut-être pas la meilleure façon de l'expérimenter", explique le Dr Kaur, spécialiste de l'intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires (EMDR, d'après l'anglais E*ye Movement Desensitization and Reprocessing*), un traitement de santé mentale qui aide les gens à traiter les traumatismes et stress post-traumatique.

"Ce n'est pas pour rien que la méditation est encouragée dans les espaces calmes. Les professionnels de la santé mentale encouragent les moments de pleine conscience, mais le "raw-dogging" n'est pas un "moment", car il s'agit d'une période de temps considérable".

La question de savoir s'il s'agit ou non d'un exercice de pleine conscience dépend également des motivations de la personne qui le pratique. Le Dr Kaur suggère de se poser les questions suivantes :

S'agit-il d'une amélioration personnelle ou d'une validation externe ?

Cela en vaut-il la peine et d'autres comportements peuvent-ils vous être plus bénéfiques ? Réfléchissez personnellement aux avantages et aux inconvénients.

Qu'est-ce que cela prouve ?

Comment les autres passagers de l'avion vous percevront-ils ? Quel sera l'impact sur un enfant de voir quelqu'un fixer le même endroit pendant plusieurs heures, par exemple ?

En fin de compte, elle ne préconise pas le "raw-dogging" sous sa forme actuelle - et surtout pas pour ceux qui luttent contre des pensées négatives ou des problèmes de santé mentale.

"L'esprit et le corps sont interconnectés", ajoute le Dr Kaur. "Si l'esprit peut être contrôlé pendant de longues périodes, l'impact se fera sentir physiquement, entraînant un épuisement à la fois physique et mental".

D'autres professionnels de la santé ont souligné qu'il s'agit d'une pratique contre-indiquée par les médecins.

Le Dr Gill Jenkins, médecin généraliste qui travaille également comme escorte médicale dans les ambulances aériennes, a déclaré au site de la BBC : "Le risque principal des vols long-courriers est celui de la déshydratation".

"Si vous ne bougez pas, vous risquez une thrombose veineuse profonde, qui est aggravée par la déshydratation. Ne pas aller aux toilettes, c'est un peu stupide. Si vous avez besoin d'aller aux toilettes, vous devez y aller".