Tunisie : le procès de 40 opposants s'ouvre sous tensions

Le procès de 40 personnalités de l'opposition s'est ouvert mardi 4 mars en Tunisie.
Les personnes inculpées parmi lesquelles des politiciens, des avocats, des personnalités des médias et des chefs d'entreprise, sont accusées de conspiration contre la sécurité de l'État.
Les procédures devant la Cour primaire de Tunis ont débuté en l'absence de neuf accusés détenus, les juges ayant opté pour des sessions à distance. Les avocats de la défense et les activistes ont dénoncé cette décision comme une violation des normes d'équité des procès.
Seules les personnes libérées sous caution se sont présentées en personne, tandis que les familles des détenus et les manifestants à l'extérieur du tribunal ont exigé la transparence et la présence physique de tous les accusés.
La sécurité a été renforcée autour du palais de justice alors que les avocats, les hommes politiques et les journalistes se pressaient dans la salle d'audience. À l'extérieur, la gtension se fiasait sentir et les manifestants scandaient "Liberté, liberté et non à un pouvoir judiciaire sur instructions".
Le procès a accentué les divisions en Tunisie.
Parmi les manifestants se trouvait Ahlem, un citoyen qui a déclaré à l'Associated Press : "Je suis venu me joindre à ceux qui sont détenus pour leurs opinions, ceux qui ont été kidnappés et détenus au-delà des procédures et des délais légaux. Nous rejetons cette farce de procès qui empêche les accusés d'affronter directement leurs juges pour se défendre".
Mais tous les Tunisiens ne s'opposent pas à la répression. Mohamed, vendeur de poisson à Tunis, a rendu les accusés responsables de l'effondrement économique du pays : "J'espère qu'ils seront condamnés à perpétuité. Ils nous ont ruinés. Avant, 20 dinars remplissaient nos paniers ; aujourd'hui, 100 dinars ne suffisent plus. La moitié de la nation est au chômage. Ils ont menti, volé et fui".
Ses remarques soulignent le désespoir économique qui alimente le soutien à la campagne anti-corruption de Saied parmi certains citoyens de la classe ouvrière.
Le procès se déroule dans un contexte d'escalade des tensions entre le gouvernement de M. Saied et les factions de l'opposition, qui l'accusent de dérive autoritaire.
Depuis 2021, des dizaines d'opposants ont été arrêtés en vertu de lois sécuritaires largement définies. Les partisans de M. Saied soutiennent que la répression est nécessaire pour stabiliser un pays aux prises avec l'inflation, le chômage et la corruption.
À la veille du procès, le bureau des droits de l'homme des Nations unies a exhorté les autorités tunisiennes à "mettre fin à toute persécution des opposants politiques" et à respecter les libertés d'expression et de réunion.
Les organisations locales de défense des droits de l'homme se sont fait l'écho de ces préoccupations, avertissant que l'opacité du procès pourrait accélérer le recul démocratique de la Tunisie.
Le tribunal devrait tenir des sessions périodiques dans les semaines à venir, et les verdicts devraient se répercuter sur le paysage politique fracturé de la Tunisie.
Pour l'instant, l'absence des accusés détenus et l'éloignement des procédures ont jeté une ombre sur les revendications d'impartialité judiciaire, alimentant les craintes d'une justice politisée.
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