The Big Question : comment l’IA va-t-elle transformer le secteur du voyage ?

Saviez-vous que le tourisme représente 10 % du produit intérieur brut (PIB) de l’UE, d’après le Parlement européen ? Statista estime également que le chiffre d’affaires du marché des voyages et du tourisme de l’UE-27 atteindra 220,1 milliards de dollars (210,3 milliards d’euros) en 2025.
La reprise des voyages après la pandémie a été à l’origine de la plupart des gains enregistrés par le secteur au cours des dernières années.
Glenn Fogel, PDG de Booking.com, explique : « Nous avons assisté à une incroyable envie de voyager. Nous voyons à quel point les gens veulent voyager, car dès qu’un pays s’ouvre, ils s’empressent d’aller le visiter. Nous avons donc bénéficié d’un coup de pouce considérable au cours des premières années qui ont suivi la pandémie de Covid. Cette envie de voyager ne s’arrête jamais. »
« Maintenant, bien sûr, la question est de savoir si cela va continuer ou non. Parfois, certains disent "Les prix sont si élevés. Est-ce que les touristes vont continuer à voyager ou est-ce qu’il y aura une récession et ils n’auront plus les moyens de voyager ?" »
Dans cet épisode de The Big Question, Glenn s’est entretenu avec Angela Barnes sur les enjeux majeurs du secteur du voyage : le tourisme durable, le surtourisme et les tendances les plus folles pour l’avenir.
Concilier durabilité et rentabilité
Dans un contexte où la durabilité est de plus en plus importante dans le secteur du voyage, les entreprises de voyage et leurs partenaires font face à davantage d’obstacles pour préserver leurs marges bénéficiaires tout en proposant plus d’options durables aux consommateurs.
Glenn Fogel insiste sur ce point : « La durabilité est essentielle pour l’avenir de notre secteur. Notre mission est de mettre le monde à la portée de tous. Si le monde se dégrade, ce n’est pas bon pour le tourisme ».
L’évolution rapide et des réglementations et leur cumul entravent aussi la rentabilité dans le secteur du voyage, les entreprises étant contraintes de consacrer beaucoup de temps de ressources à leur respect.
Les réglementations de l’UE telles que le Règlement sur les marchés numériques (DMA) ont entraîné une hausse des coûts et un alourdissement des processus pour les entreprises européennes comme Booking.com, alors que d’autres concurrents internationaux comme Google, sont beaucoup plus grands et peuvent gérer plus efficacement le cumul des politiques et les changements soudains de réglementation.
D’autres entreprises de voyage non européennes, souvent aussi grandes que Booking.com, ne sont pas non plus tenues de respecter les réglementations de l’UE. Cela affecte considérablement la capacité de Booking.com à rivaliser avec elles, et cela semble « punir » d’autres entreprises de voyage européennes performantes et le secteur des voyages européen dans son ensemble.
Concernant ces concurrents, M. Fogel déclare : « Leurs ingénieurs ne s’occupent pas des réglementations. Ils créent de meilleurs services pour leurs consommateurs. Je me dis donc ceci : pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Nous allons rendre les choses plus difficiles pour les entreprises européennes qui souhaitent être compétitives dans le secteur mondial du voyage ».
Comment l’IA est-elle amenée à changer notre façon de voyager ?
Les outils d’intelligence artificielle, tels que planificateur de voyage basé sur l’IA de Booking.com, proposent des itinéraires plus personnalisés aux voyageurs, tout en leur offrant une meilleure assistance.
Cependant, Fogel ajoute : « Ce qui est le plus important pour l’avenir, c’est ce que l’on appelle l’IA agentique, un concept dans lequel l’ordinateur fait le travail à votre place.
Ainsi, au lieu de devoir taper toutes les informations dans le navigateur ou l’application et les parcourir, l’agent IA le fait pour vous. »
L’IA agentique devrait permettre à l’ensemble du secteur du voyage, du consommateur au fournisseur en passant par les partenaires intermédiaires, de se coordonner via leurs propres agents IA et de planifier des solutions de voyage.
Cela risque malheureusement d’entraîner des pertes d’emplois, notamment dans le domaine du service client.
« L’avenir n’est pas supersonique, il est hypersonique »
À propos de l’avenir des voyages, Glenn Fogel a indiqué : « Mais ce qui sera réellement passionnant dans le futur, ce ne sera pas le supersonique, mais l’hypersonique. Vous passerez à la limite de l’espace et vous pourrez aller, par exemple, de Londres à l’Australie, beaucoup plus rapidement qu’aujourd’hui. Est-ce que cela se fera ou pas ? Qui sait ? Cela dépend en partie de la durabilité. »
Il a précisé qu’il était peu probable que les voyages hypersoniques soient proposés dès la prochaine décennie et que Booking.com n’investissait pas dans ce domaine actuellement. Cependant, l’entreprise pourrait les ajouter à son catalogue si et quand des billets pour des voyages hypersoniques seront disponibles à la vente.
Glenn Fogel a également souligné que Booking.com ne prévoit pas de proposer des jets privés pour les voyages ultra-luxueux : « Ce n’est pas un de nos services et ce n’est pas dans nos objectifs. C’est un segment très, très petit segment et pas très durable. »
The Big Question est une série d’Euronews Business dans laquelle nous nous entretenons avec des leaders et des experts de l’industrie pour échanger sur les sujets les plus importants de l’actualité.
Regardez la vidéo ci-dessus pour découvrir l’intégralité de la discussion avec le PDG de Booking.com, Glenn Fogel.
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