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Haïti : le théâtre comme échappatoire à la violence

Culture • May 28, 2024, 11:20 AM
3 min de lecture
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En Haïti, des jeunes participent à des ateliers de théâtre pour se vider l'esprit et évacuer les ressentis de la violence qui frappe durement leur pays.

En Haïti, des millions de personnes luttent pour reconstruire leur vie dans un pays qui se dirige vers un avenir incertain. L’art de la représentation offre l’opportunité aux jeunes de canaliser et d’évacuer les ressentis de la violence.

"La première impression que j'ai eue en voyant les enfants, c'est qu'ils étaient très dispersés, ils ne savaient pas ce qu'ils venaient faire ici. Le premier jour, c'étaient des enfants timides qui ne parlaient pas très fort et qui ne voulaient pas dire ce qu'ils ressentaient", constate Stéphanie François, assistante d'atelier de théâtre.

Pour Juliana St. Vil et ses camarades, crier est une thérapie. Ces élèves inscrits dans une école de théâtre en Haïti ont choisi cet art comme échappatoire.

"Je joue le rôle qu'on me demande de faire", déclare la jeune fille de 12 ans qui rêve de devenir policière. "J'aime leur façon de s'habiller, mais j'aurais peur de mourir", ajoute-t-elle.

À quelques rues de leur école de théâtre, un drame s'est déroulé le 8 mai. Une policière haïtienne, déposant son enfant à l'école, a été tuée par balle alors qu'elle repoussait des membres de gangs qui tentaient de la kidnapper.

Vivant sous la menace constante de la violence des gangs, avec le théâtre, la jeunesse haïtienne se vide l’esprit.

"Quand les enfants quittent le foyer, ils ont la possibilité de respirer, d'être dans un autre environnement, dans un espace sain et propice au développement de l'esprit d'un jeune", se réjouit Eliézer Guerisme, directeur de programme au Théâtre national d'Haïti.

Pour se rendre à ses cours de théâtre, Juliana St. Vil fait le trajet à moto. La jeune fille qui habitait auparavant dans une maison vit aujourd'hui avec sa famille dans un abri surpeuplé et dort dans des conditions difficiles.

"Quand nous vivions dans notre maison, nous vivions bien même si nous n'avions que cinq citrouilles à manger. Ici, dans l'abri, nous ne pouvons même pas dormir, les insectes nous piquent", explique la mère de la jeune fille.

Près de 2 millions de personnes sont au bord de la famine en Haïti, plus de 360 000 individus se sont retrouvées sans abri à la suite d'invasions de gangs, et les fournitures de base, y compris les médicaments essentiels se sont raréfiés. 

De nombreux jeunes profitent du repas gratuit offert à l'atelier de théâtre pour nourrir leur proche.