Djibouti: le Parlement ratifie la suppression de la limite d'âge pour le président
Par AFP Par Dylan GAMBA © 2025 AFP
Le Parlement de Djibouti a sans surprise voté dimanche à l'unanimité la suppression de la limite d'âge pour le président, permettant à Ismaël Omar Guelleh, 77 ans, au pouvoir sans partage depuis 1999, de briguer un nouveau mandat, a annoncé à l'AFP le président de l'Assemblée nationale.
Ancienne colonie française jusqu'à son indépendance en 1977, Djibouti est un État stable en plein cœur d'une région troublée et suscite l'intérêt des grandes puissances. Il accueille notamment des bases militaires américaine, française, chinoise et japonaise.
"L'Assemblée nationale a ratifié aujourd'hui la suppression de la limite d'âge, c'est donc officiel", a déclaré l'ancien Premier ministre Dileita Mohamed Dileita, actuel président de l'Assemblée nationale.
Sur les 65 députés présents au moment du vote, 65 ont voté en faveur de la suppression de l'article de la Constitution qui stipulait qu'un candidat à la magistrature suprême ne pouvait pas avoir plus de 75 ans.
La majorité des deux tiers était nécessaire pour faire passer cette réforme constitutionnelle. Un vote sans surprise puisque le parti présidentiel est ultra majoritaire au sein de l'Assemblée nationale.
L'Assemblée de ce petit pays de la Corne de l'Afrique avait déjà voté une première fois le 26 octobre, et le président, qui pouvait soit organiser un référendum, soit demander un second vote de l'Assemblée, avait choisi cette dernière option.
Ce vote intervient quelques jours avant un congrès extraordinaire du Rassemblement Populaire pour le Progrès (RPP), le parti au pouvoir.
M. Guelleh avait laissé ouverte la porte à un sixième mandat de cinq ans lors d'un entretien accordé en mai au magazine Jeune Afrique. "Tout ce que je peux vous dire, c'est que j'aime trop mon pays pour l'embarquer dans une aventure irresponsable et être la cause de divisions", avait-il indiqué, interrogé sur une éventuelle nouvelle candidature.
Lors du premier vote de l'Assemblée, Dileita Mohamed Dileita l'avait justifié par le besoin de "stabilité". Le président de la Ligue djiboutienne des droits humains (LDDH), Omar Ali Ewado, avait de son côté affirmé que les autorités préparent "une présidence à vie pour Israël Omar Guelleh".
"Pensée unique"
En 2010, les autorités djiboutiennes avaient déjà modifié la Constitution pour permettre au président de se représenter en supprimant la limite de deux mandats.
En avril 2021, le chef de l’État djiboutien, qui doit souvent répondre de rumeurs persistantes sur son état de santé, avait été réélu avec plus de 97% des voix.
Ismaël Omar Guelleh, dit "IOG", avait succédé en 1999 à Hassan Gouled Aptidon, père de l'indépendance de Djibouti, après avoir été pendant 22 ans son chef de cabinet.
Le pays est régulièrement pointé du doigt par les organisations de défense des droits humains pour la répression des voix dissidentes. Djibouti pointe au 168e rang sur 180 dans le classement sur la liberté de la presse établi en 2025 par Reporters sans frontières (RSF), l'ONG affirmant que "le paysage médiatique est complètement verrouillé et se limite presque exclusivement aux médias d’État".
Selon RSF, malgré l'instauration du pluralisme en 1992, "le système du parti et de la pensée unique continue de prévaloir".
Djibouti, pays parmi les moins peuplés du continent avec environ un million d'habitants, est situé face au Yémen, à la sortie de la mer Rouge, dans le détroit de Bab-el-Mandeb où transite une grande part du commerce mondial entre Asie et Occident.
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