Guerre en Ukraine : "Moscou n'est pas digne de confiance", avertit l'UE avant l'appel Trump-Poutine

La Russie ne veut pas la paix en Ukraine et on ne peut pas lui faire confiance pour atteindre cet objectif, a averti la haute représentante de la diplomatie de l'UE Kaja Kallas alors qu'un appel téléphonique doit avoir lieu ce mardi entre Donald Trump et Vladimir Poutine.
La Russie "saisira cette occasion pour présenter toutes sortes de demandes et ce que nous voyons déjà, c'est qu'elle présente des exigences qui sont des objectifs ultimes", a déclaré Kaja Kallas lundi après-midi après une réunion des ministres européens des Affaires étrangères à Bruxelles.
Vladimir Poutine reste intransigeant sur les conditions d'un cessez-le-feu
La déclaration de Kaja Kallas est une réaction à la réponse mitigée de Vladimir Poutine à la proposition de la Maison Blanche d'un cessez-le-feu de 30 jours en Ukraine, que Kyiv a accepté la semaine dernière.
Le dirigeant russe a demandé à ce que certaines "nuances" soient clarifiées, notamment en ce qui concerne la poursuite des livraisons d'armes et de munitions par l'Occident.
"Pendant ces 30 jours, la mobilisation se poursuivra-t-elle en Ukraine ? Des armes y seront-elles fournies ? Ces 30 jours sont-ils nécessaires à l'entraînement des unités nouvellement mobilisées ? Ou bien rien de tout cela ne se produira-t-il ?", a-t-il demandé la semaine dernière lors d'une conférence de presse.
Vladimir Poutine a également évoqué les "causes profondes" de la guerre, un terme qu'il emploie souvent pour exiger la démilitarisation de l'Ukraine et un engagement à la neutralité, deux demandes que Kyiv rejette bien sûr catégoriquement.
"La balle est dans le camp de la Russie", a déclaré Kaja Kallas lundi. "Ce que nous voyons actuellement, c'est que la Russie ne veut pas vraiment la paix [...] et qu'elle n'est pas digne de confiance".
"Comme nous le voyons, il n'y a pas de table de négociation parce que la Russie ne vient pas à la table de négociation", poursuit-elle.
Réunion des ministres des Affaires étrangères
Kęstutis Budrys, ministre lituanien des Affaires étrangères, qui a participé à la réunion de lundi, affirme que la charge des concessions doit être assumée par l'agresseur.
"Nous exigeons de l'Ukraine une position inconditionnelle alors que nous voyons tant de conditions de la part de Vladimir Poutine, et nous voyons l'intention réelle", a déclaré Kęstutis Budrys à son arrivée. "Il n'y a pas de place pour la paix dans le plan impérialiste de Poutine, c'est évident et ces actions montrent plus que les mots eux-mêmes"
Son homologue finlandaise, Elina Valtonen, a exprimé un message similaire. "L'effort sincère du président américain Donald Trump pour parvenir à la paix ne doit pas être détourné par Vladimir Poutine pour affaiblir davantage l'Ukraine et relancer son agression dans un avenir proche", estime-t-il.
Ce scepticisme est partagé par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a décrit les conditions préalables de Vladimir Poutine comme étant "très prévisibles et très manipulatrices".
Le dirigeant ukrainien estime que les rapports faisant état d'un renforcement militaire russe le long de la frontière avec la région de Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine, constituent une preuve "évidente" de l'intention de Vladimir Poutine d'"ignorer la diplomatie" et de "prolonger la guerre".
"Cela indique une intention d'attaquer", a déclaré le président ukrainien au cours du week-end.
Appel téléphonique prévu mardi entre Donald Trump et Vladimir Poutine
En revanche, Donald Trump a semblé plus optimiste en annonçant son intention de tenir un appel téléphonique avec Vladimir Poutine mardi, ce que le Kremlin a confirmé.
"Nous parlerons de terres. Nous parlerons de centrales électriques", a déclaré le président américain dimanche, ajoutant que les négociateurs avaient déjà discuté de la "répartition de certains actifs".
La dernière fois que les deux hommes se sont parlés, le 12 février, ils ont convenu de lancer "immédiatement" des négociations pour mettre fin à la guerre, prenant tous les alliés occidentaux par surprise.
Cette conversation a mis fin à trois années de volonté transatlantique unifiée d'isoler le Kremlin et a poussé les Européens à réaffirmer leur position dans une diplomatie qui évolue rapidement.
Depuis lors, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer ont pris l'initiative d'établir une coalition de volontaires pour préserver un éventuel cessez-le-feu.
Cette coalition devrait rassembler "plus de 30 pays", selon le bureau de Keir Starmer. "Il ne s'agit pas seulement d'envoyer des troupes, mais aussi de contribuer d'une autre manière", a déclaré lundi le porte-parole du Premier ministre britannique, sans nommer les pays concernés.
Une nouvelle proposition de 40 milliards d'euros d'aide à l'Ukraine
Kaja Kallas a par ailleurs présenté un plan visant à former une autre coalition de volontaires pour mobiliser jusqu'à 40 milliards d'euros d'aide militaire supplémentaire pour l'Ukraine à court terme.
Cette initiative impliquerait des contributions volontaires afin de contourner le veto de la Hongrie (et possiblement de la Slovaquie) et serait ouverte aux engagements de pays non membres de l'UE, tels que le Royaume-Uni et la Norvège.
S'adressant aux journalistes, la cheffe de la diplomatie européenne a déclaré que *son projet bénéficiait d'un "large soutien politique", tout en précisant que des travaux techniques supplémentaires étaient nécessaires avant qu'il puisse être finalisé*.
"Pour l'instant, la discussion porte sur les détails", affirme Kaja Kallas. "J'espère que nous pourrons aller de l'avant car tout le monde a compris, autour de la table, que nous devions montrer notre détermination dès maintenant et soutenir l'Ukraine pour qu'elle puisse se défendre".
L'initiative de Kaja Kallas devrait être débattue par les dirigeants de l'UE lors d'un sommet qui se tiendra jeudi.
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