Afrique du Sud : comprendre la crise des mineurs illégaux à Stilfontein
Les autorités sud-africaines sont aux prises avec un nombre non confirmé de mineurs illégaux qui sont restés sous terre dans une mine abandonnée par crainte d'être arrêtés par les policiers déployés sur le site.
Les mineurs de Stilfontein, dans la province du nord-ouest du pays, ont pénétré dans cette mine, qui n'est plus exploitée, dans l'espoir de trouver des gisements d'or. Ce type d'exploitation minière illégale est courant dans tout le pays.
L'affrontement à Stilfontein entre dans sa troisième semaine et a révélé l'ampleur de l'exploitation minière illégale dans le pays. La police a d'abord empêché l'acheminement de fournitures de base aux mineurs, mais elle leur envoie maintenant des paquets de porridge instantané et tente de les faire remonter à la surface.
Le problème de l'exploitation minière illégale en Afrique du Sud
L'exploitation minière illégale existe depuis des décennies, car l'essor de l'industrie minière sud-africaine en a créé les conditions.
Les mineurs illégaux, également connus sous les noms de zama-zamas ou "arnaqueurs" en langue zouloue, recherchent des gisements d'or et d'autres métaux précieux dans des mines anciennes et abandonnées qui ont été fermées ou dont l'exploitation a été interrompue.
La police considère que les mineurs illégaux sont dangereux parce qu'ils sont généralement armés et qu'ils se livrent à des batailles de territoire violentes entre eux. Ce commerce serait dominé par des migrants qui entrent illégalement dans le pays depuis le Lesotho, le Zimbabwe et le Mozambique voisins.
La police a parfois annoncé avoir réussi à arrêter des mineurs illégaux, mais elle affirme ne pas pouvoir lutter contre cette pratique tant que les puissants caïds qui dirigent des syndicats lucratifs ne seront pas appréhendés.
Le gouvernement estime qu'il y a environ 6 000 mines inutilisées ou abandonnées en Afrique du Sud, et que près d'un milliard de dollars de revenus sont perdus chaque année à cause de l'exploitation minière illégale. La police et l'armée unissent leurs forces dans le cadre de l'opération "Close the Hole" (fermer le trou).
"Fermer le trou"
Depuis décembre dernier, la police, les agences gouvernementales et l'armée unissent leurs forces dans le cadre d'une opération baptisée "Close the Hole" ou "Vala Umgodi" en zoulou, qui vise essentiellement à affamer les mineurs clandestins en les privant de produits de base.
Travaillant en groupe, les zama-zamas restent généralement dans les mines pendant de longues périodes, comptant sur les personnes à la surface pour leur fournir de la nourriture, de l'eau, des cigarettes et d'autres articles.
Mais depuis le début de l'opération, la police a arrêté les complices sur le terrain et ceux qui tentaient d'approvisionner les mineurs illégaux. Elle a également fermé les entrées sur le terrain permettant d'acheminer le ravitaillement. La tactique semble être d'inciter les mineurs à remonter à la surface au fur et à mesure que leurs provisions s'épuisent.
La police affirme qu'elle a arrêté 14 000 mineurs illégaux jusqu'à présent et saisi 277 000 dollars en espèces et 1,8 million de dollars de diamants bruts.
Au début du mois, 565 mineurs illégaux ont été arrêtés dans une mine abandonnée à Orkney, dans la même province du Nord-Ouest que Stilfontein, lorsqu'ils sont réapparus après avoir épuisé leurs réserves.
Que s'est-il passé à Stilfontein jusqu'à présent ?
Les membres de la communauté locale de Stilfontein ont d'abord tenté de faire sortir les mineurs illégaux, mais les autorités sont ensuite intervenues. La mine se trouve à 2 500 m de profondeur et il serait risqué de faire sortir les zama-zamas par la force, beaucoup d'entre eux étant probablement armés.
Trois mineurs illégaux sont sortis de la mine et jeudi dernier, un corps décomposé, probablement celui de l'un d'entre eux, a été remonté à la surface. La police a déclaré qu'elle tentait toujours de déterminer l'identité de la personne et la cause du décès.
Les premières estimations, basées sur les informations fournies par les membres de la communauté qui ont tenté de jouer le rôle de médiateur, indiquent qu'il y a environ 4 500 mineurs illégaux sous terre, mais la police a depuis suggéré que le nombre se situe plus probablement entre 350 et 400.
Les autorités provinciales ont indiqué cette semaine qu'il était prévu d'envoyer une "cage" dans la mine pour remonter les mineurs, quelques-uns à la fois, à la surface, mais que l'évaluation de la sécurité d'une telle opération devait d'abord être effectuée.
L'équipe gouvernementale envisage également d'envoyer une caméra afin de se faire une idée visuelle de la situation sous terre.
Un groupe de la société civile a saisi la justice pour tenter de contraindre les autorités à autoriser l'envoi de fournitures aux mineurs. Le gouvernement soutient que les mineurs ne sont pas prisonniers mais qu'ils refusent de sortir pour éviter d'être arrêtés.