Zimbabwe : l'art Ndebele renaît avec les femmes de Matobo
Au Zimbabwe, un art ancestral traditionnel des Ndebele, pratiqué depuis des générations par les femmes, connaît un renouveau.
La peinture de huttes, réalisée à base de boue et de cendres, revient sur le devant de la scène. Ce savoir-faire, longtemps réservé aux communautés locales, s'étend désormais au-delà des frontières du pays, offrant aux femmes de la région de Matobo de nouvelles opportunités économiques tout en préservant leur patrimoine culturel.
La peinture de huttes, une forme de communication visuelle unique dans la tradition Ndebele, représente bien plus qu'une simple activité décorative. Elle transmet des messages sur la femme, sa place dans la société et les différentes facettes de son existence. Ces motifs, aux couleurs vives et aux formes distinctives, ne se contentent plus de décorer les habitations traditionnelles ; ils ornent également des objets comme des pots, des textiles et même des statues.
Sibusiso Sibanda, l'une des principales artistes de la région, explique : « Nous avons commencé cette initiative dans le but de préserver notre culture, afin qu'elle ne disparaisse pas avec nous mais qu'elle soit transmise à nos enfants et aux générations futures. Aujourd'hui, nous enseignons cette tradition de peinture à nos jeunes. » Cette démarche vise à enrôler la jeunesse dans la transmission de cet art tout en créant des revenus durables pour les femmes de la région.
L'art des Ndebele sur la scène internationale
Au-delà de ses racines locales, cet art traditionnel attire désormais l'attention à l'international. Les motifs Ndebele ornent des produits qui trouvent un marché à l’étranger, comme en Allemagne où l'ambassade allemande a commandé aux femmes de Matobo la peinture du « Buddy Bear », un symbole de l’amitié et de l’ouverture. Udo Volz, ambassadeur de la République fédérale d'Allemagne au Zimbabwe, explique l’initiative : « Nous avons invité les femmes de Matobo à concevoir des motifs et à les appliquer sur cette statue en fibre de verre. Pour certaines d’entre elles, c’est la première fois qu’elles perçoivent un revenu en dehors de leur travail agricole. » Cette reconnaissance internationale permet de valoriser leur art tout en leur offrant une nouvelle source de revenus.
Un marché local et mondial en expansion
Les femmes de Matobo ne se contentent pas de préserver la tradition ; elles transforment cette pratique ancestrale en véritable moteur économique. En collaborant avec des stylistes de mode locaux, elles appliquent leurs motifs sur des tissus pour créer des vêtements. La marque Mbatya, dirigée par une styliste de mode, travaille étroitement avec les femmes de Matobo. Elle souligne l’importance de ce partenariat : « Nous prenons des motifs zimbabwéens que nous appliquons sur du coton local pour créer des vêtements. Une partie des bénéfices est reversée aux femmes qui créent ces motifs. » Cette approche collaborative permet non seulement de soutenir les femmes locales, mais aussi d’élargir l’accès à de nouveaux marchés.
Préservation d'un héritage culturel
Les projets des femmes de Matobo vont bien au-delà de la simple génération de revenus. Ils jouent un rôle clé dans la préservation et la diffusion de l’art Ndebele, un héritage culturel précieux pour les générations à venir. Ces initiatives comprennent la décoration de huttes traditionnelles, la poterie et la création de textiles, offrant ainsi une diversité d’opportunités économiques.
Jackie Idimogu, militante des droits des animaux et organisatrice du carnaval canin de Lagos, souligne l'importance de ces projets en déclarant : « Avant, les gens gardaient leurs animaux à la maison sans reconnaissance. Aujourd'hui, nous célébrons leur travail à travers ces créations artistiques et ces projets, tout en assurant un revenu durable aux femmes. »
Ainsi, au cœur des montagnes de Matobo, les femmes redonnent vie à une tradition séculaire et en font un vecteur de développement économique et de fierté culturelle. Ces initiatives illustrent non seulement la résilience des communautés Ndebele, mais aussi leur capacité à adapter et à valoriser leur patrimoine tout en s’ouvrant à de nouveaux horizons économiques.