Climat : les COP, des avancées en trompe-l'œil ?
Les conférences des Nations Unies sur le climat, les célèbres COP, semblent avoir du mal à répondre à l'urgence environnementale. Les dernières négociations, qu’il s’agisse de la COP biodiversité, de la COP sur le climat, de la COP sur les plastiques ou même celle sur la désertification, ont dans leur majorité échoué à atteindre des résultats probants.
Les experts se montrent de plus en plus sceptiques quant à l’efficacité de ces forums internationaux, dénonçant des processus longs et inadaptés aux enjeux mondiaux.
Cette année encore, les signaux sont préoccupants. L’accord sur la biodiversité signé à Montréal en décembre 2022, bien que salué sur le papier, a peiné à aboutir à des mesures concrètes. De même, les COP sur le climat et la pollution plastique ont eu des résultats en deçà des attentes, et l’accord sur la désertification, en gestation, reste incertain. Ahmed Ali Atta, médecin au ministère haïtien de la santé, ne cache pas sa déception : « Rien que cette année, nous avons vu un certain nombre de traités n'aboutir à rien de bon. Cela va de l'accord sur la biodiversité à la COP sur le climat, en passant par le traité sur les plastiques et maintenant l'accord sur la désertification, dont nous ne sommes pas sûrs de l'issue. C'est une période sombre parce que tous ces processus n'aboutissent pas à ce qui doit être fait. » Un constat accablant pour un système mondial censé répondre à des crises de plus en plus pressantes.
Pourtant, malgré cette inefficacité apparente, les COP restent incontournables. Mary Robinson, ancienne présidente irlandaise et figure de la lutte pour le climat, se montre lucide : « Le système des Nations Unies est le pire des systèmes, à l'exception de tous les autres. Ils n'en ont pas d'autre. C'est comme la démocratie, le pire des systèmes, comme l'a dit (Winston) Churchill. C'est pourquoi nous nous efforçons de l'améliorer. » Une citation qui met en lumière la réalité du multilatéralisme, à la fois frustrant et indispensable. Malgré tout, ces conférences demeurent le seul cadre où les nations peuvent se réunir pour tenter d'avancer ensemble, même si les résultats sont souvent mitigés.
La lenteur des progrès suscite des critiques, mais aussi une forme d’espoir persistant. Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement, reconnaît la frustration face à des résultats jugés insuffisants, mais insiste sur la nécessité de maintenir ce dialogue : « Je comprends la frustration suscitée par la rapidité et l'ampleur des résultats. Cela aurait pu être beaucoup plus ambitieux. Mais en même temps, vous savez, c'est une sorte d'étape par étape. Et nous avons vu le multilatéralisme, pas nécessairement environnemental, passer par des hauts et des bas, si l'on peut dire, depuis près de 80 ans que les Nations Unies existent, et pourtant c'est le seul endroit où nous nous réunissons. »
Face à ces échecs successifs, les COP continuent de susciter l’espoir d’un tournant, tout en exposant les limites du système. Reste à savoir si elles parviendront un jour à répondre à la hauteur des défis climatiques mondiaux.
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