Sahara occidental: un contentieux vieux d'un demi-siècle
Par TV5MONDE GOLNOUCHE BARZEGAR
En 1975, l’Espagne quitte son ancienne colonie du Sahara occidental. Le Maroc occupe le territoire tandis que le Front Polisario proclame la République arabe sahraouie démocratique. Un contentieux vieux de cinquante ans.
En 1975, l’Espagne quitte son ancienne colonie du Sahara occidental. Le Maroc occupe le territoire tandis que le Front Polisario proclame la République arabe sahraouie démocratique. Un contentieux vieux de cinquante ans.
C’est un conflit enlisé depuis des décennies, très exactement depuis 1975. Cette année-là, l’Espagne renonce à l’une de ses dernières colonies, le Sahara occidental, sous la pression du Maroc qui y organise la “marche verte”.
Le 5 novembre 1975, le roi du Maroc Hassan II prononce : “Ma chère nation, demain vous franchirez les frontières, demain la marche verte commencera, demain vous toucherez la terre de votre nation, demain vous foulerez le sable de votre nation. Demain vous embrasserez la terre de votre nation.”
À l’appel du roi Hassan II, Coran et drapeau à la main, des milliers de Marocains marchent vers le Sahara occidental qu’ils considèrent comme leur terre historique, un territoire sous protectorat espagnol depuis près d’un siècle.
Avec ses eaux poissonneuses et son sous-sol riche en phosphate, pétrole et minerais précieux, ce territoire est revendiqué par Rabat, qui y érige à partir des années 1980 un mur de séparation de 2 700 kilomètres. Mais le Maroc fait face au Front Polisario, mouvement qui a proclamé une République arabe sahraouie démocratique. Le Polisario réclame l’indépendance totale du Sahara occidental et refuse toute intégration à un pays voisin, des revendications soutenues par l’Algérie.
Un conflit figé depuis le cessez-le-feu de 1991
Après des années de conflit larvé, un cessez-le-feu est signé en 1991 sous l’égide de l’ONU. Rabat administre alors de facto 80 % du territoire, tandis que le Front Polisario contrôle les 20 % restants.
Reste à définir le statut du territoire. L’ONU propose l’organisation d’un référendum d’autodétermination et met en place une mission de maintien de la paix chargée de patrouiller sur l’ensemble de la zone.
En 2007, Rabat avance un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine. La position du royaume est claire. “Pour le Maroc, son Sahara n’est pas à négocier. Aujourd’hui comme dans le passé, la marocanité du Sahara ne sera jamais à l’ordre du jour d’une quelconque tractation.” annonce Mohammed VI, roi du Maroc, le 6 novembre 2021.
Soutiens internationaux et basculement à l’ONU
Le dossier s’enlise : pas de négociations, pas de référendum. Jusqu’en 2020, lorsque l’administration américaine de Donald Trump reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. En échange, Rabat normalise ses relations avec Israël, qui le soutient à son tour sur ce dossier. L’Espagne, puis la France, emboîtent le pas.
“Je le réaffirme ici devant vous. Pour la France, le présent et l’avenir de ce territoire s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine", prononce le président français Emmanuel Macron devant les membres du Parlement marocain à Rabat, le 29 octobre 2024.
Un an plus tard, c’est au tour de l’ONU d’épouser la position marocaine. Jusqu’ici, le Conseil de sécurité pressait le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie de reprendre les négociations interrompues depuis 2019.
Avec ce vote, les Nations unies, fragilisées financièrement et sous pression américaine, qualifient désormais le plan marocain de “solution la plus réalisable”. Un revers majeur pour Alger, qui rappelle à l’ONU sa doctrine de décolonisation, et pour le Front Polisario, qui estime sa cause sacrifiée sur l’autel de la realpolitik internationale.
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