De l'interdiction de la tournée des bars à la répression d'Airbnb : comment la République tchèque lutte-t-elle contre le surtourisme ?
Prague interdit les tournées de bars organisées dans le cadre de sa mission permanente de répression des touristes turbulents.
La capitale tchèque n'autorisera plus les visites guidées de bars entre 22 heures et 6 heures du matin, ont annoncé les autorités locales lundi.
Cette décision risque de porter un coup dur aux voyagistes qui s'appuient sur la réputation de Prague en tant que ville festive, dont l'un d'entre eux prétendait proposer « la plus grande tournée des bars d'Europe ».
L'agence de presse tchèque České Noviny rapporte que l'interdiction devrait réduire les nuisances nocturnes, contribuer à rendre les rues plus propres et améliorer la réputation de la ville auprès des habitants, des touristes et des investisseurs.
Cette nouvelle intervient quelques semaines seulement après que le gouvernement tchèque a annoncé son intention de restreindre les locations de vacances à court terme afin de limiter les prix élevés des loyers et la pénurie de logements dans les hauts lieux du tourisme.
Par ailleurs, à l'instar de villes comme Londres, Dublin, Amsterdam ou Paris, Prague aussi est en train de sévir contre les locations de type Airbnb.
Les habitants des hauts lieux touristiques en ont assez des prix élevés des loyers et de la pénurie de logements provoquée par les locations de vacances à court terme.
La nouvelle réglementation proposée par le gouvernement tchèque pourrait limiter le nombre de logements touristiques de courte durée disponibles dans des villes populaires comme Prague.
On espère ainsi faire baisser les prix de l'immobilier et éviter que les touristes ne chassent les résidents.
Comment la République tchèque pourrait-elle limiter les locations de type Airbnb ?
Un projet de loi approuvé par le gouvernement tchèque ce mois-ci permettrait aux municipalités et aux villes de limiter les logements de type Airbnb.
Il s'agirait notamment de plafonner le nombre de jours pendant lesquels une propriété peut être louée par an, et de définir un espace minimum requis par invité.
Elle imposerait également des réglementations plus strictes et des taxes locales pertinentes aux maisons d'hôtes, Airbnb et autres locations de vacances, alignant leurs obligations sur celles des hôtels traditionnels.
Les propriétaires seraient tenus d'enregistrer les détails de l'hébergement et des clients via une nouvelle plateforme appelée eTurista. Un numéro d'enregistrement pour la propriété sera fourni, qui devra être affiché sur les listes d'hébergement.
S'il est approuvé, le nouveau système devrait permettre d'améliorer la surveillance des locations de courte durée comme à Barcelone, dont beaucoup fonctionnent dans une zone grise.
Actuellement, les autorités estiment qu'entre 40 et 70 % des séjours effectués via des plateformes en ligne ne sont pas déclarés, ce qui pourrait entraîner une perte d'impôts de près de 32 millions d'euros par an.
Les nouvelles règles pourraient entrer en vigueur en juillet 2025.
Quelles sont les autres mesures prises par Prague pour lutter contre les touristes ?
Outre la surveillance des logements locatifs, les nouvelles règles visent à limiter le nombre d'appartements touristiques dans les centres-villes, ce qui permettra de réduire les nuisances sonores.
À Prague en particulier, les touristes turbulents chassent les habitants de la vieille ville historique de la capitale. Les conseillers municipaux ont donc accueilli favorablement la répression d'Airbnb.
Ce n'est pas la première fois qu'ils tentent de contrôler les visiteurs bruyants. Au début de l'année, un conseil de district a proposé d'interdire les costumes excentriques portés par les enterrements de vie de garçon et de jeune fille, qui, selon lui, encouragent l'ivresse et le tapage dans le quartier populaire de la vie nocturne de Prague.
Certains conseillers ont suggéré que les tenues "socialement inacceptables" contribuaient au bruit et à l'agitation nocturnes, en particulier lors des tournées de pubs organisées.
L'année dernière, le district de la ville avait déjà plaidé en faveur d'une limitation des heures d'ouverture des commerces dans le centre de la ville.
Toutefois, l'interdiction pour les voitures d'entrer dans une partie de la vieille ville la nuit a été approuvée en juillet afin de réduire le bruit dans la zone. Cette interdiction empêche les véhicules de pénétrer dans le quartier historique entre 22 heures et 6 heures du matin.