Des "dysfonctionnements graves" dans un Ehpad normand

Des "dysfonctionnements graves ont été constatés" dans un Ehpad à but lucratif normand du groupe Bridge qui a été placé sous administration provisoire pour six mois, a-t-on appris mercredi auprès de l'Agence régionale de santé (ARS).Ces problèmes concernent "la qualité et la sécurité des soins, l'accompagnement et le respect des droits des personnes accueillies" et la "gouvernance", précise l'ARS dans un communiqué.Cette maison de retraite médicalisée baptisée Les Opalines accueille 35 résidents, selon son site internet, et est située aux Moutiers-en-Cinglais dans le sud du Calvados.Les inspecteurs de l'ARS et du conseil départemental y ont notamment trouvé "des organisations qui ne permettent pas de garantir la continuité de la présence de personnel soignant en nombre suffisant afin de garantir la sécurité des résidents et le respect de leurs besoins et rythmes individuels".Ils déplorent également "des défaillances majeures dans le circuit du médicament" et "des insuffisances dans la coordination des soins et dans leur traçabilité", toujours selon le communiqué. "Plusieurs chambres inadaptées, une hygiène du linge insuffisante, des locaux à risque en accès libre aux résidents" ont également été relevés.En conséquence, "il a été décidé de suspendre partiellement l’activité de l’Ehpad". "L’établissement n’est plus autorisé à accueillir de nouveaux résidents jusqu’à la prise effective de mesures visant à remédier aux constats réalisés lors de cette inspection", précise l'ARS. Un administrateur provisoire a été désigné et installé mardi, avec pour "mission de garantir la sécurité, le bien-être et le respect des droits des résidents".Dans un courriel à l'AFP, la direction du groupe Bridge a tenu "à préciser qu’elle a, formellement et point par point, contesté l’avis de l’ARS Normandie".Le groupe, qui détient une trentaine d'Ehpad en France, a "repris cet établissement en décembre 2019" et y a depuis "investi plus de 250.000 euros", selon un second courriel du groupe. Bridge "ne conteste pas les difficultés de recrutement" dans cet établissement et "met tout en oeuvre" pour y remédier "mais sur la question du bâtiment, on nous demande des investissements aujourd'hui qui n'ont jamais été demandés avant, alors qu'il y avait accord sur l'organisation telle qu'elle était", a ajouté un conseiller en communication du groupe interrogé par l'AFP.Mardi le gouvernement a annoncé un "vaste plan de contrôle" des 7.500 Ehpad en deux ans pour prévenir les maltraitances, dans le sillage du scandale créé par la publication du livre-enquête Les Fossoyeurs.Bridge assure n'avoir pas d'autres établissements sous administration provisoire. Le groupe reconnaît avoir été touché par des mouvements sociaux "comme il y en a beaucoup dans les Ehpad en ce moment", selon le conseiller en communication.D'après Les Echos, des établissements du groupe ont été récemment touchés par des mouvements de grève dans le Haut-Rhin et en Ardèche.Société non cotée en bourse, Bridge a notamment pour actionnaires son président Charles Memoune, 123 Investment managers et le fonds Montefiore. Le groupe qui affiche 80 millions de chiffre d'affaires pour 2021 n'a pas souhaité communiquer son résultat.